[1219] Rock-en-Seine : retour vers le futur !

Oui, Rock-en-Seine débute dans trois jours, mais je vous en offre d’ores et déjà le compte rendu.

Comment puis-je effectuer ce tour de force ? Grâce à ma DeLorean ? Point du tout. C’est juste que j’exhume de mes brouillons mon compte rendu de l’édition 2013 que je n’aurais donc pas rédigé pour rien. Évidemment, si j’avais eu le temps de m’y consacrer un peu plus sérieusement en temps et en heure, j’aurais pris le temps d’illustrer, d’étayer, et il manque dans les lignes ci-dessous bien des souvenirs dont j’aurais sans doute souhaité les agrémenter, et aujourd’hui partis avec le vent.

Puisque je parle de vent, tiens, voyons donc un peu ce que le futur nous promet en termes de météo pour l’édition 2014.

météo Rock en Seine 2014

Frisquet, mais quasiment sec. Je ne sais pas s’il faut s’en désoler (c’est si bon de rôtir sur l’herbe) ou s’en réjouir (compte tenu de la teneur globale de cet été parisien tout pourri). J’espère quand même croiser quelques jolies paires de bottes.

Et maintenant, mettez votre casque et partez un an en arrière ! Accrochez-vous, Doc !

✩✩✩

RES Édition 2013 / Journée 1

C’est parti pour l’édition 2013.

Promenade de reconnaissance initiale puis, après avoir étudié le programme des concerts pour sélectionner mon emploi du temps du jour, pour la première fois, je participe à la « dictée Rock » organisée sur le stand de la ville de Saint-Cloud sur laquelle j’avais déjà lorgné les années précédentes sans la faire. Elle sonne la fin de mes illusions : après correction, je ne fais même pas partie du peloton de tête. Pendant la dictée, le gros son a déjà démarré avec le rap de Chance The Rapper sur la grande scène, mais sans façon pour moi, je plie mes gaules pour me diriger vers l’Industrie car c’est sur Big Black Delta que se porte ma préférence (théorique, sur la foi des quelques indications données par le programme car je ne les connais même pas de nom).
J’ai bien fait. Scène minimaliste avec un batteur accompagné du chanteur qui joue … de l’ordi ! À noter, un morceau entre reprise et remix de Sail away (le tube d’Enya). Est-ce un clin d’œil au thème de la mer choisi cette année par le festival ?

Je rejoins J*** et sa bande. Sur Alt-J (si si).
The découverte 2012 dont j’ai entendu tant de louanges, mais juste les louanges. Je ne sais comment, j’y ai échappé alors je compte bien profiter de cette session de rattrapage live.
Ma foi, ça se laisse bien écouter.

(voir notes Carnet)1

Je me sépare déjà de mes accompagnateurs d’un concert car nos chemins divergent. Moi, je vais prendre ma dose de Franz Ferdinand 5 ans après2. Ils ne font plus la tête d’affiche mais enchaînent toujours un bon son sur lequel je me trémousserais volontiers, ne serait-ce le coup de barre qui m’assaille. Envie d’une douche ! Et surtout de poser mes jambes. Je les écoute donc de loin (mais bien fort) allongé sur l’herbe en sirotant un thé à la menthe. Muy bien.
Belle prestation homogène des vétérans ! Excellente reprise très personnelle d’I feel love.
Leurs grands classiques intelligemment réarrangés. Ceux qui avaient été propulsés à grande vitesse sur le devant de la scène ont visiblement pris de la bouteille, à la façon des bons crus qui s’améliorent en vieillissant
Je n’ai pas pu très longtemps rester allongé, obligé que j’étais de bouger mon body !

Dîner poulet satay en écoutant de loin le dernier prodige rap de la côte ouest (mouais…).

Paul Kalkbrenner
Une bonne techno qui fait danser. « Pas fabuleux » comme dit J*** mais je groove quand même !
Sans atteindre l’excellence d’un Birdy Nan Nan.

Prix de la plus belle performance de la journée : Franz Ferdinand
Prix du plus grand coup de cœur nostalgique : Johnny Marr
Prix de la promesse tenue : Paul Kalkbrenner

 ✪✪✪

RES Édition 2013 / Journée 2

La pluie qui frappe le toit me réveille ce matin. Pas de miracle qui aura écarté la pluie annoncée, au moins pour le deuxième jour du festival. J’aurais bien dormi plus…
Je traîne ce matin… Il faut que j’aille faire les courses pour remplir le frigo vide au retour des vacances, lancer une machine, passer chez le coiffeur…
Je finis par enfourcher mon scooter pour partir vers Saint-Cloud, mon sac à dos allégé des t-shirts et autres bidules glanés sur le site vendredi, en prenant soin toutefois de recharger ma flasque de rhum arrangé (NB: j’ai soufflé dans l’alcootest hier soir avant de partir et il a annoncé 0 g. Voyez comme je suis raisonnable). Ma contrebande passe tranquille au contrôle de sécurité, le temps de m’attraper une spécialité italienne (pas dégueu) dans une camionnette à proximité de la scène de l’Industrie, je ne rate que le début (je peux même les entendre de loin) de FI/SHE/S dont j’ai lu le plus grand bien. Pas mal, mais trop d’aigus (je n’ai pas dit « trop de notes », hein !). Dernier morceau planant et très cool !

Hola A Todo El Mundo est un groupe d’Espagnols tous moustachus (euh non, pas la fille au synthé) semblant sortis des années 70 mais jouant une musique plus « actuelle » quoi qu’un peu fadasse. Ils chantent (et parlent au public) en anglais. Pffff… ¡ Hasta luego

In the valley below, sur la petite scène Pression Live me sert une musique qui sait bien mieux flatter mes esgourdes. Les quatre sont habillés comme une bande de quakers, une sorte de Petite Maison dans la Prairie gothique. La frêle chanteuse – aux airs gentiment givrés – agite dans sa petite main une chaîne (son tambourin à elle) qu’on penserait plutôt destinée à accrocher une Harley Davidson à un sens interdit ou Mademoizailes à une croix de Saint-André.
Sombre et réjouissant. Un peu trop de basses ! Bouchons d’oreilles obligatoires. M’a évoqué par instants les lointains Tribe (qui s’en souvient encore, de ceux-là ?) en moins speed.

Je traverse ensuite tout le parc pour arriver au concert d’Eugène McGuinness (le rock qui fait aimer le rock ?).
— Let’s speed it up, shall we? lance-t-il à la foule. Very british.
J’en suis à regretter de ne pas avoir pris mes lunettes de soleil pour faire face aux quelques percées, pas si timides, que fait le soleil au travers d’une dense couverture nuageuse.
Avant dernière chanson (Sugarplum, à en croire la setlist) très chouette.

Vu le nombre de tee-shirts NIN croisés sur le site du festival, je ne suis pas le seul à les attendre comme le messie pour leur grand-messe de 21 heures…
En attendant, je flâne entre les différents stands avant de rejoindre…

Tous les hommes ont cette nostalgie de ce temps énorme où la vie avait encore l’élasticité du possible.
Patrick Lapeyre – La vie est brève et le désir sans fin (2010)3)

Je prends le risque de rater le début de La Femme pour profiter d’un massage hawaïen4 (sur le stand, par miracle, quasiment pas d’attente à ce moment). Hummmm ! Terrrrriblement agréable !
J’en ressors le torse et le dos tout huilé et très attiré par les nappes de synthé de La Femme qui se produit sur la scène de la Cascade et que j’entendais lointainement depuis la tente où l’autre femme (la masseuse) prenait soin de moi. Je les rejoins dare-dare et profite pleinement de ce chouette concert (ma top découverte de la journée pour l’heure). Une sorte de Niagara au gout du jour punk-rock avec des résurgences new wave à la Taxi Girl5

Le DJ Kid Noize, avec son masque de singeExcellente surprise également au son des beats du DJ Kid Noize qui a progressivement conquis le public de l’Industrie.
Le set fini, après un rab avec une guest star que je n’ai évidemment pas reconnue, il y a un « creux » de programmation dont j’ai jugé pertinent de tirer profit pour dîner. Je fais la queue au rituel stand thaï tandis que j’écoute Patrice de loin, trop reggae pour me séduire. Du coup, je préfère stratégiquement m’approcher de la grande scène pour ZE concert du jour, Nine Inch Nails que je n’ai encore jamais vu en live. Une foule nombreuse se presse déjà mais ce n’est que le début car la densité va rapidement s’accroître.

(Ici, mes notes sont très elliptiques car je me démenais dans une foule compacte sans trop me préoccuper d’en prendre, et comprenez qu’un an plus tard, il est plus délicat d’élaborer.)
Find my way : des airs de Depeche Mode.
Ca pogote sec !
Et je sens que ça va reprendre !!! J’ai plus l’âge. C’est que c’est crevant.
Ma suggestion pour un nouveau slogan pour Rock-en-Seine : métro – pogo – dodo.

J’ai les jambes coupées et je n’ai plus d’énergie pour danser sur la techno claire de Vitalic. Je me prends donc un bon jus de vrais fruits pour me redonner la pêche, que je coupe largement de mon (excellent) rhum arrangé (passion – gingembre – miel – piment oiseau, deux ans d’âge, une tuerie) sinon ça serait trop sain. Non mais vous avez déjà vu un rocker mourir à 90 ans d’une overdose de bêta-carotène ? Je ne serai pas celui-là !
Je réussis à trouver un peu d’énergie pour me lever et aller me trémousser sur les derniers minutes du set de Vitalic (l’honneur est sauf).
Ensuite, sans courir, je vais voir si Phoenix fait renaitre quelque chose en moi mais hélas, c’est juste de l’ennui alors demi-tour paisible pour aller rejoindre Fauve.
Les paroles de post ado écorché me gavent (et chaque morceau un peu plus) mais ça reste toujours plus supportable que les zozos de la grande scène qui semblent avoir un effet bœuf sur tout ce que la pelouse de Saint-Cloud compte en midinettes (et le 9-2 en est un filon assez juteux).

Prix de la plus chouette découverte live : La Femme
Prix du ah-putain-c-était-bon-mais-le-pogo-c-est-plus-de-mon-âge : Nine Inch Nail
Prix du singe à qui on n’apprend pas à faire de grimace : Kid Noize

 ✬✬✬

RES Édition 2013 / Journée 3

Que serait un festival sans un bon paquet de boue ? C’est ce que promet le site aujourd’hui après une pluie incessante démarrée la veille au soir et qui ne s’estompe à peine qu’au moment où j’arrive au domaine de Saint-Cloud, vers 16h, après avoir raté les deux premières scènes que j’avais sélectionnées sur le programme.
St. Lô et Poliça, désolé ! Je vous découvrirai un autre jour.

La première sollicitation de mes oreilles se fera donc sur la scène de l’Industrie avec Wall Of Death qui, comme leur (pas très original) nom ne l’indique pas, sont 3 frenchies. Premier morceau très réussi, la suite plutôt bonne avec des petits hauts et bas et une présence scénique réglée sur minimum.
Une bonne entrée en matière.
Toujours un peu de bruine. Je vais écouter Ms Mr en passant par la case gaufre de Liège.
Effectivement, quelques réminiscences de Florence and the Machine (en moins bien). Le public apprécie en tout cas. Moi : couci-couça. Je m’échapperai juste avant la fin pour être sûr de ne pas rater le début d’EELS à l’autre bout du parc. La pluie s’est enfin décidée à s’arrêter.
Superbe arrivée du groupe, tous habillés du même improbable survêtement bleu-marine à raies blanches. Beau show des barbus.
Je rejoins ensuite le Cascade où s’annonce un show remuant : Skip The Use. Les frenchies de Lille font honneur à leur réputation avec un set bien remuant même si, là où je suis placé (environ au milieu de la foule dense de la pelouse), ça ne pogote qu’à reculons, le petit doigt levé. Je perds quelques litres d’eau et en ressors épuisé mais ravi. Vers 20 heures, la programmation a le bon gout d’être en demi-teinte, je fais donc l’impasse sur Lianne La Havas et The Bloody Bootroots pour aller me restaurer avant d’aller découvrir les Écossais de CHVRCHES dont la filiation annoncée avec Depeche Mode (ils ont fait quelques-unes de leurs premières parties) n’est pas pour me déplaire.
Sur scène, ça ne m’excite pas autant que sur le papier même si la chanteuse qui a deux chats a une jolie voix et l’air mignon.
Je fais demi-tour pour aller gouter Major Lazer tandis qu’une bruine froide tombe du ciel.
Je ne sais pas si c’est un choix judicieux. Devant un public pourtant conquis, Major Lazer envoie du gros son poussif sans âme. Flottement tandis que ça converge lentement mais sûrement vers la Grande Scène où System of a Down, très attendu, va clôturer le festival. Sauf si mes oreilles sont conquises, je compte skipper le système au bout d’une demi-heure pour voir ce que devient ce bon vieux Tricky.

Sur le chemin de la grande scène, je me laisse happer par le stand Bonobo (des vendeurs de jeans qui se donnent un genre écolo développement durable) qui organisent un Blind Test musical. En dépit de mes efforts, je n’arrive pas à chopper une des nombreuses chemises offertes, ni pour moi, ni pour mes filles. Déception ! Direction System of a Down et vite demi-tour devant l’absence d’effet que fait leur zik bruyantes sur mes jambes et/ou mon cerveau.
Ce sera donc Tricky.

Mes premières notes, en vrac :

  • Tricky expulse les 2 cameramen
  • On l’entend à peine chanter
  • Il fait n’importe quoi avec les micros et parait complètement bourré ou stone (ou les deux).
  • Pourtant, mélodies toujours hyper efficaces. Quel gâchis !
  • Tricky gigote comme un pantin animé par un manipulateur spasmophile (et maladroit) et la choriste fait des efforts désespérés pour donner le change au public, bien qu’on imaginait au début du concert chaque musicos prêt à déposer son instrument et dire « puisque c’est comme ça je me casse ».

Moi, je profite comme je peux de ce concert fantôme, de belles musiques tour à tour planantes ou remuantes et la voix de Tricky quasiment coupée.
Pourtant, progressivement, ce concert foutraque finit par séduire, comme par une lente réaction chimique ; la foule vibre sur le dernier morceau qui semble ne jamais pouvoir s’arrêter tandis que la foule des festivaliers défile en contrebas pour rentrer chez soi après le concert de SOD qui n’aura pas eu de rappel. Tricky – comme son nom l’indique – et sa fine équipe feront durer le plaisir et finiront avec une demi-heure de retard ce qui aura été finalement un vrai moment rock’n’roll (eh ! c’est quand même largement mieux qu’un no-show d’Oasis ou d’Amy Winehouse, non ?).

Prix du meilleur bouge-ton-boule : Skip The Use
Prix des vieux de la vieille à qui faut pas la raconter : EELS
Prix du gars qui même complètement défoncé n’oublie pas ce que c’est que l’esprit Rock : Tricky

 


  1. Je complèterai peut-être un jour cette chronique si je remets la main sur le carnet en question…
  2. Où je m’aperçois, en cherchant à publier un lien, que je n’ai jamais publié de compte rendu de l’édition 2008.
  3. Vous pouvez vous demander à juste titre ce que cette citation fait ici ; c’est simplement une phrase qui m’a frappé dans le livre – conseillé par la Sardine de Belsunce – que je lisais à mes moments perdus sur la pelouse de Saint-Cloud. Elle est belle, non ? (La citation, pas la pelouse.
  4. Étrangement, on se fait masser le dos en étant installé sur … le dos !
  5. J’ai depuis acheté leur EP éponyme et j’en suis très content.

5 gazouillis sur “Rock-en-Seine : retour vers le futur !”  

  1. #1
     
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    Douce Framboise a gazouillé  :

    Tu me fais délirer avec tes comptes-rendus !
    J’adore ton humour, et je te trouve très touchant.
    Enjoy the next !

  2. #2
     
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    Mementom a gazouillé  :

    Ah la la, si ce n’est l’incontournable NIN, je crois que j’ai vu l’autre moitié des concerts à laquelle tu ne t’es pas rendu l’année dernière…

    Il y a une belle affiche cette année aussi, peut être se croisera-t’on à Gary Clark Jr au jeu si bluesy rock, à la scène des très très prometteurs Royal Blood salués par Jimmy Page himself ou bien Dimanche aux emblématiques et orgasmiques Queens Of The Stone Age ;)

    Que sera sera…

  3. #3
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Douce Framboise » Eh bien, le touchant est touché :)

    @ Mementom » Effectivement, il semblerait que nous ne soyons pas tout à fait compatibles musicalement parlant, mais c’est bien la réussite de ce festival d’arriver à ratisser (relativement) large !

  4. #4
     
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    La Sauterelle a gazouillé  :

    C’est bon ça, aussi.
    Arf, trop de groupes que je ne connais que trop peu.. Sauf Franz Ferdinand, en long en large et en travers.
    (cette année j’aurais bien aimé revoir Puggy)

  5. #5
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ La Sauterelle » Je ne connais pas Puggy, et je ne crois pas qu’ils aient été à Rock-en-Seine cette année.

    (Oui, c’est bon, ça aussi ;-) )

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