Lu dans Libération un article racontant un épisode de guerre. Il se trouve qu’il est vu du côté israélien, mais ce pourrait être l’autre bord, ça ne changerait pas grand chose. On dirait un film… Les soldats le disent eux-mêmes :
« C’était comme dans les films, on tirait de partout, les hommes tombaient en tournoyant. » (…) Le commandant K. se jette sur une grenade pour sauver la vie de ses hommes derrière lui (…) Ils abattent les combattants du Hezbollah qui les encerclent, immédiatement remplacés par d’autres qui reviennent les attaquer (…) Quatre soldats sont blessés, agonisent plusieurs heures dehors sans pouvoir être secourus. Ils vont mourir. (…) La brigade est encerclée pendant deux nuits et deux jours. Elle communique avec les forces aériennes pour diriger le pilonnage aux alentours…
Etc.
J’ai fait l’essentiel de mon service militaire dans un bureau. J’étais scientifique du contingent, et pendant onze mois, je faisais joujou avec un logiciel de cartographie pour un programme de simulation dédié à des missiles filoguidés.
Pendant le mois qui précédait, j’ai fait mes classes. J’avais mon uniforme, mon Fusil d’Assaut de la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne, mon connard de sous-lieutenant et mes compagnons de chambrée, quelques uns sympas, quelques uns cinglés (ça pourrait faire l’objet d’une autre note). Mais ce n’est pas de ça dont je veux te parler, ami lecteur, ceci n’est là que pour poser le décor.
Pendant ce court mois d’août 199*, nous avons fait quelques exercices de manœuvres, l’un en forêt, l’autre dans un fort abandonné. Pour ce deuxième exercice, nous avions des balles à blanc, des grenades à plâtre, … Les amateurs de GN (jeu de rôles Grandeur Nature, ndlr) devaient s’en donner à cœur joie.
Moi, j’avais la trouille. Dans la forêt, marchant en quinconce avec mon unité, en tenue de camouflage, guettant dans les feuillages les silhouettes d’autres conscrits jouant « l’ennemi », je ne voyais que dalle. Je me projetais dans une vraie guerre et je me disais que je ne serais que chair à canon, en de telles circonstances. Que tuer ou être tué devait surtout être une question de chance. En tout cas, je ne me sentais d’aucune habileté à m’en sortir mieux que les autres.
Nous sommes au XXIe siècle, nous vivons dans un pays (en France) qui n’a plus connu la guerre depuis plus de 40 ans et nous avons de la chance de ne pas vivre avec cette trouille au ventre.