Ça fait un moment que j’ai envie de pondre cette note, et maintenant que le sujet est étalé dans tous les médias, j’ai un peu l’impression de hurler avec les loups, mais qu’importe.
La presse quotidienne nationale va mal !
Bon, ça vous le savez sans doute : France Soir est dans le rouge depuis plusieurs années. L’Humanité qui est dans le rouge aussi depuis sa création, mais pour des raisons éditoriales, en est à sa énième souscription pour retarder le moment où ils crèveront (de la même manière que LO et LCR finiront par faire perdre tout espace vital au PCF), Libération va mal, Le Monde va mal…
Bon, il reste heureusement des journaux qui s’en sortent, je suppose (L’Équipe ? Le Parisien ? Le Figaro ? …) sans compter la presse régionale qui semble se tenir, malgré quelques rachats/fusion occasionnel (à vrai dire, je ne suis pas spécialiste de l’économie de la presse, je n’irai pas plus loin dans l’inventaire).
Daniel Schneidermann, sur son burp, proposait un plan de relance de Libération qui me faisait penser, d’une certaine manière, à un journal qui existe déjà, mais sous un format et un rythme de parution différent : Le Canard Enchaîné : voici un journal qui vit bien (je crois), sans pub (comme l’excellent mensuel Que Choisir, mais qui coûte cher : être un consommateur averti reste un loisir de privilégiés.
L’idée générale étant que pour se démarquer de la presse gratuite qui taille des croupières de plus en plus saignantes à la presse payante, il fallait apporter une vraie valeur ajoutée, en particulier des enquêtes…
Mais c’est justement là où je voulais en venir.
Vous, là, qui depuis qu’ils existent, lisez quotidiennement la presse gratuite diffusée dans le métro (excusez-moi pour mon parisianisme), que faisiez-vous avant ?
- Vous ne lisiez rien du tout ?
- Vous lisiez de la presse payante ?
- Vous lisiez des bouquins ?
Si vous trouvez intéressant de vous informer, faites donc cette expérience, juste une fois, allez, disons une semaine : dépensez 1 euro et quelque chaque jour pour acheter un canard que vous imaginez proche de vous (Libé, Le Figaro, La Croix, Le Parisien, Le Monde … y’a du choix quand même ; vous pouvez-même varier, au court de la semaine).
Et constatez la différence.
Si vous avez quelques neurones, vous ne pourrez qu’avoir le vertige face au gouffre qui sépare un torchon comme Métro (c’est vraiment vraiment vraiment un journal de merde – 20 Minutes est déjà plus lisible) et n’importe quoi d’autre.
Déjà, lire un article qui couvre une page, c’est déjà plein de raccourcis et d’approximations, alors à un truc de 8 lignes, c’est quoi ?
Bien sûr, la presse payante n’est pas exempte de défauts. Je lis Libération tous les jours et il y a plein de trucs qui m’énervent dedans. Mais il y aussi des articles de fond, qui m’enrichissent, qui m’informent, bordel !
Vous savez bien comment vit la presse gratuite : de la pub qu’elle vous fait avaler.
N’attendez pas que la presse payante ait disparu pour la regretter ! Réagissez ! Boycottez la presse gratuite. Et qu’on ne me fasse pas croire qu’avec Internet qui apporte tout gratuitement, le modèle économique de la presse payante soit obsolète ; il y a des tas de pays où la presse nationale de qualité se porte bien (en Espagne par exemple).
Et votre abonnement ADSL, il est gratuit peut-être ?
Et la redevance télé, elle est gratuite ?
Et les capotes, c’est à l’œil ?
À force de vouloir tout avoir pour moins cher, on finit par n’avoir que de la merde (poulets classe A et information Coca-Cola™). Vous ne pouvez probablement pas vous acheter tout ce que vous voudriez, mais vous pouvez choisir comment vous allez dépenser votre argent.
[Addendum du 05/07/2006 : j’inclus en illustration l’image suggerée par Voiker (cf. commentaire ci-dessous)