Au commencement, il y avait juste une signature.
La mode des petites citations-signatures, si possible en ASCII-Art, est arrivée très rapidement mais n’avait pas trop cours dans le monde professionnel (mais on trouvera encore quelques admins réseaux qui la pratiquent).
Il y a eu aussi (et il y a toujours) les indications comme quoi les pièces jointes sont saines après contrôle par l’antivirus.
Sans oublier les signatures publicitaires ajoutées par les webmails gratuits (mais eux aussi sont peu utilisés dans le monde professionnel).
Puis sont arrivées au début du XXIe siècle les disclamers d’origine vraisemblablement anglo-saxonne, dont je me suis d’ailleurs toujours demandé – sans avoir la réponse – quelle était leur validité juridique, tout du moins en France. Elles me font le même effet que les modes d’emploi de four à micro-ondes sur lesquels serait indiqué : « Ne l’utilisez pas pour faire sécher votre chat après son bain ».
Le gros hit du moment, c’est la mention écologique bonne conscience, du genre ça :
Le papier est un bien precieux, ne le gaspillez pas. N'imprimez ce document que si vous en avez vraiment besoin !
ou bien ça :
Pensons à l’environnement. N’imprimons ce mail que si nécessaire.
ou encore ça :
Afin de contribuer au respect de l’environnement, merci de n’imprimer ce mail qu’en cas de nécessité.
(oui, vert, si possible, et avec un petit logo genre arbre ou planète qui ne s’affiche qu’avec Windows™)
Peu de temps avant mon départ en congés, parce que c’était plus simple pour moi de pointer les actions faites sur papier plutôt que de me les noter mentalement ou sur un tableau Excel créé pour la circonstance, faisant fi des préoccupations écologiques qui sont pourtant miennes, j’ai imprimé un courriel.
Sur la première page sortie de l’imprimante, j’avais les informations qui m’étaient nécessaires.
Sur la deuxième page qui clôturait l’impression, il n’y avait que cette phrase de signature à la con.
J’ai noté l’ironie de la chose et mes instincts de burpeur n’étant pas morts, je me suis noté ça dans un coin de ma tête en me disant que ça ferait une note tout à fait dans ma charte éditoriale.
Illustration : Tree, par Benedict Campbell