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Soli-dance-floor (Soli-day 2)

Sur le site du festival, vers 16 heures

La nuit a été courte. À 9 heures, je dois m’arracher à mes draps pour assister à la kermesse de fin d’année de l’école de ma cadette. Le festival ouvre ses portes à 14 heures mais attendra la fin de ma sieste, indispensable si je veux tenir le coup pour la journée qui s’annonce longue encore. Vanessa Paradis, que j’aurais bien écoutée par curiosité plus que par admiration (dans le registre de mes amours honteuses, à côté de l’intégrale de Mylène Farmer, il y a Marylin et John de la demoiselle en question), fera les frais de mon retard de sommeil (pas tout à fait comblé d’ailleurs). J’arrive sur le site du festival au moment où BB Brunes se produit ; je les écoute de loin d’une oreille très distraite. J’en profite pour visiter quelques stands que je n’avais pas vus hier. Je sirote une sympathique boisson ananas-gingembre (j’ai décidé de boycotter Heineken, d’autant que j’ai réussi à passer en contrebande ma flasque remplie d’un généreux rhum arrangé vanille 10 mois d’âge) ; je me fais alpaguer sur un stand de prévention où j’aurai l’occasion de récolter quelques préservatifs supplémentaires (dont un féminin) et faire le point avec ma dépendance à l’alcool (je n’ai aucune dépendance à la Heineken) ; je résiste (sans peine) à tous les marchands du temple (non, je n’achèterai pas de tenue baba ni de miroir-salamandre) et dirige mes pas vers mon premier concert de la journée. Ce sera Hindi Zarha, que l’on m’a recommandée la veille. Un concert bien sympathique, malgré les incidents de larsen répétés. Le concert est clôturé par « Stand Up », un morceau splendide plein d’énergie et entraînant, dont je me dis qu’il pourrait agrémenter la prochaine fête que je sonoriserai ((Hélas, quelques jours plus tard, j’ai trouvé sur le net la version studio que je trouve nettement plus plate, quel dommage ! J’ai d’ailleurs trouvé sur le site d’Amazon le commentaire d’un auditeur qui confirme que c’est une artiste de live dont le premier album studio ne rend pas la mesure de son talent.)

Je rejoins ensuite un couple d’amis pour écouter la deuxième moitié des délirants Oldelaf. Je pensais ne pas connaître du tout, mais en fait si, j’avais déjà entendu, même vu sur le net (pas l’entremise de Cécile de Quoi de 9) leur fameux « café ». Y a pas à dire, en live, c’est du délire.

Quelques errances plus tard, à la recherche d’un raccourci couple d’amis que je ne trouverai jamais, je m’avale après une longue queue un sandwich (et pas l’inverse) thaï (homéostasie, quand tu nous tiens !) et quelques morceaux de Jamie Lidell.

Carmen Maria Vega dans ses œuvres (de loin)

Puis vient le temps de Carmen Maria Vega. C’eut été un choix par défaut, ne supportant pas sa concurrente horaire sur le festival, Diam’s, si la Carmen ne m’avait été chaudement recommandée.
Et avec raison ! Cette fille est une petite boule d’énergie déchaînée sur scène et pétillante. C’est là que je retrouverai N*** et A*** avec qui je finirai cette deuxième journée festivalière. Tant pis pour le début du concert de Jacques Higelin, vétéran de l’affiche 2010, on savoure Carmen Maria Vega jusqu’à la dernière note en s’accordant même le temps de descendre une bière (envolées mes bonnes résolutions boycotteuses de début d’après-midi) avant de réussir laborieusement à se frayer un chemin jusqu’à la scène Bagatelle où se produit l’ancien. C’est la première fois que je le vois sur scène mais, pour avoir biberonné depuis ma prime enfance sur certains de ces albums-live-fleuve, je savais à quoi m’attendre, et, effectivement, je ne fus pas surpris. Petit discours convenu de l’ébouriffé au crin blanc sur la situation politique du moment, manquant un peu d’épaisseur, et final à rallonge sur le pétillant Champagne ! Merci Jacquot !

Une photo volée d’Higelin aperçu à la fin d’une séance de dédicaces un peu plus tôt dans l’après-midi

J’entraîne ensuite mes deux acolytes groover sur Chinese Man (« et un peu de sucre en poudre »), découverts l’an dernier sur la scène du festival Indétendances pendant Paris-Plage. Tandis que tous trois interprétons une langoureuse danse du sandwich, un jeune voisin étonné nous demande « si [nous sommes] cousins ». On ne leur apprend plus rien, à ces jeunes. Je ne félicite pas les bénévoles des différents stands !

À propos de cette danse, je vous livre impudiquement le souvenir qu’en garde N*** :

« Ta peau chaude, soyeuse, dont la pulpe de mes doigts devine le grain serré, la douce onctuosité ; ta haute stature dressée devant moi, ton dos délesté d’un sac qui en empêchait la proximité, il ne me reste plus qu’à glisser mes mains sous un tee-shirt bleu clair ; quelques centimètres carrés de peau parcourus, effleurés, scrutés, palpés qui se sont offerts à la caresse fugitive comme à la pression suggestive.
Descendre sur tes hanches, sentir ton bassin onduler, tes fesses plaquées contre mon pubis qui s’aimante sans retenue alors qu’A*** me comprime contre lui, contre toi, mon front posé contre toi, je me laisse porter par la musique, par la sensualité de l’instant. Ne m’écarter de ta peau que pour reconnaître celle d’A***, une main posée sur ta taille, l’autre au creux de celle d’A***. Découvrir la cambrure du bas de ton dos, en déterminer la courbure, en pressentir les vagues ondoyantes, regretter ce jean qui interrompt le chemin aventureux.
Souhaiter poursuivre cette ronde épidermique, sensible, charnelle sans se heurter au sac à dos qui cache ton torse, sans se confronter au tissu épais du jean qui emprisonne un sexe tendu et dont la main ne fait que deviner une raideur qui ne la rend que plus avide, que plus demandeuse.
Mon corps est gourmand des vôtres, mon sexe est ruisselant, les doigts d’A*** se glissent furtivement à l’entrée de mon sexe béant. Serrée entre vous, je m’impatiente de vos corps que je voudrais livrés à mes caresses fiévreuses, à mes mains empressées, à mes lèvres affolées, à ma langue d’affamée, à tout mon corps entièrement ardent.
Découverte parcellaire, parcours lacunaire de ton corps convoité qui aiguise un désir d’avancer sur une peau où les mains ne se sont pas perdues, vers un sexe que la bouche n’a pas goûté, vers une bouche qui dépose des baisers discrets. »

Ahum ! C’est vraiment sympa Chinese Man, y a pas à dire.

Une jeune festivalière avec une jupe élégante et de circonstances

Nous discuterons ensuite en écoutant la techno de Mondkopf (pas mal, peut mieux faire) puis en dansant sur les rythmes samplés de Miss Kittin ; c’est mieux même si ça n’est pas aussi extraordinaire que je l’espérais. La nuit est bien avancée. Il est plus de trois heures du matin quand nous quittons, ensemble, le site de Longchamp. Mais je n’ai pas d’énergie pour les suivre plus avant dans des prolongations fiévreuses qui m’emmèneraient trop loin dans la nuit.

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