Pour des raisons sur lesquelles je ne m’appesantirai pas, je suis contraint depuis ce matin d’écouter Skyrock [la rédaction de cette note ayant commencé il y a des mois, si si, des mois, le souvenir de cette écoute forcée s’est heureusement estompé, NDLA]. Overdose de rap et de soupe R’n B, musique que j’ai tendance à considérer comme de la merde, bien qu’il n’ait pas encore été scientifiquement prouvé que c’en soit (l’onde sonore peut-elle être matière ?).
Il s’en est fallu de peu pour que je n’ai des goûts de chiotte (dit-il, fier de lui).
Il faut dire que j’ai été élevé dans une famille pas particulièrement mélomane. Mes parents avaient quelques disques (du classique, du Jacques Bertin, et quelques autres trucs imbuvables). Mon grand-frère et ma grande-sœur ont fait un peu plus de boulot en offrant à mes oreilles du Higelin, du Brassens, du Dick Anegarn, etc. Chez mes voisins, j’écoutais aussi d’autres trucs. Imago (y’en a qui s’en souviennent ?), Castélémis, Font & Val, Lavilliers, Gilles Servat (un bretonnant), Jean Ferrat, Supertramp, Genesis, Jean-Michel Jarre…
Pour le reste, j’écoutais la radio. Le Hit Parade d’Europe 1 (les radios libres n’existaient pas encore à l’époque) était mon pourvoyeur principal en variétés, et je m’en accommodais. À mes premières boums, j’apportais les 45 tours des tubes du moment, les mêmes que tous les autres copains écoutaient. Banana Split de Lio, Antisocial de Trust, et Dreams are my reality le slow torride de La Boum (je suis un contemporain de Sophie Marceau).
Certes, j’avais des goûts, et tout ne me semblait pas égal à tout (par exemple, je pouvais écouter des heures au casque Crime of the Century qui fut le premier 33T que je m’achetai, et le premier CD que je m’acheta itou). Je me souviens aussi d’une boum organisée par ma sœur ; j’avais le pied dans le plâtre pour une méchante entorse et du coup préposé au rôle de D-J (un rôle qui m’a toujours plu, soit dit en passant). Les p’tits jeunes (des marmots ! z’avaient 2 ans de moins que moi) passaient sans arrêt me réclamer du Cure (période Boys don’t cry), groupe que je n’aimais pas à l’époque, alors je traînais du pied (le valide), je renâclais, je faisais patienter et pendant ce temps je les faisais danser deux fois sur l’excellentissime P-Machinery (ahhh Propaganda c’était quand même sympa).
Il aura fallu que je patiente donc jusqu’à mes 20 ans révolus pour être enfin éduqué par mes petits camarades de l’école d’ingénieur que j’avais intégrée, éduqué à quoi ? À la musique Indé. J’ai donc découvert et redécouvert sur le tard des groupes indispensables comme The Cure (ben quoi ? il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis), The Smiths, Pixies. Noir désir commençait son œuvre. Je découvrais aussi des groupes plus obscurs comme Front-242 ou New Model Army que nous diffusions dans nos soirées de sauvages (faut savoir qu’en école d’ingé, y’a 80 à 90% de filles [EDIT] garçons [ah ah oui, dans mes rêves ! J’aurais dû faire littérature /EDIT] et qu’il ne fallait pas trop espérer choper. Donc au diable les slows). Des pans insoupçonnés de la création musicale s’ouvrirent à mes esgourdes qui, finalement, ne demandaient que ça. J’avais raté Radio 7, ancêtre du Mouv’ qui avait mis la clé sous la porte avant que je ne me rende compte que c’était la radio qu’il me fallait. Ma mère m’avait offert le disque de Marquis de Sade (parce qu’elle avait lu dans Le Monde que c’était bien, mais ça n’avait pas été le déclencheur). Je découvrais l’émission de RTL Les Nocturnes, qui diffusait certains soirs après minuit des trucs formidables et pas connu du tout. C’est pourquoi on trouve dans ma cédéthèque presque l’intégralité de la discographie de The Cranes, un chouette groupe de cold new wave. Entre aussi Kat Onoma ! et ton cortège de Swell, PJ Harvey, Sugar, B 52’s, Divine Comedy…
Après, j’ai un peu viré électro, mais c’est une autre histoire.