En ces temps de campagnes électorales, on n’en est plus à une promesse douteuse de plus.
Vous avez probablement pu croiser récemment une de ces affiches pour Meetic, le site de rencontre le plus populaire en France (à ce propos, une amie me confiait qu’un article audacieux prévoyait la mort des sites de rencontres, qui seraient remplacés par les burps… qu’en pensez-vous ?), qui, voyant le printemps arriver précocement, décide de réveiller un peu les hormones mâles en les appâtant comme suit :
Je te rappelle, ami lecteur, que Meetic est un site de rencontre où seuls les hommes payent. Les femmes y constituent donc un produit d’appel (je rappelle que le but de Meetic est de gagner de l’argent, c’est un site commercial, favoriser les rencontres n’est qu’un effet collatéral) et l’homme à la recherche de la partenaire idéale pour une nuit ou pour la vie va donc commencer par payer pour espérer la trouver.
Meetic a donc lancé sa campagne avec ces portraits frontaux de jeunes femmes, semblant toutes2 avoir environ 25 ans, toutes plutôt mignonnes voire plus que mignonnes, souriantes, blanches (enfin caucasiennes, quoi). On voit bien que l’annonceur n’est pas allé jusqu’à prendre des top models super canons, mais a choisi du girls next door plutôt haut-de-gamme.
Ajoutons à ça des accroches sur le ton humoristique, gamme pathétique (A***, si tu me lis, j’espère que tu n’as pas trempé là dedans). Celle qui décroche le gros lot, c’est celle-ci (je cite de mémoire) : « Parmi mes qualités : je ne sais pas faire la cuisine et je déteste les tâches ménagères ». Y a vraiment pas de quoi être fière.
Bref, de la jeune femme, fraîche et moderne, t’en veux ? Le rêve est à portée de bourse (environ 30 €/mois : je viens d’aller voir les conditions générales sur le site ; il y a quelques mois, impossible de savoir combien ça coûtait sans s’inscrire – et je ne m’y suis jamais inscrit). Le rêve, oui. Parce que dans la réalité, petit homme, tu ne rencontreras que des femmes normales, avec leur petit lot de névroses (mais tu as les tiennes) et la majorité d’entre elles ne seront pas aussi jolies que les mannequins choisies pour la pub.
Je trouve fort déplaisant l’idée que, dès le départ, la relation est faussée entre homme et femme, les premiers payant pour communiquer (et, fatalement, cherchant à amortir (sic) leur investissement : payer pour niquer, commu- passera à la trappe), les secondes, ravies de se voir désirées par tant d’hommes piaffant d’impatience, se prenant pour les reines du monde. Que de déceptions, après ces accumulations de non-dits, de mensonge, d’inégalités.
Évidemment, quelques belles rencontres. Évidemment.
Vive la baise 2.0.
- Elle est rigolote ma photo, non ? J’ai trouvé que l’ombre portée de l’arbre avait un petit côté Freddy, les griffes de la nuit. D’ailleurs, comment les voyez-vous, ces doigts crochus ? Est-ce elle qui veut vous mettre le grappin dessus, ou est-ce elle qu’on veut saisir ? (Moi, je la vois plutôt dans le rôle de la sorcière.) ↩
- Je ne suis pas sûr d’avoir vu toutes les affiches, mais une bonne demi douzaine sur lesquelles sont basées ces impressions.↩