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Méfions-nous de Word©

medium_fellisorthographe.jpgAmi lecteur,

Ton orthographe est déplorable.

Ton orthographe est déplorable, mais tu es conscient qu’un texte truffé de fautes, ça la fout mal, que ce soit pour séduire ta belle (tout le monde n’est pas comme Christian avec un Cyrano sous la main), ou faire un rapport important à ton patron (lecteur ami & néanmoins fonctionnaire, je te prie de m’excuser pour mes clichés, et tu peux remplacer le mot « patron » par « président » ou « ministre »).

Donc, tu te dis – et je ne te donne pas tout à fait tort – que tu vas utiliser le vérificateur d’orthographe intégré de Word pour éviter les coquilles.

Et là, je dis « méfiance » et t’offre quelques suggestions pour éviter d’affreuses chausse-trapes, qui pourrait t’apporter le mépris de tes pairs (et le mien en particulier).

Les problèmes viennent généralement d’homonymes ayant une orthographe proche, mais des sens voire des fonctions grammaticales totalement différentes (NB : c’est le cas de la plupart des homonymes d’ailleurs). Word étant très basique ni verrat queue du feux.

À tout saigneur toute horreur

Commençons par le pire de tous, commençons par çà.

Je pourrais dire pour simplifier que çà n’existe pas. Quitte à ne mémoriser qu’une orthographe, ami lecteur paresseux, ne retient que ça, sans accent, et on n’en parle plus.

Si tu souhaites aller un peu plus loin, tu ouvres un dictionnaire, et tu trouves que ça est l’abrév. fam. du pronom démonstratif neutre cela dont la définition est « La chose, l’idée, les paroles que voilà ».

Et voilà, en effet, l’explication de cette faute provient probablement de sa définition : on pense à voilà et on y met le même accent grave.

Quant à çà, le dictionnaire nous apprend qu’il s’agit d’un adverbe de lieu (forcément, on a un peu honte de confondre un adv. de lieu avec un pron. dem. neutre. Non ? Ah ben ben merde alors. L’orthographe française, aime-là ou quitte-là : retourne au Bled), synonyme d’ici.

Un exemple dans cette fameuse charade à tiroirs :

Mon premier va çà et là
Mon second est employé de La Poste
Mon troisième ne rit pas jaune
Mon quatrième n’est pas rapide
Mon tout est l’auteur de
La Légende des Siècles

(Soluce : Errant-Besancenot-Boucher de la Villette-Projet socialiste)

Mon conseil ci-dessus doit déjà avoir été donné parce que ça fait plusieurs fois que je vois écrit dans le journal « ça et là ».

Çà a un petit frère moins profus (car Word© lui fait la peau), c’est celà, oui. Empathie patente avec voilà.

Cyprès de toi, mon dieu

Même genre de faute, avec son accent malheureux, faîtes. Souvent, pensant bien faire, on ajoute des accents circonflexes à profusion. Ça s’appelle de l’hypercorrection. Donc, ne faites pas cette faute-là, faîte désigne le sommet d’un édifice, d’un arbre, d’une montagne, blablabla.

French connexion

Je l’aime bien, celui-là, parce que je me suis un moment demandé pourquoi Word© laissait passer « connections ». Une faute classique en informatique, où ça connecte de partout. D’abord parce qu’en anglais, connexion s’écrit connection.

Alors, ami lecteur, as-tu deviné toi aussi pourquoi ce gros lourdaud de Word© acceptait connections mais refuse connection ? Eh bien tout simplement parce que connections est une forme conjuguée existante du verbe connecter.

ex : Longtemps, nous nous connections de bonne heure (Marcel Proust in Minitel mon Amour – 1985).

 

Élisions douteuses

Pour finir cette note qui malgré mes efforts va finir par devenir indigeste, j’aborderai le délicat cas de l’élision souvent confondue avec le « t » euphonique.

Il ne faut donc pas confondre « t’ » où l’apostrophe signifie l’élision de la voyelle finale (je te aime => je t’aime) et « -t- » où le t n’a aucune valeur sémantique, ce n’est pas le pronom « tu » abrégé, ni quoi que ce soit d’autre d’abrégé, c’est juste pour faire joli à prononcer (eu-phonique : qui sonne bien à l’oreille) entre deux voyelles : « Écoute-t-il ce que je dis ? ».

En s’amusant avec Google, on est ravi par les nombreuses variantes imaginées pour écrire « Y a-t-il … ».
Y’a t’il ? Y-a-t-il ? Y a t-il ? Y-a-t’il ? Mathématiquement, en combinant espace, trait d’union et apostrophe, on peut arriver à 27 graphies différentes. Malheureusement, une seule est correcte, et si tu y vas au pif, ça ne laisse que 3,7% de chance de tomber sur la bonne.

 

PS : ami lecteur, lisant mon burp plein d’arrogance, tu n’hésiteras sûrement pas à m’allumer pour les fautes que j’aurais laissées çà ou là (car je suis faillible, hélas), et ça sera bien fait pour ma gueule.

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