Esprit de Noël, es-tu là ?
La vague du politiquement correct (Libé en fait sa une ce lundi matin) fait que l’on tente de plus en plus de gommer l’origine religieuse de la fête de Noël. À la maison, tout athées que nous soyons, ma femme et moi, nous avons mis en place une crèche, où le petit Jésus n’a été installé que minuit arrivé.
Pour autant, je ne sens aucun souffle religieux se poser sur nous.
J’ai noté qu’au bureau, les collègues se saluaient par un « Joyeuses fêtes » tandis qu’ils partaient les uns après les autres sur la route des agapes de fin d’année. Certes, certains prenaient une semaine de congés et ne reviendraient que passé le premier de l’An, mais ce n’est qu’une minorité. Aucun ne prononçait le mot « Noël ».
J’ai noté aussi, sur le net, l’apparition de dérivés genre Nowell ou Nouelle, comme si Noël était devenu un mot interdit ou alors susceptible de faire arriver sur notre site les visiteurs les moins désirables (merci Google) — ces métèques de Rois Mages, peut-être ? Peut-être que je ne m’en rends compte que depuis que je suis en banlieue et que ce phénomène avait déjà démarré il y a un an ou deux ? C’est possible, l’an dernier, je ne fréquentais pas encore les burps.
Ambiance
Ambiance tendue à la maison le 24 au matin. Je me fais reprocher (à juste titre, soit dit en passant) par ma femme de ne pas lui avoir trouvé son cadeau de Noël. De ne pas avoir pris le temps de le lui trouver. Pourtant, j’avais pris une journée de RTT dans ce but ; enfin, dans le but de faire les courses de Noël, mais il faut dire qu’en compagnie de L***, j’avais surtout envie de profiter égoïstement de mon cadeau et une fois la corvée des cadeaux obligatoires effectuée, je n’avais plus le courage de me traîner à la fnac ou ailleurs pour trouver quelque chose d’inspirant.
Je vais faire quelques courses en centre ville pour quelques ingrédients manquants (en l’occurrence, j’avais besoin de Cointreau ; la veille, en préparant mon sorbet, je m’aperçus en effet avec stupeur qu’il ne restait que quelques gouttes de Cointreau. Qu’à cela ne tienne ! le Grand-Marnier conviendra parfaitement. Las, la bouteille était dans le même état d’évaporation). J’entre dans une parfumerie en espérant trouver l’inspiration. Elle vint, laborieuse, mais elle vint. À mon retour, j’ai le droit à une remarque sur le fait que mes courses ont duré longtemps. Je réponds sèchement. Puis une autre sur des trucs à ranger. Je réponds sèchement à nouveau. Ma femme m’horripile avec sa manie de toujours tout ranger, son goût pour l’ordre, son envie d’apparaître comme une parfaite femme d’intérieur.
Il est possible que je sois de mauvaise foi. Il est possible que ses remarques étaient anodines, normales, celles d’une personne qui s’intéresse à moi et à préparer une soirée avec le souci raisonnable de bien recevoir ses hôtes. Il est possible que je ne fasse actuellement aucun effort envers elle pour être aimable. Toujours est-il que j’ai été agacé par ses remarques et que j’y ai répondu comme je l’ai fait, cordialement, mais sèchement.
En tout cas, alors que jusqu’à présent j’avais été étonné par le calme avec lequel ma femme avait encaissé nos premières conversations où notre séparation avait été envisagée, là, ça pète. Tandis que les enfants sont au cinéma avec leur grand-père, j’ai le droit aux cris et aux pleurs, que je ne m’entends pas lui parler, que je la traite comme une chienne, etc. Je ne dis rien, j’encaisse. Je pars en bas préparer deux-trois trucs. Ma mère : — Je sens comme une tension entre M*** et toi ! Moi (me demandant si elle est sourde ou si elle fait semblant de ne pas avoir entendu qu’on s’engueulait une minute plus tôt à l’étage) : — Je n’ai pas envie d’en parler. Je reviens et je me justifie. Je réfléchis à mes torts (ils sont toujours partagés, dans ces situations, personne n’est tout blanc ni tout noir ; j’essaye de voir si je suis gris clair ou gris foncé). Je repars. Je reviens en réclamant la trêve de Noël qu’elle m’avait elle-même demandée : pas question de flinguer la fête de Noël avec nos soucis de couple. Je repars m’affairer en cuisine. Le temps passe un peu et M*** remonte en surface. L’agressivité devient plus gaie. Les mots ont été dits et les corps simulent le combat. J’ai toujours pratiqué la réconciliation sur l’oreiller. Il ne s’agit pas de nier les problèmes en baisant comme si de rien n’était. Il s’agit d’apaiser les tensions. Je l’embrasse comme un lion affamé. Je frotte mon sexe contre son pubis. Je baisse son pantalon et sa culotte sans avoir ôté ses chaussures. Je glisse ma tête entre ses jambes prisonnières et je la lèche, même si ce n’est pas trop son truc (ça permet au moins de lubrifier). Puis, assez vite, je me faufile et remonte entre ses cuisses pour la pénétrer. Elle jouira assez vite. Je jouirai un peu après. C’était un chouette quicky. C’était nettement mieux que l’orgasme médiocre du 22/12, sans envie.
Cela permet en tout cas de passer une fin de journée détendue. Merry christmas…
Le menu
Au menu de notre réveillon, amuse-gueules simplissimes ; pas eu envie de passer des heures à préparer des petits machins sophistiqués (au grand dam de ma mère, de plus en plus snob à mesure que les années passent). Des crackers qui réjouissent les enfants. De petits boudins blancs et créoles, un peu fadasse, que je sers avec un excellent pineau en attendant les retardataires.
Ils arrivent.
Champagne.
Nous passons assez vite à l’entrée (les retardataires étaient assez en retard !). Du foie gras apporté par ma tante. Pour les enfants, des blinis au saumon ou au tarama. Le foie gras est un peu petit pour 9 adultes. Tant pis, on ne s’éclatera pas la panse sur ce coup-là. J’adore le foie gras. Je crains que le politiquement correct nous fasse un jour renoncer au gavage des oies et des canards ; mais en attendant cette funeste échéance, je me gave. J’avais prévu un Gewürtztraminer et/ou un coteau du Layon pour accompagner, mais ce sera finalement avec le reste du champagne que nous accompagneront nos maigres bouchées.
Délicieux pain aux épices (de chez Monoprix) en accompagnement.
La suite : rôti de Biche sauce Grand Veneur (j’ai mis ça à mariner la veille) légèrement modifiée (j’ai mis de l’anis et quelques autres épices piquées à une autre recette ; j’aime bien faire des mélanges). Servi avec des pommes de terre sautées à la graisse d’oie, des champignons poêlés eux aussi (hmmm) et une purée de céleri. Le tout, très savoureux. Un vin rouge de Bourgogne hélas pas du tout à la hauteur. Sans saveur, ne sentant que l’alcool.
Petit sorbet.
Depuis que je prépare un sorbet alcoolisé pour ces repas, je me reçois à chaque fois une quantité de compliments inversement proportionnel à la difficulté de réalisation de ce truc : un peu de sirop de sucre, du jus d’orange, quelques zestes, de l’alcool (du Cointreau ou du Grand-Marnier, pour ceux qui n’auraient pas suivi). On prépare ça en 15 minutes la veille. On homogénéise le mélange deux ou trois fois en 24 heures (bon, j’ai une sorbetière désormais, alors c’est plus facile, mais sûrement pas indispensable).
Et puis, je ne fais pas ça pour les louanges. Je fais ça pour le plaisir de cette douceur en cours de repas.
Plateau de fromage (rien à redire, hormis que je suis un rustre qui n’apprécie pas le fromage) & salade croquante (quelques grains de grenade, tranchettes de radis, copeaux de chou rouge).
Baba au rhum, buche aux framboises pour les enfants, fruits déguisés, salade d’orange, et champagne pour terminer.
Note finale : 13/20 (plusieurs déceptions, mais oubliées grâce à toi, ma bibiche1).
Des cadeaux par milliers
J’ai eu une jolie chemise et une jolie lampe et un livre.
Demain
L*** !
Dernière minute
Nous apprenons à l’instant la mort de James Brown.
Avec une sex machine de moins parmi nous. C’est un peu moins a men men’s world du coup.
- Je précise au passage que ça n’a fait ni chaud ni froid à nos enfants de manger la mère de Bambi.↩