[1508] Ghosting de Noël
Passé les chapons, les salades, les bûches et les flambées, les verres de Saint-Émilion et les jeux de société, les cadeaux déballés et emballant, je vais me coucher et je plonge dans un sommeil lourd de sous-entendus et de calories.
Et là, je rêve qu’une femme m’envoie une vidéo porno d’elle, que je la reçois et que je ne la regarde même pas. Et même pas je lui réponds un merci ou quoi. J’oublie et quelques jours plus tard (oui mon rêve traverse le temps, y a quoi ?), je me souviens de cette vidéo et la pensée me traverse que je ne devrais pas la ghoster.
En vrai, jamais je ne ghoste quiconque.
Oui, parfois je traîne, mais je réponds toujours.
T’as qu’à m’envoyer une vidéo porno de toi, tu verras.
[1507] Casque t’écoutes ?
Puisque Libé s’obstine à ne pas me solliciter pour sa rubrique hebdomadaire « Casque t’écoutes » (notez le subtil jeu de mots – mais bon, que serait Libé sans calembour ?), je décide, en mode on n’est jamais si bien servi que par soi-même, de m’auto-interviewer.
Alors, CUI, casque t’écoutes ?
Le burpeur érotico-culturel, qui a connu sa gloire au mitan des années 2010, DJ maladroit mais enthousiaste, festivalier mono-maniaque, dévoile ses goûts musicaux à ses lecteurs inattentifs.
Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent avec votre propre argent ?
Si ma mémoire ne me joue pas de tour, il s’agit du 45 T de France Gall, Bébé comme la vie, au Monoprix de ma ville de banlieue. J’aurais aimé un souvenir plus prestigieux, mais j’ai mis un temps fou à forger des goûts musicaux qui s’éloignent du Hit parade d’Europe 1. C’était le temps de mes premières boums, j’étais déjà très romantique !
Je ne me souviens même plus de la face B, tiens.
Votre moyen préféré pour écouter de la musique, MP3, autoradio, platine CD, vinyle ?
(suite…)[1506] Mal au trou
Dis donc, chérie, tu y es allée un peu fort, ou bien tu as mis de l’huile essentielle de cannelle ?
En tout cas, depuis notre petite fiesta d’hier soir, j’ai un peu mal au cul.
Illustration (non contractuelle) : Visiolux
[1505] Certificat de queeritude
Dès l’adolescence (et peut-être même un peu avant), je portais en moi cette ambivalence : le bon élève, propre sur lui, mais qui rêve d’intégrer le groupe des bad boys and girls, de ceux qui se prennent des torgnoles en maths mais qui fument dans leur soirée (pas que du tabac) en écoutant de la musique branchée, de ceux qui font des conneries quand les adultes ont le dos tourné.
Des conneries, j’en ai fait. J’ai escaladé à main nue les murs de ma résidence, premier, deuxième, troisième étage et le vide en dessous, j’ai piqué de l’argent aux parents de voisins et des trucs idiots au Monoprix du coin, j’ai pris le bus tout seul pour aller explorer Paris, d’autres trucs encore. Mais c’était facile à faire puisque je le faisais seul. Alors que pour rejoindre une bande, il faut que la bande t’accepte, toi, avec ton allure de premier de classe qui ne colle pas avec la nôtre.
Je suis un mâle blanc cis quinqua CSP+, en couple hétéro depuis trente ans, avec ses enfants, son pavillon de banlieue, je n’ai ni tatouage, ni piercing, je laisse mes cheveux se teindre progressivement en gris, je porte des jeans et, de dos, on me reconnaît : je suis monsieur-tout-le-monde.
Je dois attendre la nuit, la clandestinité, pour offrir, l’espace de quelques toujours trop courtes heures, à cette autre facette la possibilité d’émettre son faible éclat.
Je viens ici quémander, ô peuple queer, mon inclusion dans ton groupe bigarré. Oublie la photo que je viens d’esquisser, regarde plutôt…
Déjà, je ne suis pas le mâl·e absolu, tu as vu, j’ai dit cis et pas l’infamant cishet qui te classe direct dans la catégorie des sur-privilégiés qu’on entend trop. Je suis bi.
Ptête même pan, tiens, mais je n’ai pas encore eu l’occasion d’éprouver dans le concret mes attirances vers des trans (il y avait quand même cette jolie brune en transition que j’aurais bien coincée mais qui n’était pas intéressée par les garçons).
Mais franchement (je ne devrais pas dire ça ici, alors que je mendie ta reconnaissance), être bi ne m’a jamais exposé à la moindre oppression, car je ne nommerai pas oppression le fait que quelques nanas mal câblées m’envoient balader parce qu’elles trouvent dégueulasses que des mecs puissent sucer des queues en plus de baiser des chattes.
Bon, quoi d’autre ?
Euh…
Je porte des combinaisons résille, j’aime bien mettre du mascara, je vote à gauche, j’adore me faire cheviller (mais ça reste une pratique hétéro, vu de mon point de cul), j’ai une chemise à fleur et un kilt en cuir, j’écoute des podcasts féministes.
(J’espère que ça va suffire.)
Notre illustration : CUI (CUI) est énervé et ne sait parler qu’avec sa bite.
[1504] Au débotté
Évidemment, au cœur de l’été, quasiment la veille pour le lendemain, alors que tous·tes les parisien·nes viennent de quitter Paris qui n’est plus ville olympique (jusqu’aux jeux para, of course), c’est assez audacieux d’organiser cette fête, mais je n’avais aucune ouverture cet été pour organiser ma fête annuelle (?) avant que celle-ci ne s’ouvre subrepticement hier.
Donc voilà.
Faites-moi vite signe si vous voulez venir, sinon, ça ressemble à la blague :
— Tu viens chez moi samedi, j’organise une partouze !
— Cool ! On sera combien ?
— Ben avec toi et ta femme, on sera trois !