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Ma liberté de dépenser

Bon, je voulais depuis quelques jours vous pondre une petite note militante à propos des impôts et de la polémique qui en résultait dans l’affrontement PS/UMP.

Et puis, justement, ça tombe à pic, hier [NB : note finalisée avec retard, le débat sur les impôts est déjà passé à la trappe, remplacé par des sondages ineptes sur la sériosité de Sarko vs. la modernité de Ségo, tout ceci est assez pathétique] je reçois ça :

Au cas où vous auriez des difficultés à lire :
Madame, Monsieur,
Afin de vous faire bénéficier dès à présent de la baisse de l’impôt sur le
revenu, je vous informe que le montant de l’ensemble de vos prélèvements
mensuels est réduite de 8% dans la limite de 300 euros.

Alors là, moi je dis chapeau, dans le genre manipulation pré-électorale, chapeau, du grand art bien démagogique.

Quelle délicate attention de la part de mon receveur, tout de même, que d’anticiper avant les élections la réduction d’impôts que m’offre le gouvernement de droite, à l’approche de cette période de l’année propices aux dépenses [NB : ben oui, merde, je suis en retard, les soldes, c’est déjà du passé].

Je ne sais pas trop si j’ai envie de vous raconter pourquoi les impôts (et leur hausse, ou l’annulation de leur baisse, comme on voudra) sont une bonne mesure de gauche. Je rappelle que la gauche, schématiquement, c’est garantir dans la mesure du possible une vie convenable à tous, alors que la droite, c’est offrir la possibilité à chacun de réussir.

Bon, en gros, plus d’impôts sur le revenu = plus d’argent pour l’état en provenance des plus riches (parce que les petits salaires ne paient pas l’impôt sur le revenu) qui sera distribué dans les rouages de l’état : services publics, éducation, armée, santé, etc. Moins d’impôts sur le revenu = riches plus riches et état plus pauvre. 

Il faut une bonne dose de mauvaise foi (ou plus probablement de crétinerie) pour compatir au sort de Johnny Halliday (un des soutiens de Sarkozy, faut-il le rappeler), obligé de s’exiler en Suisse pour payer moins d’impôts, quelle misère tout de même, avec tous ces tracas avec sa maison de disque, plus les impôts, tous ces obstacles à son bonheur… Tous ces smicards qui crient au scandale par compassion, j’en ai la larme à l’œil. 

Je rends grâce au comédien Gérard Jugnot d’avoir déclaré, un jour, à la radio (c’était il y a très longtemps, mais ça m’a marqué tellement ce genre de propos s’entendent rarement) : « Quand je gagne deux millions [ndlr, de Francs, je vous dis que ça date d’il y a longtemps] sur un tournage, je trouve normal de payer un million d’impôts ». Ben oui, moi aussi je trouve normal de payer mes impôts d’en payer pas mal, parce que même si je dois emprunter sur X années pour m’acheter une maison, même si je racle les fonds de tiroirs pour finir de payer des travaux et que je dois attendre avant de pouvoir finir d’aménager ma salle de bain, même si, pour résumer, j’aimerais bien être plus riche que je ne le suis, j’ai tout de même conscience d’être privilégié et mon premier réflexe n’est pas de chercher, par tous les moyens, à limiter le don que je pourrai faire en retour vers la collectivité.

 

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