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Des morts

Seul à la maison depuis hier, j’essaye de meubler ma solitude soudaine comme je peux.
Habituellement (si on peut parler d’habitude), je profite des périodes (brèves, rares) où je me retrouve sans femme ni enfant pour donner un coup d’accélérateur à ma vie aventureuse. Si j’ai une amante, je la visite intensément, je dors chez elle, si elle veut bien (le luxe !). Si je n’en ai pas, je prévois un peu à l’avance et je tente de ponctuer ma semaine de quelques rendez-vous de prospection. C’était surtout vrai du temps où je fréquentais un site de rencontre.

Aujourd’hui, je suis coincé entre le tronc de mes résolutions de fidélité (thérapie oblige) et l’écorce du travail qui m’attend et que je repousse encore et toujours (et notamment : maintenant). Je m’occupe donc autrement.

La Pieuvre, 1890

Hier, en revenant de la gare Montparnasse où j’emmenai mes trois femmes prendre le train des vacances, je passai à proximité du Musée Rodin et me dis que c’était l’occasion où jamais d’y voir l’exposition Les figures d’Éros. Demi-tour, créneau, visite. 

Petite exposition, en vérité, mais les dessins qu’on y trouve étant relativement (n’étant pas grand spécialiste, tu comprendras ami lecteur que je ne te donne ici que mon avis subjectif et peu éclairé, qui vaut ce qu’il vaut donc) répétitifs, il n’y avait pas lieu non plus d’en mettre des salles et des salles.

Quelques dessins m’ont ému, si bien que je déambulais dans le musée affublé d’un tiers d’érection, jetant un regard furtif aux autres visiteurs(-teuses, soyons honnête) dans l’espoir ténu qu’une d’entre elles me jette un regard qui puisse être une invitation à discuter de l’émotion érotique devant un café et plus si affinités. Espoir qui ne verra pas l’esquisse d’une concrétisation, comme tu le devines, ami lecteur.
Les quelques sculptures étaient, à mes yeux, nettement plus touchantes. Passage rapide à la boutique du musée, d’où je ramène ces petits clichés clin d’œil :

 

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Revenons-en à nos moutons.

Pour meubler ma solitude, donc, j’écoute la radio.

Ce matin, en trempant mes tartines de brioche grillées et confiturées dans mon Tonimalt, j’appris donc la mort de Maurice Papon. À vrai dire, j’ignore dans quel état subsistait depuis 2002 Maurice Papon, libéré par application douteuse de la loi Kouchner qui vise à offrir aux prisonniers malades une fin de vie plus humaine (je dis douteuse parce que visiblement le Papon n’allait pas si mal quand d’autres continuent de crever en tôle). En tout cas, je sais que cette ordure n’avait non seulement nullement fait repentance pour le zèle anti-juif dont il fit preuve pendant la guerre, mais qui avait également ignominieusement organisé sa non-solvabilité pour ne pas avoir à payer les dommages et intérêts auxquels la justice l’avait condamné. Bref. Une ordure qui meure libre, j’aurais juste préféré que ce soit plus tôt. Notez que son avocat a encore l’indécence de faire son apologie post-mortem. Tout ceci est assez gerbos.

Sur France Info ce matin, en revanche, pas un mot sur la disparition de Robert Adler, quasiment au même âge (93 ans pour celui-ci, 96 pour celui-là). Ce brave Robert n’a (selon mes sources) fait embarquer aucun Juif dans un wagon à bestiau, mais a inventé la té-lé-co-mman-de. C’est tout de même une putain d’invention !

Aucun rapport entre les deux zigotos évidemment. 

Zappez. 

 

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