Tu l’auras peut-être noté, ami lecteur, je suis un peu maniaque des majuscules accentuées.
Je ne saurais plus dire quand cette addiction a commencé. C’était il n’y a pas si longtemps que ça. Bon, ça faisait longtemps que j’étais chatouilleux sur les questions orthographiques (en dépit de mes nombreuses lacunes, je ne prétends pas briller aux dictées de Mérimée ou de Pivot (o tempora…) et puis j’irai pô, si j’en ai enfin terminé avec les études ce n’est pas pour me remettre à plancher, les concours, ras-le-bol !). Je m’étais aussi intéressé aux questions typographiques lorsque j’étais rédac’chef de la feuille de chou dans mon école d’ingénieur, mais à cette lointaine époque, le Net n’existait pas (et toi, ami lecteur, te souviens-tu de ce que pouvait être ta vie sans Internet ? la téloche comme seul écran sur le monde ? moi j’ai oublié comment je survivais dans cette préhistoire).
Quand j’ai ouvert cette vaste fenêtre, forcément, le monde a changé et c’est sans difficulté que, cherchant des précisions sur les tirets cadratins ou les espaces (n.f.pl.) insécables, je tombai sur des sites documentés et étayés de spécialistes de typographie. Ô extase !
Quant aux majuscules accentuées, je me souviens d’être tombé sur une polémique concernant l’acronyme UQAM (ou UQÀM). Fallait-il mettre ou non son accent au A majuscule de l’Université du Québec À Montréal? Il faut savoir que les francophones du Canada sont accrochés à la langue française bien plus que les Français de France ne le sont, probablement parce que cette langue est fondamentalement constitutive de leur différence (quand pour nous elle n’est que vecteur de rassemblement, ce qui n’est pas si mal).
Si tu vas sur leur site, ami lecteur, tu constateras que le choix a été fait de mettre l’accent et j’en suis fort aise car je préconise moi aussi l’usage immodéré des majuscules accentuées.
Pourquoi les majuscules accentuées sont rares ? Tout simplement pour des raisons techniques. Quand les premières machines à écrire ont vu le jour, il n’y avait pas la possibilité de mettre assez de touches pour faire figurer ces caractères accentués.
On est légèrement dans la merde avec nos claviers d’ordinateur car le clavier AZERTY en usage en France n’offre qu’à peine mieux (ami lecteur utilisateur d’Apple™, je te prie de m’excuser de ma méconnaissance du clavier des Mac, il n’est pas impossible — mais pas certain non plus — qu’Apple offre une ergonomie plus élevée que PC dans le domaine de la saisie des majuscules accentuées : un commentaire pour nous éclairer sera le bienvenu).
Bon, pour les circonflexes ^ et les trémas ¨, c’est fastoche. La touche est prévue pour.
On commence par appuyer sur la touche ^ (celle qui est à droite du P) puis la lettre majuscule souhaitée :
Â Ê Î Ô Û
ou Maj + ^ pour les trémas
Ä Ë Ï Ö Ü
Au passage : je suis assez nul en tréma (l’accent qui sert à dire qu’une lettre doit se prononcer : ambiguë ne se prononce pas comme garigue), je ne sais jamais trop quand il faut le mettre ou pas : ambiguë ou ambigüe ? inouï ou inoui ? Alors → dico !
Ça se complique par la suite.
Commençons par l’accent grave. Pour celui-là, Windows nous facilite (légèrement) la tâche. Ami lecteur, entraîne toi, tire la langue et appuie sur les touches Ctrl + Alt + 7 (le 7 qui est au dessus du Y et du U : [7è`]) puis sur la lettre majuscule à accentuer. Truc de ouf ! À È Ì Ò Ù
Quant à l’accent aigu, il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer.
On pourrait imaginer répéter le miracle de l’accent grave avec la touche [4′{] mais walou, ça marche pô.
C’est plus pervers que ça. Ça marche dans Word™ uniquement.
Ctrl+4 puis E, sous Word, ça donne bien É. Mais pas ailleurs.
Comment faire, alors ???
Eh ben, autant être franc avec toi, ami lecteur, il faut se faire chier.
La première méthode consiste à apprendre par cœur les codes à saisir pour chacun des caractères fréquents dont on a besoin.
0201 pour un É : Maintenir la touche ‘Alt’ appuyée, saisir 0201 sur le pavé numérique à droite (sinon ça ne marche pas), relâcher le Alt et hop, le É apparaît.
Quelques uns des codes que j’utilise le plus :
0199 pour le Ç
0201 pour le É
0156 pour le œ
174 pour le «
175 pour le »
0153 pour le ™
0174 pour le ®
0169 pour le ©
0160 pour l’espace insécable (que ce salaud d’éditeur de notes sur H&F fait disparaître, grrr)
Et pour le reste, j’utilise la table des caractères :
Menu Démarrer / Programmes / Accessoires / Outils système / Table des caractères.
(NB : Je me suis programmé un raccourci clavier pour le lancer directement sans avoir à me fader tout le menu.)
Dans cette petite application, on trouve une tripotée de caractères dont on ne sait que faire (c’est beau l’unicode) et pour une partie d’entre eux, on trouve l’indication que j’ai ici entourée en rouge : le « raccourci » (c’est un bien grand mot) clavier à saisir pour obtenir directement le caractère.
Sinon, on sélectionne les caractères souhaités, et on fait un classique copier-coller.
C’est comme ça que je fais de jolies frises.
jolie frise
↓
₪ ₪ ₪
Une alternative consiste à activer, dans Word™, l’option Majuscules accentuées. Ensuite on tape son texte et avec un peu de chance Word propose alors de corriger les mots où l’accent manque. Si vous tapez « Elèves » il proposera « Élèves ». Si vous tapez « A demain », il s’en satisfera et il ne vous restera plus qu’à vous taper à la main le « À » par l’une des méthodes proposée ci-dessus.
Pour activer l’option en question, Menu Outils choix Options… onglet Édition (notez l’accentuation dans le choix Word !) puis cochez Majuscules accentuées en français.
Bon courage !