Ami lecteur, pour goûter tout le sel de mon titre, il faut aller lire l’article auquel il va être fait référence dans cette note.
Le journaliste se demande, légèrement ironique, qui utilisera ce terme, hormis deux-trois académiciens suffisamment branchés (à ce sujet, te souvient-il, ami lecteur de plus de 30 ans, d’une certaine émission avec Yves Mourousi et François Mitterrand, où le terme de « câblé » avait été employé par le président dont les armées de communiquants à son service avaient dû s’escrimer à présenter l’image d’un président ancré dans la modernité de son époque — n’empêche que « branché » apparu juste quelques mois avant son prétendu raffinement « câblé » a duré et dure encore quand son rival a fait long feu — ? ← et là je mets un ? parce que ma parenthèse commençait par une interrogation) pour fréquenter Internet mais pas suffisamment traitres à la patrie pour outrepasser les recommandations de la CGTN.
Et il a raison (même si c’est facile).
On se moque souvent des machins proposés par la CGTN, parce qu’ils paraissent souvent ridicules, et cette impression de ridicule vient souvent du fait que l’usage du terme anglo-saxon est déjà bien ancré dans la pratique (les burps, ça fait quelques années déjà que ça existe à grande échelle en France). Et cela vient aussi que la commission renâcle à néologiser : par exemple « bloc-notes » on ne peut pas dire que ça transpire la modernité (je ne dis pas pour autant que ça fait ringard). Effectivement, sur mon burp, on trouve des notes en bloc. Certes. Mais non seulement bloc-notes ne dit pas qu’il y a publication, donc diffusion (accessoirement sur Internet mais le mot n’est pas obligé de le retranscrire, bien que l’anglais weblog le fasse), mais en outre il ne dit rien de l’aspect interactif du carnet où les commentaires permettent à chacun de réagir, de dialoguer.
Quand la CGTN se foule un peu, ça marche. Quelques mots ont du succès et la traduction du vocable anglais n’est pas un combat perdu d’avance (accessoirement, je signale au passage que le combat pour la francisation du vocabulaire n’est pas un combat ringard ; il y a des pays comme l’Espagne qui traduisent systématiquement tout et immédiatement (là bas, « popcorn » se dit « palomitas » [petites colombes], n’est-ce pas charmant ?) (bon je ne reviendrais pas sur les conditions socio-historiques qui ont conduit à cet état de fait, mais je trouve que c’est une attitude tout de même plus digne que celle qui consiste à laisser trop souvent le titre anglais des films qui sortent en France, voire, et ça me paraît être le comble du ridicule, traduire en anglais des films asiatiques comme pour « The taste of tea »)).
Je ne désespère pas de voir courriel s’imposer.
Après avoir été beaucoup moqué, baladeur a fini par prendre racine.
Emoticon n’est pas très répandu mais est une belle alternative aux smileys. [ERRATUM : ah ben merde, après vérification, la CGTN propose frimousse comme alternative à smiley et emoticon. Grmblbl]
En informatique, logiciel est rarement remplacé par software, mémoire vive a remplacé, pour le grand public, RAM, et octet(s) (et ses dérivés kilo-octets, méga-octets, giga-octets etc.) n’a pas longtemps souffert de la concurrence du terme anglais byte(s) — qui souffre, certes, d’une fâcheuse homonymie scripturale avec un mot français fréquemment employé.
Je ne doute pas qu’hameçonnage remplace rapidement l’imbitable phishing.
Merci de votre attention, goodbye & take care.
En savoir plus :
http://silicon.fr/fr/silicon/news/2007/01/04/ne-dites-plu…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_g%C3%A9n%C3%A9ral…
http://ensmp.net/cstic/
http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/publicati…
Image empruntée chez Le Hibou et retouchée par mes soins.