Cette rubrique, ami lecteur, c’est une terrible rubrique où j’enfile mes lunettes de professeur (héritage maternel) pour montrer à la burposphère comment causer correct. Évidemment, c’est très pontifiant et pendant deux ou trois semaines, je me reçois plein de commentaires acerbes pour fustiger les fautes d’orthographe que, moi, donneur de leçon, j’aurais saupoudrées çà et là au hasard de mes écrits.
C’est que l’heure est grave :
Le problème dont je vais parler ici, je l’avais déjà abordé dans une précédente note fondatrice mais c’était, semble-t-il, passé inaperçu. Parce que voilà, la personne à qui cette remarque était spécialement dédiée ne s’est pas dit, en me lisant : « tiens, c’est justement une faute que je fais de temps en temps, je vais faire gaffe maintenant ». Faut dire que je n’avais pas spécialement tenté d’attirer spécialement son attention à elle sur ce passage.
J’aurais pourtant pu mettre quelque chose comme :
MESSAGE SPÉCIAL À L’ATTENTION DE LIB
Le genre de truc qui te rend fou, ami lecteur, un truc clignotant, c’est carrément insupportable dans une page ouèbe.
Mais l’heure est grave, parce que non seulement Lib continue obstinément de faire cette faute, mais un autre de mes amis burpeurs a pris le relais et c’est désormais en stéréo que je vois des apostrophes dans leurs billets à tort et à travers.
Ceci est donc un
MESSAGE SPÉCIAL À L’ATTENTION DE LIB ET DE VAGANT
Bon, comme je suis un feignant, je me contente d’un copier-coller de la remarque en question (et donc, le titre de cette note n’a finalement aucun rapport avec Bernard Pivot alors qu’on aurait pu croire que si, mais non).
Élisions douteuses
Pour finir cette note qui malgré mes efforts va finir par devenir indigeste, j’aborderai le délicat cas de l’élision souvent confondue avec le « t » euphonique.
Il ne faut donc pas confondre « t’ » où l’apostrophe signifie l’élision de la voyelle finale (je te aime => je t’aime) et « -t- » où le t n’a aucune valeur sémantique, ce n’est pas le pronom « tu » abrégé, ni quoi que ce soit d’autre d’abrégé, c’est juste pour faire joli à prononcer (eu-phonique : qui sonne bien à l’oreille) entre deux voyelles : « Écoute-t-il ce que je dis ? ».
En s’amusant avec Google, on est ravi par les nombreuses variantes imaginées pour écrire « Y a-t-il … ».
Y’a t’il ? Y-a-t-il ? Y a t-il ? Y-a-t’il ? Mathématiquement, en combinant espace, trait d’union et apostrophe, on peut arriver à 27 graphies différentes. Malheureusement, une seule est correcte, et si tu y vas au pif, ça ne laisse que 3,7% de chance de tomber sur la bonne.
Pour mettre un peu de valeur ajoutée, une autre petite faute spéciale Lib :
Le participe passé du verbe devoir
Bon, c’est dû avec un circonflexe. C’est un circonflexe à la con, parce qu’il ne représente rien (généralement, le circonflexe marque une lettre qui est tombée, généralement le s : par exemple, on écrit forêt mais déforestation, ou alors apparaître mais apparaissant, ad lib.)
Donc, ce circonflexe tout nase, il ne sert à rien sinon qu’à différencier dû de du.
Du coup, il disparaît dès que dû ne peut pas être confondu avec du. C’est à dire quand il s’accorde.
Ex :
— Compromis, chose due. [Coluche]
— C’est pas fini de pousser la chansonnette à des heures indues ? [La voisine du dessous d’Étienne Daho]
— Et mes commentaires, tu crois qu’ils te sont dus ? [une lectrice arrogante]
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