[490] Rien qu’une semaine

Comme je vous le disais, la semaine passée a été un peu intense. Le week-end ne l’a pas moins été.
Avant lundi dernier, je me réfugiais derrière mon emploi du temps de cadre, mes obligations (qui n’ont rien d’une sinécure, soit dit en passant) familiales pour limiter mes activités militantes 1/ à la participation aux AG de ma section et 2/ à la fourniture d’espèces sonnantes et trébuchantes pour ma cotisation complété d’un soutien financier pour la campagne de mon candidat (NB : ceci ouvrant droit à de substantielles réductions d’impôts).

Et puis, pour moi qui croyais que la victoire ne serait presque qu’une formalité, le résultat du premier tour a été un coup de semonce, le score du maire sortant étant plus élevé que ce que j’imaginais : n’accusant qu’un seul petit pourcent de retard sur la liste que je soutenais. La perspective de repartir pour une nouvelle mandature avec ce maire nullissime, alors que j’avais tant d’estime (oui, d’estime) pour mon candidat qui me semblait – pas moins – porter la vérité pour notre ville (amen !), me glaçait.
Ça m’a un peu botté le cul et je me suis dit qu’il fallait passer à autre chose que lancer quelques commentaires sur les différents burps de campagne. J’ai commencé par faire le deuxième chèque que j’avais pourtant promis mais que je renâclais à faire, pour causes de récentes et pas négligeables dépenses (révision de bagnole et – v’là-t-y que je culpabilise d’être un bourgeois – vacances au ski). Ensuite je suis passé au local pour tenter de faire des collages le soir (mais bon, j’ai fais une virée qui n’a pas été très exaltante, j’avais l’impression de faire une visite de Maville by night, on ne s’est arrêté pour coller vraiment qu’une seule fois). Pour autant, sentir la ferveur et l’ébullition de tous ces militants autour de moi et ça m’a boosté. Je me suis finalement levé le samedi matin pour aller battre le pavé au contact de la population (je ne l’avais pas osé auparavant, pour les raisons évoqués au début de cette note, et également parce que récent habitant de Maville, j’avais le sentiment de ne pas vraiment en connaître l’histoire – notamment politique – et ses problèmes. (Plus qu’un sentiment, c’était une réalité !)
Mais basta ! j’acceptais de ne pas avoir forcément réponse à tout, mais de pouvoir au moins dire le bien que je pensais de mon candidat et prendre le pouls de mes concitoyens. Une seule journée aura suffit pour que je tisse des liens plus personnels, déjà, avec d’autres militants de mon quartier. Et puis j’ai fait des rencontres étonnantes, oui, étonnantes.
Un policier municipal me confiant qu’avec quelques uns de ses collègues, il en avait marre d’être dirigé par des mercenaires.
Un candidat de la liste du maire sortant du premier tour, mais disparu de la liste du second tour pour cause de fusion de listes, me confiant à son tour que, dégoûté par la situation, il ne voterait pas.
Pire ! une candidate se retrouvant, suite à la fusion, sur la liste du maire sortant qu’elle déteste, me glissant à l’oreille pour ne pas être entendue par ses pairs, qu’elle ne voterait pas pour sa propre liste !
Tout ça me gonflait à bloc et alimentait ma confiance en la victoire.

Je vous mentirais en passant sous silence les réactions hostiles que je rencontrait également. Ceux qui parlaient des candidats communistes sur la liste comme de la huitième plaie d’Égypte. Celui, hargneux, qui refusa de me serrer la main en disant « Serrer la main d’un socialiste, ça jamais ! Je préfèrerai serrer la main d’un Front National » (FN accessoirement absent des élections en raison des positions du maire bien dans la lignée sözyste).

La Victoire
ON LES A NIQUÉS – et c'est presque aussi bon que de baiser, dis donc !

J’étais finalement dans un état étrange : incapable de croire à la défaite mais me refusant de considérer comme certaine la victoire de peur de me prendre une baffe trop saignante en cas de désillusion. C’était donc dans cet oxymoresque optimisme inquiet que je gagnais, le lendemain, dès l’aube, à l’heure où le militant en fin de campagne blanchit, le bureau de vote où j’allais passer la journée comme assesseur, nouvelle expérience inédite pour moi.
Comme j’étais sur un bureau de vote de mon quartier, donc d’un endroit plutôt cossu, donc d’un endroit plutôt à droite, je voyais défiler des rombières d’un âge certain, certaines frêles comme le roseau appuyées sur leur canne, accompagnées par des personnes ne souhaitant sans doute pas que leur voix soit perdue. J’ai eu droit aux de Machin de Truc de la Bidulerie et au petit jeune avec son nœud scout. J’ai imposé à mes collègues du bureau l’odeur âcre de ma transpiration de stress. Les minutes et les heures passaient, plus ou moins convivialement, les chiffres de la participation augmentaient, tant dans les quartiers « de droite » que dans les quartiers « de gauche », rendant incertaine l’issue du scrutin. Vint l’heure de la clôture du bureau, du dépouillement s’éternisant et moi, impatient que j’étais de m’évader de mon bureau pour porter mes résultats et surtout prendre connaissance des autres. Enfin ! un coup de fil m’annonçait vers 21 heures la victoire probable de mon candidat avec une large avance. Je filai, dès que je pus le faire, à vive allure sur mon vélo pourri jusqu’au local de campagne, quasiment désert : tout le monde était déjà à la mairie. Je m’y précipitais, la foule était la qui acclamait le vainqueur lors de son discours. Embrassades et congratulations ! Cris de joie ! Applaudissements ! La journée avait commencé tôt et se finirait tard, avec finalement comme seul regret de ne pas m’être laissé embarquer dans la campagne plus rapidement.

20 gazouillis sur “Rien qu’une semaine”  

  1. #1
     
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    sélène a gazouillé  :

    Bravo! je suis admirative de tant de conviction!! peut-être que si il y avait eu un candidat de cette trempe je me serai plus investie aussi! mais chez nous, pas d’enjeu, une seule liste avec une candidate prenant la relève du maire sortant socialiste…. et j’ai fait quelquechose dont je ne me serai jamais crue capable, j’ai boudé les urnes pour différentes raisons malgré mon appartenance au même courant politique!… je voulais voter blanc mais pas de bulletin! c’est normal ça d’ailleurs, qu’il n’y ait pas de bulletins blancs fournis dans un bureau de vote???
    Enfin, il n’empêche que je regrette car plutôt que de manifester mon mécotentement en m’abstenant j’aurai du essayer de fonder une liste concurrente …

  2. #2
     
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    Krazy Kitty a gazouillé  :

    Sélène, il me semble que dans notre bonne France, les bulletins blancs ne sont pas distingués des bulletins nuls (l’assesseur des lieux confirmera), il t’aurait donc été possible de ne rien mettre dans l’enveloppe (ou de barrer un bulletin).

    Je n’ai pu vivre un tel engouement qu’à distance (et de seconde main), ma mère me racontant surexcitée au téléphone sa soirée électorale…

  3. #3
     
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    Laure a gazouillé  :

    Felicitations – je suis contente d’avoir été reprise en main par un socialiste avant de partir ;-) ça m’a remis les balances à zéro. Go on!

  4. #4
     
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    alexa... a gazouillé  :

    chouette!
    et contente de te retrouver..(avec ou sans les mots bite couilles)
    mention spéciale au militant, ça fait plaisir
    et puis j’ai un copain qui est militant, qui me racontait qu’il recrutait toutes ses aventures par ce biais… c’est dingue non?
    bon ça vaut une réduction d’impôts comme levier… mais ça peut peut-être en convaincre certains ;))

  5. #5
     
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    Volubilis a gazouillé  :

    Bo, moi, jvote toujours autant… Mais je viens pas faire mon butor de service, juste te dire qu’il est bo, ton burp… ça fait rêver…

  6. #6
     
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    Agatha a gazouillé  :

    Je n’ai pas pu voter pour des raisons diverses et je me sens un peu coupable en lisant avec quelle ferveur tu milites !!!

  7. #7
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ sélène » Moi, j’avoue que je suis un peu borné dans mes convictions politiques et il ne m’est pas arrivé souvent de voter pour quelqu’un qui n’était pas issu de la famille politique que je soutiens constamment (i.e. PS – sauf en 2002 de triste souvenir) mais je dois dire qu’il ne m’est jamais arrivé d’arriver à un scrutin dont le candidat PS me paraîtrait moins valable que son ou ses adversaire(s). Je rends, au passage, hommage aux Asnièrois qui ont préféré voter pour un PS allié avec Modem et DVD contre l’immonde UMP sortant Aeschliman. Ça, c’est de la putain de démocratie.

    Mais, sur mon élection, il est clair que la foi que j’avais pour mon candidat me permettait de le défendre avec la plus grande conviction, et ça, c’est vraiment motivant.

    @ K² » Effectivement, « blancs ou nuls », tout ça rentre dans la même catégorie des bulletins « non exprimés ». Sur les urnes électroniques, d’ailleurs, on a un bouton pour le vote « blanc » mais aucune méthode pour barrer un nom ou mettre une photo cochonne dans l’enveloppe ou tout autre bulletin « nul » pittoresque. Le vote électronique, c’est nul.

    @ Laure » Ohhh ! Je ne savais pas que je t’avais « reprise en main » !!! Tu la sens ma grosse gauche ?!

    @ alexa… » Ouaip, ouaip, j’ai une copine militante qui confirme tes dires mais j’avoue que dans ma sexion (sic), le choix n’est pas terrible-terrible. Je regrette Paris intra-muros pour ça, où j’avais deux jolis petits lots en ligne de mire. Snifff…
    La banlieue (même rose) c’est pas rose, la banlieue, c’est morose.

    @ Volubilis » Content de te compter dans la colonne des favorables à ce thème, dont l’espérance de vie est proportionnelle à mon manque de temps pour en trouver ou faire un autre qui soit plus « passe-partout » et donc moins décrié. Merci d’être toujours là !

    @ Agatha » Comme je le disais plus haut, cette ferveur est grandement due à la qualité de mon candidat. J’en suis ra-vi !

  8. #8
     
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    Vagant a gazouillé  :

    Bravo ! Le suspens a été bien géré, j’ai vraiment cru que tu nous racontais l’histoire d’une défaite. Du coup, le fait que ce soit les gentils qui gagnent à la fin tombe comme une surprise.

  9. #9
     
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    Krazy Kitty a gazouillé  :

    Tu sais qu’Aeschlimann compte déposer un recours en annulation, en se basant sur des « lettres mensongères massivement diffusées dans les boîtes aux lettres » (ou un truc de ce goût), à moins qu’il ne l’ait déjà fait ? Y en a qui s’accrochent avec les dents…

  10. #10
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Vagant » Ça, c’est vraiment une déformation professionnelle, Mister Vagant, avec ta manie des chutes surprenantes ;-) Je n’ai pas du tout cherché, en écrivant, à faire croire à une issue plutôt qu’à une autre, mais plutôt à expliquer quel était mon état d’esprit au fil des jours.

    @ » Yep, j’ai entendu parler de ça, mais la plupart du temps, ces recours n’ont pas de suite. En revanche, sur Perpignan, c’est nettement plus probable que l’élection soit invalidée.

  11. #11
     
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    Athena a gazouillé  :

    Chouette texte! plus je vous lisais plus les bonds de mon cœur se faisaient entendre, j’étais à la limite de l’implosion, quand j’ai pu pousser un ouff de soulagement..

    Ma soirée fut bien différente, Paris lui était acquis (D.), également pour le candidat de mon arrondissement ce n’était qu’un détail..Donc notre objectif était autre (le 5 ème et le 15 ème)..donné gagnant, mes amis et moi nous nous empressions en direction de la mairie, pour finalement terminer la soirée dans un club de jazz (plutôt sympa) il nous fallait évacuer notre chagrin… et sans doute apprécier quelques victoires! (bof..drôle de soirée!)

  12. #12
     
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    morganedesfees a gazouillé  :

    cela donnerait presque envie de s’engager … sourire .. joli récit plein de vie, d’émotion et oui je vais peut-être un jour y songer. Ah si tous les politiques avaient autant de conviction..
    merci de ce moment d’espoir

  13. #13
     
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    Justine Miso. a gazouillé  :

    J’ai vu Ségolène aujourd’hui, au salon du livre, elle dédicaçait son livre chez Grasset

    On peut dire beaucoup de choses mais elle fait pas son âge et elle est jolie

  14. #14
     
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    Storia Giovanna a gazouillé  :

    Kikou

    Oui, à propos de ton burp, je voulais savoir avec quel éditeur de site tu travailles. En tant que future éditrice, j’ai moi-même appris à créer et mettre à jour des sites sous NVU.

    Baci baci

  15. #15
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Athena » Effectivement, pour Paris, il y avait relativement peu d’enjeu, vu les sondages. Pour autant, c’est quand même un plaisir de voir que cette élection soit si « facile ». Quand Delanoë a enlevé Paris à la droite il y a 7 ans, on pouvait craindre que ça ne soit pas forcément durablement. Et bien si (et à Lyon, idem : chapeau).

    @ morganedesfees » Il y a heureusement dans la vie d’autres bonheurs que celui du militantisme (d’autant que la victoire n’est jamais sûre !) (et puis si tu savais combien la pureté d’un combat est perverti par les rivalités internes de courants, les ambitions personnelles, etc… Bref… Je n’ai montré que la face lumineuse !)

    @ Justine Miso. » Ça, qu’elle soit jolie, je ne le lui retirerais pas, même si je lui préférais Élisabeth Guigou (avant son coup de vieux) !

  16. #16
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Storia Giovanna » J’utilise (comme c’est indiqué en pied de page) le CMS « WordPress ». Ensuite, pour le contenu, j’utilise différents outils :

    • Notepad++ pour le code php
    • Dreamweaver (un NVU très très évolué !) pour certaines compositions complexes, et également pour synchroniser mon site
    • PaintShopPro pour la retouche d’image
    • Firefox et différentes extensions indispensables pour le développement Web (Firebug, WebDeveloper, ColorZilla, …)

    Bref… tout ça demande de l’investissement en temps, en logiciel, en formation… Bon courage !

  17. #17
     
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    cassiopée a gazouillé  :

    Tiens tiens, effet des élections? L’oeil de Moscou est revenu. Rq il ne m’avait pas vraiment manqué, j’ai presque le mm ds l’icone d’adobe photoshop, mais en moins beau bien sûr ;-)

  18. #18
     
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    Celenee a gazouillé  :

    Aujourd’hui encore, je me demande si même le cul m’a jamais prise autant aux tripes (ouh, bizarrement foutue, la fille !…) que le militantisme… C’est dire !
    Dommage que tu aies raté les collages : si tu es sage, un jour, je te raconterai les presque-bagarres nocturnes avec les ceusses d’en face, les portières qu’on n’a pas le temps de refermer et qui bousillent les manches à balais, les réprimandes des copains « Meeerde, ok fallait courir, mais t’aurais pu faire gaffe à la colle !!! »…
    Le coeur qui bat, les rencontres, la vie, pas besoin de te les raconter : tu viens de très bien le faire…

  19. #19
     
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    L a gazouillé  :

    Oh, pauvre scout…
    T’es méchant comme tout. Qui te dit qu’il est pas anar tout au fond de lui ?

  20. #20
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ cassiopée » Voui, l’œil est sorti de la tombe ;-)

    @ Celenee » Bon, moi je préfère le cul quand même, mais il faut savoir varier les plaisirs dans la vie et je m’y efforce ! J’espérais en effet ramener de ma soirée collage des souvenirs plus épiques, faut croire que ça s’assagit, ou alors que le camp d’en face était trop ramollo (l’hypothèse 2 est plus vraisemblable).

    @ L » Certes, le secret de l’urne est maintenue, toutefois le jeune scout en question portait, par une coïncidence étonnante, exactement le même nom que ma voisine assesseuse de droite (enfin, elle était à ma gauche, mais vous me comprenez), et même si les rebelles existent, il me semble que ce modèle-là avait l’air sage… comme une image ! (et j’avoue que je suis du genre à me fier aux apparences)

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