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Casque t’écoutes ?

Puisque Libé s’obstine à ne pas me solliciter pour sa rubrique hebdomadaire « Casque t’écoutes » (notez le subtil jeu de mots – mais bon, que serait Libé sans calembour ?), je décide, en mode on n’est jamais si bien servi que par soi-même, de m’auto-interviewer.

Alors, CUI, casque t’écoutes ?

Le burpeur érotico-culturel, qui a connu sa gloire au mitan des années 2010, DJ maladroit mais enthousiaste, festivalier mono-maniaque, dévoile ses goûts musicaux à ses lecteurs inattentifs.

Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent avec votre propre argent ?

Si ma mémoire ne me joue pas de tour, il s’agit du 45 T de France Gall, Bébé comme la vie, au Monoprix de ma ville de banlieue. J’aurais aimé un souvenir plus prestigieux, mais j’ai mis un temps fou à forger des goûts musicaux qui s’éloignent du Hit parade d’Europe 1. C’était le temps de mes premières boums, j’étais déjà très romantique !

Je ne me souviens même plus de la face B, tiens.

Votre moyen préféré pour écouter de la musique, MP3, autoradio, platine CD, vinyle ?

Je dois humblement reconnaître que j’écoute majoritairement ma musique depuis les plateformes de streaming, malgré ma jolie collection de CD. C’est assez commode, et j’aime bien écouter les « radios » liées à un titre, dans l’espoir de découvrir de nouveaux artistes… Je ne reviendrai pas aux vinyles, sans doute parce que je n’ai jamais eu l’oreille assez fine pour en profiter de la profondeur. Un jour, j’ai eu droit à une démonstration, au Palais de la Découverte, il me semble, dans une chambre d’écoute, entre la qualité vinyle et la qualité CD. Le démonstrateur était exalté, « voyez comme l’échantillonnage fait perdre de la subtilité ! ». Sans aucun doute, mais pas assez pour me convaincre de renoncer aux CD qui ne se rayent pas, qui ne craquent pas, etc.

Et puis j’écoute aussi la radio, notamment Fip et Fip électro.

Et en voiture, j’ai mis plein d’albums dans une énorme clé USB.

Et puis je dois ajouter que j’ai un moyen rare, mais tellement génial, d’écouter de la musique : c’est en la mixant sur mes platines pour ambiancer la fête, chez moi (comme mes orgies électro-niques) ou ailleurs (j’ai déjà ambiancé deux mariages, tu sais ?).

Le dernier disque que vous avez acheté et sous quel format ?

Quand j’achète (ce qui est de plus en plus rare), c’est toujours au format CD.
Le dernier, c’était NO TITLE AS OF 13 FEBRUARY 2024 28.340 DEAD de Godspeed you ! Black Emperor, au stand merchandising de leur dernier concert, au Trianon, le 6 octobre dernier.

Où préférez-vous écouter de la musique ?

Un peu partout : dans la voiture quand je conduis, dans mon salon, quand je reçois des amis, dans ma chambre, quand je chille ou quand je baise, au bureau quand je ne suis pas en réunion, en concert, en festival… Mais pas trop quand je marche dans la rue ou que je prends les transports (là, je suis plus podcast). Mais s’il s’agit vraiment d’écouter et non simplement d’entendre : probablement dans mon canapé, quand je ne fais rien d’autre.

Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ?

Oui, ça m’arrive. Selon les circonstances, ça peut m’aider à me concentrer, à m’isoler, à me donner de l’énergie…

La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?

Évidemment, il y a une sorte d’autorité invisible du bon goût (musical), qui me dit que je ne devrais pas aimer Mylène Farmer, ou quelques tubes tout-venant comme Le Paradis blanc de Michel Berger ou Cézanne peint de France Gall (tiens ! la revoilà !)… Mais plus le temps passe et moins j’ai honte.

Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?

Régulièrement, il y a eu des grands hits adorés par ma génération qui me faisaient grincer des dents. Par exemple Come on Eileen des Dexys Midnight Runners. Souvent, le temps a poli ces détestations et je finis par aimer des morceaux autrefois abhorrés, sans doute pour leur délicieux petit goût de nostalgie. Mais celui cité ci-dessus me casse toujours les couilles oreilles.
En réalité, existe-t-il vraiment des trucs que « tout le monde aime » ? Ce qui s’écoute le plus, aujourd’hui, askip, c’est le rap, et 99 % de ce que j’en entends me scie les oreilles. Billie Eilish, j’aime po, et je ne suis même pas sûr de pouvoir citer un titre de Beyoncé.

Et, moi DJ, je refuse de diffuser Sous le soleil des tropiques de Gilbert Montagné. Sans doute de l’aveuglophobie ? (Je ne suis pas aveuglophobe, je diffuse souvent As de Stevie Wonder !)

Le disque qu’il vous faudra pour survivre sur une île déserte ?

(Je n’aime pas du tout ces questions dans lesquelles il s’agit d’élire UN préféré, car la vie demande rarement de ne manger plus qu’un seul dessert ou ne lire qu’un livre, fort heureusement… mais jouons le jeu.)

Je pense que, sur une île déserte, je crèverai en moins de deux, compte tenu de mon sens pratique, mais tant qu’à mourir, à supposer que ce soit avec une bonne chaîne hifi, autant que ce soit en écoutant en boucle une musique aimée alors let’s go pour Violator de Depeche Mode.

Y a-t-il un label ou une maison de disques à laquelle vous êtes particulièrement attaché et pourquoi ?

Pas vraiment, parce que je ne fais pas trop attention aux labels, mais Mute records pour Depeche Mode. Je pourrais citer aussi Island, Rough Trade, Ed Banger… mais ce serait presque malhonnête, pour la raison indiquée ci-avant (et parce que j’ai dû aller fouiller dans ma collection de CD et dans Wikipédia pour vous les citer).

Quelle pochette de disque avez-vous envie d’encadrer chez vous comme une œuvre d’art ?

Je ne suis pas vraiment fétichiste des pochettes de disque (mais bon, la rose rouge de Violator, je l’aime bien quand même).

Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?

Le conditionnel de la question est pertinent :-)
Sans doute un morceau de Bashung, mais il faudrait que je réfléchisse lequel.

Savez-vous ce que c’est que le drone métal ?

À force de lire la question dans Libé, j’ai fini par me documenter, et je répondrais : oui et non. J’ai vaguement compris la définition, mais quand j’ai écouté des exemples, je ne me suis pas senti capable d’identifier du drone metal à l’oreille.

De façon générale, j’ai énormément de mal à enregistrer tout ce qui est sous-genre de musique. Les grandes familles (genre : pop, rock, r&b, reggae… ça va, mais quand il s’agit de deep house, de dubstep ou du post-punk, j’ai la mâchoire qui se décroche).

Préférez-vous les disques ou la musique live ?

Pendant longtemps, j’ai préféré l’écoute attentive et confortable de mes disques sur la chaîne hifi de mon salon. Mais j’essaie d’aller souvent en concert (par manque de temps, d’organisation, il y a encore plein d’événements que je rate mais qui me tentaient) parce qu’il peut se passer, sur scène, avec le public, des choses qui ne se passeront jamais dans mon salon ! Donc : je ne choisis pas.

Votre plus beau souvenir de concert ?

Est-ce mon plus beau souvenir ?! Je ne suis pas sûr, mais c’est celui qui revient le plus spontanément quand je pense à un chouette concert : c’était Couscous Clan le 21 janvier 2017 au Canal 93 (Bobigny). Une toute petite salle, une super ambiance, et sur scène, Rachid Taha (un an avant sa mort) et Rodolphe Burger, avec quelques autres musiciens, qui prenaient visiblement un grand plaisir à partager avec nous leur musique métissée (rock, raï, électro…). Quel kif !!!

Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system ou n’allez-vous jamais en club ?

Hum… Ça fait un moment que je ne vais pas en club, mais quand j’y allais jadis, j’espérais draguer (ce que je ne faisais jamais, tétanisé par l’enjeu, comme d’habitude) mais au moins, j’espérais danser sur de la bonne musique (de toute façon, sur la mauvaise, je ne danse pas longtemps). Je suis aussi allé en club à quelques occasions pour me frotter salement contre mon amante au rythme des BPM. Quoi qu’il en soit, aller en club pour écouter de la mauvaise musique, seul ou accompagné : aucun intérêt !

Quel est le groupe que vous détestez voir sur scène, mais dont vous adorez les disques et inversement ?

Sans en faire une généralité, j’ai été déçu par un concert de Archive (au Trianon ou à l’Élysée Montmartre, je ne me souviens plus) qui m’avait paru sans relief, alors que je pourrais écouter en boucle Londinium.

A contrario, je ne suis pas un grand fan de M, mais j’avoue qu’il avait mis le feu quand je l’ai vu en live à Solidays.

Votre film musical préféré ou votre musique de film préférée ?

Peter Gabriel a fait au moins deux BOF merveilleuses (Birdy et La dernière tentation du Christ), mais je vais préférer citer ici le plus méconnu Mychael Danna, qui a signé la voluptueuse, planante, mélancolique BOF d’Exotica (d’Atom Egoyan).

Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?

Même si nous avons beaucoup de divergences en matière de goûts musicaux, on se retrouvera toujours autour d’un Bernard Lavilliers, et tout particulièrement l’album Les Barbares (dont j’avais tiré une note expérimentale qui vaut le détour).

Le morceau qui vous rend fou de rage ?

On va supposer que la question signifie « Quel morceau vous donne la pêche au point de partir en POGO et de tout casser ? ». Allez, un parmi d’autres : Get me out de New Model Army. Ça me rappelle ma jeunesse !

Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?

Ce sont plutôt des morceaux que j’écoute en boucle, mais cet album est resté longtemps coincé sur ma platine CD : Environs de Rodolphe Burger.

Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?

Franchement, aucun ! Et ça vaut mieux pour eux (je ne touche pas une bille ni en chant, ni sur aucun instrument).

La chanson ou le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?

Parfois, il y a des instants très précis dans des titres, qui me provoquent une grande émotion (et qui peut aller jusqu’à me tirer une larme – c’est arrivé dans un live de dEUS, pendant Instant Street, tu sais, le moment où la guitare démarre un nouveau morceau à l’intérieur du morceau, à 3’38 » juste après le petit break), mais plus régulièrement, certaines musiques mélancoliques me rendent moi-même mélancolique.

Ses titres fétiches

In your room de Depeche Mode (et son remix Jeep Rock Mix pondu par Portishead)

The Mountain de P-J Harvey sur l’incroyable album White Chalk

Gnossienne n°1 – Erik Satie (que m’avait fait découvrir chez elle au piano une femme rencontrée par Minitel quand j’étais encore presque marmot)

Regrets de Mylène Farmer, avec le regretté Jean-Louis Murat

NB : les liens vont vers Spotify. Si j’ai le temps, j’en metterai vers d’autres plateformes.

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