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Rien qu’une semaine

Comme je vous le disais, la semaine passée a été un peu intense. Le week-end ne l’a pas moins été.
Avant lundi dernier, je me réfugiais derrière mon emploi du temps de cadre, mes obligations (qui n’ont rien d’une sinécure, soit dit en passant) familiales pour limiter mes activités militantes 1/ à la participation aux AG de ma section et 2/ à la fourniture d’espèces sonnantes et trébuchantes pour ma cotisation complété d’un soutien financier pour la campagne de mon candidat (NB : ceci ouvrant droit à de substantielles réductions d’impôts).

Et puis, pour moi qui croyais que la victoire ne serait presque qu’une formalité, le résultat du premier tour a été un coup de semonce, le score du maire sortant étant plus élevé que ce que j’imaginais : n’accusant qu’un seul petit pourcent de retard sur la liste que je soutenais. La perspective de repartir pour une nouvelle mandature avec ce maire nullissime, alors que j’avais tant d’estime (oui, d’estime) pour mon candidat qui me semblait – pas moins – porter la vérité pour notre ville (amen !), me glaçait.
Ça m’a un peu botté le cul et je me suis dit qu’il fallait passer à autre chose que lancer quelques commentaires sur les différents burps de campagne. J’ai commencé par faire le deuxième chèque que j’avais pourtant promis mais que je renâclais à faire, pour causes de récentes et pas négligeables dépenses (révision de bagnole et – v’là-t-y que je culpabilise d’être un bourgeois – vacances au ski). Ensuite je suis passé au local pour tenter de faire des collages le soir (mais bon, j’ai fais une virée qui n’a pas été très exaltante, j’avais l’impression de faire une visite de Maville by night, on ne s’est arrêté pour coller vraiment qu’une seule fois). Pour autant, sentir la ferveur et l’ébullition de tous ces militants autour de moi et ça m’a boosté. Je me suis finalement levé le samedi matin pour aller battre le pavé au contact de la population (je ne l’avais pas osé auparavant, pour les raisons évoqués au début de cette note, et également parce que récent habitant de Maville, j’avais le sentiment de ne pas vraiment en connaître l’histoire – notamment politique – et ses problèmes. (Plus qu’un sentiment, c’était une réalité !)
Mais basta ! j’acceptais de ne pas avoir forcément réponse à tout, mais de pouvoir au moins dire le bien que je pensais de mon candidat et prendre le pouls de mes concitoyens. Une seule journée aura suffit pour que je tisse des liens plus personnels, déjà, avec d’autres militants de mon quartier. Et puis j’ai fait des rencontres étonnantes, oui, étonnantes.
Un policier municipal me confiant qu’avec quelques uns de ses collègues, il en avait marre d’être dirigé par des mercenaires.
Un candidat de la liste du maire sortant du premier tour, mais disparu de la liste du second tour pour cause de fusion de listes, me confiant à son tour que, dégoûté par la situation, il ne voterait pas.
Pire ! une candidate se retrouvant, suite à la fusion, sur la liste du maire sortant qu’elle déteste, me glissant à l’oreille pour ne pas être entendue par ses pairs, qu’elle ne voterait pas pour sa propre liste !
Tout ça me gonflait à bloc et alimentait ma confiance en la victoire.

Je vous mentirais en passant sous silence les réactions hostiles que je rencontrait également. Ceux qui parlaient des candidats communistes sur la liste comme de la huitième plaie d’Égypte. Celui, hargneux, qui refusa de me serrer la main en disant « Serrer la main d’un socialiste, ça jamais ! Je préfèrerai serrer la main d’un Front National » (FN accessoirement absent des élections en raison des positions du maire bien dans la lignée sözyste).

ON LES A NIQUÉS – et c'est presque aussi bon que de baiser, dis donc !

J’étais finalement dans un état étrange : incapable de croire à la défaite mais me refusant de considérer comme certaine la victoire de peur de me prendre une baffe trop saignante en cas de désillusion. C’était donc dans cet oxymoresque optimisme inquiet que je gagnais, le lendemain, dès l’aube, à l’heure où le militant en fin de campagne blanchit, le bureau de vote où j’allais passer la journée comme assesseur, nouvelle expérience inédite pour moi.
Comme j’étais sur un bureau de vote de mon quartier, donc d’un endroit plutôt cossu, donc d’un endroit plutôt à droite, je voyais défiler des rombières d’un âge certain, certaines frêles comme le roseau appuyées sur leur canne, accompagnées par des personnes ne souhaitant sans doute pas que leur voix soit perdue. J’ai eu droit aux de Machin de Truc de la Bidulerie et au petit jeune avec son nœud scout. J’ai imposé à mes collègues du bureau l’odeur âcre de ma transpiration de stress. Les minutes et les heures passaient, plus ou moins convivialement, les chiffres de la participation augmentaient, tant dans les quartiers « de droite » que dans les quartiers « de gauche », rendant incertaine l’issue du scrutin. Vint l’heure de la clôture du bureau, du dépouillement s’éternisant et moi, impatient que j’étais de m’évader de mon bureau pour porter mes résultats et surtout prendre connaissance des autres. Enfin ! un coup de fil m’annonçait vers 21 heures la victoire probable de mon candidat avec une large avance. Je filai, dès que je pus le faire, à vive allure sur mon vélo pourri jusqu’au local de campagne, quasiment désert : tout le monde était déjà à la mairie. Je m’y précipitais, la foule était la qui acclamait le vainqueur lors de son discours. Embrassades et congratulations ! Cris de joie ! Applaudissements ! La journée avait commencé tôt et se finirait tard, avec finalement comme seul regret de ne pas m’être laissé embarquer dans la campagne plus rapidement.

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