[243] Touche-pad à mon burp

Ami lecteur, pour goûter tout le sel de mon titre, il faut aller lire l’article auquel il va être fait référence dans cette note.

Langue françaiseUn article de Silicon.fr qui raconte donc que la Commission Générale de Terminologie et de Néologie (un truc où j’aimerais bien traîner quand l’heure de la retraite aura sonné) a choisi, pour traduire l’immonde abréviation anglaise b*** (qui n’a pas droit de cité ici), le terme de « bloc-notes ». Évidemment je me mords les doigts de ne pas les avoir avertis à temps que la dénomination française en vigueur était « burp », mais je compte sur le buzz Internet pour faire son œuvre et nulle doute que d’ici quelques années « bloc-notes » et « b*** » seront définitivement à la poubelle du vocabulaire.

Le journaliste se demande, légèrement ironique, qui utilisera ce terme, hormis deux-trois académiciens suffisamment branchés (à ce sujet, te souvient-il, ami lecteur de plus de 30 ans, d’une certaine émission avec Yves Mourousi et François Mitterrand, où le terme de « câblé » avait été employé par le président dont les armées de communiquants à son service avaient dû s’escrimer à présenter l’image d’un président ancré dans la modernité de son époque — n’empêche que « branché » apparu juste quelques mois avant son prétendu raffinement « câblé » a duré et dure encore quand son rival a fait long feu — ? ← et là je mets un ? parce que ma parenthèse commençait par une interrogation) pour fréquenter Internet mais pas suffisamment traitres à la patrie pour outrepasser les recommandations de la CGTN.

Et il a raison (même si c’est facile).

On se moque souvent des machins proposés par la CGTN, parce qu’ils paraissent souvent ridicules, et cette impression de ridicule vient souvent du fait que l’usage du terme anglo-saxon est déjà bien ancré dans la pratique (les burps, ça fait quelques années déjà que ça existe à grande échelle en France). Et cela vient aussi que la commission renâcle à néologiser : par exemple « bloc-notes » on ne peut pas dire que ça transpire la modernité (je ne dis pas pour autant que ça fait ringard). Effectivement, sur mon burp, on trouve des notes en bloc. Certes. Mais non seulement bloc-notes ne dit pas qu’il y a publication, donc diffusion (accessoirement sur Internet mais le mot n’est pas obligé de le retranscrire, bien que l’anglais weblog le fasse), mais en outre il ne dit rien de l’aspect interactif du carnet où les commentaires permettent à chacun de réagir, de dialoguer.

Quand la CGTN se foule un peu, ça marche. Quelques mots ont du succès et la traduction du vocable anglais n’est pas un combat perdu d’avance (accessoirement, je signale au passage que le combat pour la francisation du vocabulaire n’est pas un combat ringard ; il y a des pays comme l’Espagne qui traduisent systématiquement tout et immédiatement (là bas, « popcorn » se dit « palomitas » [petites colombes], n’est-ce pas charmant ?) (bon je ne reviendrais pas sur les conditions socio-historiques qui ont conduit à cet état de fait, mais je trouve que c’est une attitude tout de même plus digne que celle qui consiste à laisser trop souvent le titre anglais des films qui sortent en France, voire, et ça me paraît être le comble du ridicule, traduire en anglais des films asiatiques comme pour « The taste of tea »)).

Je ne désespère pas de voir courriel s’imposer.
Après avoir été beaucoup moqué, baladeur a fini par prendre racine.
Emoticon n’est pas très répandu mais est une belle alternative aux smileys. [ERRATUM : ah ben merde, après vérification, la CGTN propose frimousse comme alternative à smiley et emoticon. Grmblbl]
En informatique, logiciel est rarement remplacé par software, mémoire vive a remplacé, pour le grand public, RAM, et octet(s) (et ses dérivés kilo-octets, méga-octets, giga-octets etc.) n’a pas longtemps souffert de la concurrence du terme anglais byte(s) — qui souffre, certes, d’une fâcheuse homonymie scripturale avec un mot français fréquemment employé. 

Je ne doute pas qu’hameçonnage remplace rapidement l’imbitable phishing.

 

Merci de votre attention, goodbye & take care. 


 

En savoir plus :

http://silicon.fr/fr/silicon/news/2007/01/04/ne-dites-plu…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_g%C3%A9n%C3%A9ral…
http://ensmp.net/cstic/
http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/publicati…

Image empruntée chez Le Hibou et retouchée par mes soins.

 

 

15 gazouillis sur “Touche-pad à mon burp”  

  1. #1
     
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    D.e.S. a gazouillé  :

    CUI darling, perso, je me moque comme d’une guigne des anglicismes à partir du moment où les personnes qui les utilisent sont capables de penser (si), de parler et d’écrire correctement en français (et là, on a tous du boulot!). C’est une façon comme une autre de commencer à s’approprier une langue étrangère, de ne pas se figer sur cette MAGNIFIQUE langue en danger d’extinction qu’est le français. J’adore les smileys, les émoticônes, dire BLOG parce-que ça me plaît et cette tendance à toujours tout vouloir franciser, comme si on allait être submergés par une vague ETRANGERE, me saoule!
    And now, what? Des centres de rétention pour les mots non français? Classés par racine? Latine, grecque, celtique, saxonne…et les autres? Accessoirement, je vais chez le TOUBIB, mais je l’appelle « Docteur », quand je lui parle! Tu partirais pas en SAFARI photo, toi? Bon, j’ai pas que ça à faire, non plus…
    On s’étonne après, que les gens votent pour ceux qui leur promettent de « rendre la France aux Français » (ou toute autre connerie dans le genre!)

  2. #2
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ D.e.S. > Je ne suis pas totalement d’accord avec tes propos ; je crois qu’il ne faut pas confondre une certaine porosité, naturelle, des langues entre elles (et je n’ai rien contre un safari ni un week-end avec toi darling, ni contre les graffitis, les scénarios, les patios, etc. et il me plaît que les Anglais parlent de déjà vu, etc.) et la paresse qui consiste à prendre systématiquement les termes anglais pour désigner de nouvelles choses ayant généralement trait à la technologie. Quand quelque chose, en plus, concerne quelque chose de nouveau qui n’existait pas avant, il y a des langues (y compris l’anglais) qui font des efforts pour la désigner, et d’autres qui ne les fonts pas, et il y a une sorte de mode en France qui consiste à trouver l’anglais branchouille pour la techno et les titres de films (que des fois les Français qui vont les voir ne comprennent même pas : par exemple « Beyond therapy » n’est pas évident).

    Maintenant, puisque tu fais un parallèle douteux entre défense de la langue française et xénophobie, je le poursuis, et je dois t’avouer que quand j’arrive dans un quartier et que je suis le seul blanc (entouré de Noirs, ou de Maghrébins, ou d’Asiatiques, etc.), je ne me sens pas hyper à l’aise. Ben voilà, pour les mots c’est un peu pareil, c’est une affaire de proportion.

  3. #3
     
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    D.e.S. a gazouillé  :

    mon parallèle te semble peut-être douteux, mais tu illustres bien mon propos, je trouve: pour être seul blanc entourés de noirs, maghrébins,asiatiques, etc… (note que tu écris blanc avec b minuscule et noir, maghrébin et asiatique avec une initiale en majuscule: un effet secondaire retors du politiquement correct?), il faut que tu sois dans un quartier qui ne mélange pas les « genres », si je puis dire!
    Tu t’insurges contre l’utilisation systématique de l’anglais dans tout ce qui touche aux technologies de pointe, moi, c’est contre la traduction systématique. Parfois (voire souvent)un mot utilisé dans une langue perd une partie de son sens lors d’une traduction. Et c’est le cas de ce crétin de « bloc-notes », qui existait déjà. Le « log » fait référence pour moi au « journal de bord » des bateaux (et pas seulement du capitaine de l’Enterprise… ) et est beaucoup plus chargé de sens que n’importe quelle traduction. Ou alors, faisons de la traduction littérale de base, comme les québéquois! Qui soit dit en passant, manient allègrement et sans pudeur, les traîtres, le mélange de l’anglais et du français (voir la série « Catherine »), et viennent après nous opposer « couriel » et autres mochetés. Les anglais ne se sont pas foulés, ils ont gardé le même terme que pour le courrier qui circule par voie postale: mail! (c’est pas un petit « e- » qui fait la différence!).
    Bon, ok, je suis fainéante, je prends les mots comme ils viennent.
    Peut-être aussi que si les technologies en question étaient élaborées dans un pays non anglophone… Mais, c’est un autre sujet, n’est-ce pas?

  4. #4
     
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    strip a gazouillé  :

    l’arrivée des mots anglais pour les nouvelles technologies ne me gêne pas plus que ça.
    ce que je trouve dommage c’est que l’on s’inspire de mots anglais pour créer de nouveaux mots : addiction = dépendance… alors que la langue française possède déjà ce qu’il faut… la pensée se construit aussi avec la richesse du langage, c’est peut-être bien de se fouler un peu avec les mots du dictionnaire…
    de toutes les façons, on torture suffisamment la langue française comme ça… il n’y a qu’à entendre ou lire les journaux pour être effrayé : on « dispositionne », telle route est « accidentogène »… on « technicise » notre langue ! on développe une pensée de « technicien »…
    perso, ça me fait un peu peur…

  5. #5
     
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    Krazy Kitty a gazouillé  :

    Haha, et le mél alors ? Il est passé où, le mél ?

    Le problème, c’est qu’en français, pour être branché (pardon : hype), il faut utiliser des mots anglais à tort et à travers.

    A l’inverse, en anglais (du moins aux Etats-Unis), pour être branché, il faut utiliser du français à tort et à travers. Quand je lis Cosmo aux US (oui Cosmo est ma référence en matière de hype-fashion-branchitude), c’est plein de mots français qui veulent à moitié dire ce pour quoi ils sont employés. Et que la plupart des gens (après un sondage express auprès de trois personnes de mon entourage) ne comprennent pas. Je ne parle pas de la prononciation.

    Bon, par contre, carnet web, je trouvais ça pas mal, moi. Mieux que bloc-notes en tout cas. Ils auraient pas un mot aussi mignon que butineur, pour weblog, les québécois ?

  6. #6
     
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    Comme une e-mage a gazouillé  :

    @ D.e.S. > Pour les majuscules politiquement correctes, je plaide coupable. Je ne sais pas ce qui doit être majusculé ou pas ; j’avais tout mis en minuscule, et puis je me suis dit que Asie & Maghreb, en tant que zones géographiques, méritaient majuscule ainsi que leurs habitants, noir a été contaminé pour bien faire (j’aurais dû, quoi, écrire : habitants de divers pays d’Afrique subsharienne ?), blanc a été lâchement oublié, j’aurais dû mettre euro-caucasien !

    Courriel n’est absolument pas du franglais, c’est l’abréviation de courrier-électronique et ça rappelle habilement logiciel. Je trouve que c’est un chouette mot, et il ne te paraît moche que parce qu’il est peu usité. On en reparle dans 5 ans.

    Bon, je propose journiel pour traduire weblog ;-)

    @ strip > Y aurait beaucoup à dire sur les travers et les tics du langage journalistique ! Mais je vais plutôt me remettre à parler de cul, hein.

    @ K² > Ah ah, oui, le mél, j’ai essayé de mettre ça sur ma signature pro, en bas des courriels, mais comme ça ne prenait absolument pas j’ai renoncé. Sur mon modèle de carte de visite, j’ai mis courriel mais ça a été normalisé en e-mail, snif.
    Quand au « butineur », je l’avais presque oublié celui là, mais ta remarque me fait noter que « navigateur » s’est imposé (à propos, j’aime beaucoup le mot « internaute ») et que l’usage de « browser » qui était souvent employé a fini par s’estomper.
    Rien n’est donc figé.

  7. #7
     
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    Roumi a gazouillé  :

    @C.U.I. : j’utilise « burp » uniquement pour te faire plaisir. « Burp », ça me fait penser à quelqu’un qui vomit… :)

  8. #8
     
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    D.e.S. a gazouillé  :

    m’en fous! j’aime pas courriel (ça prend 2 r, en plus, je ne savais pas, tu vois!).
    Pour ce qui est des majuscules et minuscules, je suis sûre que tu vas nous trouver ça dans l’un de tes dictionnaires. Moi, je mets la majuscule pour les habitants d’une ville, d’une région, d’un pays, d’un continent. Après, tout en minuscule, zou!

  9. #9
     
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    cassiopée a gazouillé  :

    Ah bon, burp, ça veut juste dire b**** (pardon ma langue allait fourcher). Moi aussi, comme roumi, ça me fait penser à dégueuli, et donc je pensais que c’était un b**** avec une connotation … un peu sexe sale, hihi. Pour journiel, je ne sais pas, je crois qu’au départ, weblog ça veut dire journaux plus au sens « carnet de route » et « journal de bord » du web. Si quelqu’un a des idées …..

  10. #10
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Roumi & Cassiopée >
    C’est exactement ça, un burp, un petit vomi, un petit rot. Je trouve que c’est ce qu’exprime (dans mon esprit) le mot anglais et finalement je trouve ça assez adapté à la majorité de ce qu’on produit sous cette appellation. Petit jus de cerveau. Si j’étais capable de littérature, je m’y mettrais.

    @ D.e.S. > ouais, 2 R parce que ça vient du français.
    C’est marrant, on écrit courrier avec 2 R et adresse avec un D et les anglais font tout le contraire.

  11. #11
     
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    Roumi a gazouillé  :

    @C.U.I. : « je trouve ça assez adapté à la majorité de ce qu’on produit sous cette appellation ». Parle pout toi, mon Grand. :)

  12. #12
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Roumi >
    Je parle pour moi puisque j’ai nommé mon burp ainsi.
    Mais je parle aussi de ce que je vois ailleurs.
    J’ai écrit « la majorité » et je pense « la majorité » (qui n’est pas « la totalité »).

  13. #13
     
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    Roumi a gazouillé  :

    @C.U.I. : qui aime bien châtie bien… et je suis moins bête que j’en ai l’air donc je saisis toutes les subtilités de ce que tu écris… sauf que je ne peux pas m’empêcher d’être ton petit poil à gratter. :)

  14. #14
     
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    Vagant a gazouillé  :

    L’emprunt de mots anglais ne me choque pas. L’anglais emprunte bien des expressions françaises: j’ai lu « We nearly got une catastrophe » dans un tabloid anglais mardi dernier. C’est de l’échangisme lexical plus que du vocabulaire adultérin. Et puis Blog a donné naissance à blogosphère qui est un bien joli metissage, non ?
    Le seul qui me gène, c’est « chat » parce que c’est un contre sens. J’aimerais proposer clavardage a la CGTN.

  15. #15
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Vagant >
    Oh, mais je n’ai rien contre l’utilisation de mots d’origine étrangère, que ce soit de l’anglais ou toute autre langue ; je ne souhaite pas une étanchéité ou une « immigration zéro » des vocables ! C’est juste le côté « systématique » que je fustige, et ce n’est pas parce que la technologie est souvent importée des US (et du Japon, soit dit en passant) que le vocabulaire qui va avec doit l’être aussi.

    Clavardage, c’est ce que ma mère utilise souvent en titre de ses courriels !
    Je ne crois pas que « chat » soit un contre-sens ; tu ne voulais pas dire plutôt « faux-ami » ?

    Pour être honnête, je trouve assez joli le mot « bl*gosphère », mais « burposphère » n’est pas mal.
    Le problème du vilain mot « bl*g » c’est qu’on ne sait pas comment orthographier ses dérivés :
    bl*ggeur ou bl*gueur ? bl*guer ou bl*gger ? etc.
    D’où l’intérêt d’une francisation.

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