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Pas client

L'affiche du film ClienteCette note tient du procès d’intention. Du film dont je vais parler, je n’ai vu que cette affiche, aperçue dans les couloirs du métro. Comme souvent, mon cerveau a procédé par étapes. D’abord il a scruté globalement l’affiche, la disposition des personnages, vu les deux billets de X00 €, puis il a regardé le titre, a accroché sur la typographie qui fait que, de loin, on lit d’abord au masculin avant de voir le féminin. Ensuite il a lu les noms, Nathalie Baye qu’il avait reconnue, puis Un film de Josiane Balasko (« ah ! une comédie sans doute »).

Puis le cerveau a commencé à mouliner sur ce que pouvait être le contenu de ce film, a râlé et a réclamé aux pieds de faire demi tour pour se placer devant l’affiche et en faire un cliché.

Ce film m’énerve avant même que je sache ce qu’il vaut. J’imagine déjà tout.

J’imagine les machos qui vont se faire rembarrer pour leur sexisme, de cette femme qui, finalement, fait ce qu’eux-mêmes font. Je les entends déjà dire « oui mais c’est pas pareil ! »

J’imagine aussi que ça ne va pas se passer comme sur des roulettes, que l’amour va naître parce que tout de même, du sexe sans amour, non, c’est pas possible.

Et puis il y a la question des billets. Sur la photo, on ne voit pas leur montant, on ne voit que les deux derniers zéros et moi, je me suis demandé : c’est quoi, ce billet vert, ce billet que je ne manipule jamais ? Je suis allé vérifier sur Internet et c’est finalement le plus petit montant possible : 100 euros, soit 200 euros la passe. Bon, mon indignation aurait été plus grande si ç’avaient été des billets de 200 € voire 500 €, mais sans être spécialiste des tarifs, je vois qu’on n’est pas dans la prostitution bas de gamme (certes, pas le haut de gamme non plus je suppose). De la prostitution un petit peu moins glauque que ce qu’elle est au quotidien, disons, majoritairement.

Alors voilà, tout ça, c’est vraiment un procès d’intention. Je ne demande pas au cinéma d’être forcément un reflet du réel. Je ne demande pas au cinéma d’être dans sa représentation des choses et des gens statistiquement correct et je ne partage pas la connerie de ceux qui prétendent qu’Amélie Poulain véhicule l’idéologie du Front National parce que les quotas d’arabes et de noirs ne sont pas respectés.

Mais pour autant, j’ai l’impression que je connais déjà tout de ce film rien qu’en ayant aperçu l’affiche.

Je demande au cinéma de me surprendre, et j’ai l’impression qu’avec Cliente, c’est mal barré !

Pour ceux qui veulent voir un bon film sur la prostitution au masculin, je ne saurais trop leur recommander l’excellent J’embrasse pas d’André Téchiné (où qui plus est Emmanuel Béart est brune, donc deux fois plus splendide que d’ordinaire) sorti il y a 17 ans dans les salles.

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