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Je suis l’écologiste du quatorzième arrondissement

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 30 35 ans ne peuvent pas connaître, Montmartre Montparnasse en ce temps-là…
Bon ok j’arrête.
 
Je ne sais pas si vous connaissez les œuvres de jeunesse du chanteur Renaud, mais il y en avait une qui reprenait au refrain :
Je suis l’autonomiste du quatorzième arrondissement…
Je suis l’séparatiste de la Porte d’Orléans…
Quand j’étais marmot (© 1976, j’avais donc 8 ans) et que j’écoutais cette chanson du fin fond de ma banlieue (plutôt bourgeoise), j’avoue que le quatorzième arrondissement était un concept assez abstrait pour moi. Paris, globalement, était un concept assez abstrait. J’y allais en voiture avec mes parents, sans savoir dans quel arrondissement se trouvaient ni la Tour Eiffel, ni les Champs-Élysées, ni Montparnasse ni rien.
 
Nettement plus tardivement, je me suis retrouvé habitant de Paris, puis habitant du quatorzième, et même plus précisément de la Porte d’Orléans, et même plus précisément encore, habitant du même groupe d’immeuble où habitaient M. & Mme Séchan, parents de Renaud Séchan, devenu chanteur rebelle.
 
Faut vous dire monsieur (ouais, je me la joue pillage à tous les étages, sur cette note) mon ami lecteur, que côté zone, la barre de HLM (au moins 6 étages, siiiii) en bordure de périphérique (enfin, derrière un stade quand même), ça n’a pas grand chose à envier à la Cité des Quatre Mille ou à celle des Minguettes. Ah, il est super blême, ce HLM (il faudrait dire « cette » puisqu’il s’agit d’une habitation à loyer modéré, mais Renaud est un rebelle alors il s’en tape un peu). Je crois qu’il y avait un énorme graffiti sur un des murs, tellement c’était la zone, il a jamais été nettoyé, ça disait « Affichage interdit, loi du 29 juillet 1881 ».
 
Bref. Pas plus tard que mardi, tandis que je pédalais joyeusement sur mon Vélib’, me rendant à une réunion où j’espérais bien revoir Cécile de Volanges (NB : à ce sujet, strictement aucune avancée à vous relater), je remarquais dans le petit cabas à l’avant du vélo ce tract (notre illustration) présentant la liste des Verts pour le 14e arrondissement (j’en profite pour répéter ici personnellement à Lib que les abréviations à utiliser pour les adjectifs ordinaux sont le simple ‘e’ – comme dans 14e, donc – ou ‘ème’ mais jamais ‘ième’. Ya basta !). Je ne sais pas vous, mais moi, après avoir vécu à un endroit, je suis forcément nostalgique à chaque fois que j’y repasse. J’ai l’impression qu’il y flotte à jamais des petits bouts de moi, des petits bouts perdus et ça me fait tout drôle de les sentir en suspension autour de moi, comme une bague que j’aurais mis au clou, et que j’observerais derrière la vitre en pensant « c’est à moi… c’est à moi… c’était à moi… ». Comme (vous le savez) la chose politique n’est pas sans m’intéresser, je me suis mis ce tract dans la poche en disant que je le lirai plus tard.
Renaud « un vert, ça va » Séchan
exprimant avec un enthousiasme mal dissimulé
son enthousiasme et son appétit de victoire
Et c’est donc quelques heures après, dans le train qui me ramenait dans ma banlieue, que je découvrais dans le coin du tract ce visage (presque) familier. Je n’arrive pas à retrouver à qui il me fait penser. À Vidocq, peut-être. À Chéri-Bibi. À Ténardier. À Lantier, ptête (je n’ai pas vu Germinal). Enfin, dites moi, vous, à qui il vous fait penser sur cette photo, parce que moi, je l’ai sur le bout de la langue, mais je ne trouve pas.
 
Collaro faisait à peu près la même expression quand, déguisé en hippie sondeur à la Sofres, il s’exclamait « Ah ! Dur ! Dur ! »
 

Pour info, dans le 14e, il y a un maire PS (Pierre Castagnou) et un député Vert (Yves Cochet – qui figure aussi en photo dans les soutiens mais c’est moins drôle). 
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