V’là l’bon vent, v’là l’joli vent
V’là l’bon vent, ma mie m’appelle,
V’là l’bon vent, v’là l’joli vent
V’là l’bon vent, ma mie m’attend.
À défaut de Mie, j’ai rendez-vous pour cette troisième et dernière journée avec Cora. Cora n’est pas vraiment une amante, même si nous avons « consommé » une fois – c’était il y a si longtemps. Disons que c’est un flirt, du genre flirt adolescent, d’une époque où l’on se fait encore une montagne de nos envies sexuelles et qu’y céder représente un terrible obstacle à franchir. Même si ça ne me déplairait pas, je n’imagine pas Cora m’attraper par la main pendant un concert, la nuit enfin tombée, pour m’emmener dans un recoin isolé, déboutonner mon short pour happer mon sexe qui n’attendait que ça. Mais Cora fait une accompagnatrice plus excitante que ma bande de potes buveurs de bières ou un twittos, fut-il influent.
Pour cette dernière journée, j’ai décidé d’être audacieux et d’apporter ma traditionnelle flasque de rhum. Pour la remplir, j’achève un bocal de rhum arrangé à la poire, deux ans d’âge au bas mot, lequel n’est pas suffisant pour remplir la flasque alors je complète avec un rhum ananas un peu plus jeune (et moins savoureux, je le concède). Je remets ma ceinture lombaire tout en gobant mon myo-relaxant et je pars à l’assaut du domaine national de Saint-Cloud. À l’entrée, le dispositif de sécurité s’est visiblement renforcé avec des forces de l’ordre un peu plus partout que les deux jours précédents. La brigade cynophile reste indifférente à mes vapeurs d’alcool et ma flasque de contrebande franchit le contrôle sans plus de difficulté que les années précédentes. Ce sont mes potes qui vont être contents ! (Ça fait deux jours qu’ils me tannent pour siroter mon nectar.)
Comme les deux autres jours, le premier concert auquel j’assiste est sur la scène de l’industrie : j’écoute Maestro et mon verdict succinct est : c’est OK. Pour accompagner la nourriture spirituelle constituée de ces sublimes grappes de notes s’enchevêtrant avec ces crèmes de vocalises et ces suprêmes de coups de cymbales, je choisis du poulet fermier BBQ de chez Meet the Beast. Mon verdict est succinct : c’est KO. Pas assez cuit (ce qui est une nécessité pour le bœuf est un péché pour le poulet). Dommage, malgré le verre de vin pour l’accompagner (qui est un Bourgueil plus qu’honnête : « Premiers pas » du Domaine des deux ânes, qui m’avait ravi au salon des vignerons indépendant il y a quelques années – bonne surprise de trouver du bon vin à Rock-en-Seine, donc).
Pour ne pas rester sur une mauvaise impression gastronomique, je m’offre comme dessert un « pain retrouvé » de chez Fifi la Praline. Monsieur Fifi la Praline est fort sympathique et nous discutons un petit moment tandis qu’il prépare l’appareil de son pain perdu. « Un peu de sucre » dit-il en balançant en vrac le contenu entier du sac. Comme il est habillé dans une tenue croquignolette, une festivalière qui passait demande si elle peut le prendre en photo. « Oui, contre un bisou ! » Fifi ne perd pas le Nord.
Je donne rendez-vous à Cora (qui fera quelques détours – c’est la première fois qu’elle vient sur le site de ce festivale) au stand de Fifi tandis qu’il fait couler sur ma brioche toastée une bonne louchée de praliné aux noix de Pécan. Nous convenons ensemble d’aller écouter Kevin Morby sans être chavirés, je croise deux potes, leur présente Cora (« une copine…») vite fait, annonce que j’ai du rhum, mais les quitte aussitôt pour aller au Bar Métal trouver de la bonne bière. Je ne les recroiserai plus du reste de la journée. Après le petit Kevin, direction la grande scène pour écouter, allongés sur le gazon, Editors tout en nous roulant des pelles comme font les ados. Ce sera le premier concert vraiment plaisant de la journée (et pas grâce à la soupe de langues, bande de crétins jaloux !). Puis nous allons écouter Grégory Porter (assez pratique, pour la suite du festival, mes envies colleront à celles de Cora, ce qui fit que nous ne nous lâchâmes plus !) à qui échoyait cette année le rôle de jazzman à l’affiche du festival. Pour moi qui suis assez peu spécialiste de ce genre musical, j’avoue ne pas avoir vraiment pris mon pied (je préfère Éric Truffaz par exemple).
La grande scène propose du gros rock bien heavy avec Sum 41 mais Cora et moi nous accordons pour l’électro-pop plus suave de Miike Snow et nous ne regrettons pas ce choix. L’important, aussi, est d’être prêts pour ne pas louper une miette du concert qui se donne juste après sur la scène voisine : Ghinzu ! « Je veux me la jouer groupie ! » indiqué-je à Cora, ce qui signifie : « je veux me mettre assez près de la scène » (assez loin derrière les vrais groupies en fait). Là, évidemment, je me suis régalé, surtout que Ghinzu a joué Mine qui est sans doute mon préféré de leurs titres (pour être honnête, cette version live ne m’a pas fait autant délirer que la version studio, la faute probablement au public relativement inerte). J’avoue avoir été gâté cette année car à chaque fois que j’invoquais les dieux pour qu’un morceau soit joué, je fus exaucé (c’est arrivé deux fois la veille avec Massive Attack et Eurochild doublé d’Unfinished Sympathy). Globalement, je me suis régalé et Cora a été convaincue. Nous avons donc profité du concert jusqu’à la dernière goutte, ce qui comportait un risque majeur : rater le début du concert d’Iggy Pop. Or – horreur ! malheur ! –, ce salaud d’Iggy nous balance ZE titre I wanna be your dog au tout début de son concert. Cora et moi courrons donc comme des dératés jusqu’à la grande scène pour voir ça de plus près.
Passé ce moment de kif un peu hystérique, je me pose la question : qu’est-ce que ça me fait de voir Iggy Pop faire de l’Iggy Pop (c’est à dire : torse nu, cheveux sales, etc.). Ben pas grand chose en fait. Je ne peux m’empêcher de le trouver un peu ridicule dans sa gestuelle. Et puis surtout, je trouve qu’il ne chante pas. Le groupe, derrière, fait le job. Iggy Pop fait le job. Mais sans que ça ne dépasse l’émotion d’entendre en live une chanson entendue tant de fois auparavant dans sa version studio. Vers les 2/3 du concert, nous faisons demi-tour pour aller goûter aux dernières notes de CHVRCHΞS et Cora profite de ce moment pour dîner (moi je n’ai pas très faim et je carbure au rhum). Il ne faut pas trop traîner car la suite s’enchaîne avec Cassius à la cascade. Tout le monde danse avec entrain et moi j’oublie toute douleur lombaire pendant le Toop Toop qui m’exauce une fois de plus (j’aurai vraiment eu tous mes morceaux fétiches cette année) même si j’aurais voulu que ça dure encore plus longtemps ! Toop Toop !).
Une gorgée de rhum et une main aux fesses plus tard, direction Soulwax, vu que Foals ça ne nous branche pas, et que (de façon un peu autoritaire peut-être) j’ai décidé qu’il fallait aller voir Peaches1.
Un dernier au revoir au public, les lumières s’éteignent sur la scène et, lentement, le public se vide, entre ceux qui vont traîner dans une chaise longue, boire un dernier verre ou manger une dernière gaufres et ceux qui, comme Cora et moi, prennent la direction de la sortie pour rejoindre nos scooters respectifs, sans même une petite pipe derrière un buisson.
Allez, le traditionnel cliché de fin de festival et rendez-vous l’année prochaine !
Mon toop toop 3 du jour :
- Toop Toop !
- Toop Toop !
- Toop Toop !
Ah ben non, toujours pas de raie dans cet épisode. Déçus ?
- Pour rappel, j’ai un petit souvenir de concert pêchu !↩