Samedi matin, il est encore tôt et la maisonnée est encore endormie. C’était la semaine dernière, quand la fraîcheur des températures avait brisé mes rêves d’été indien. Je portais donc, exceptionnellement, un pyjama et M*** aussi. Dans un demi-sommeil, je sens son cul qui vient se coller sur mon bas-ventre et se frotte. Nous sommes couchés « en cuillère » et, à ma cuillère, il ne manque pas le manche. Ce n’est pas si souvent que je la sens aussi femelle, ma femme. À moments exceptionnel, pratiques exceptionnelles. Sans un mot, je fais glisser son pantalon de pyjama pour découvrir son cul. Sans un mot, je me débarrasse du mien et vient frotter mon sexe raidi (bienfaits de l’érection matinale, conjugués à l’excitation du moment) contre ses fesses. Sans autre forme de procès, je saisis le tube de gel (toujours à portée de main, caché du regard des enfants entre le bord du lit et le mur, en enduis ma queue et sans effort, j’entre en elle. Quelques coups de rein suffisent à faire monter la température. Mon haut de pyjama est très rapidement inutile, je l’enlève comme un footballeur retire son maillot à la fin du match : d’un geste athlétique. Je remonte ensuite le haut de ma femme pour avoir libre accès à son dos et à ses seins. La position en cuillère a ses avantages (confortable, intime) et ses inconvénients (la position latérale n’offre pas une grande mobilité aux corps). J’allais pour changer de position et passer au missionnaire, mais elle réclame autre chose : « prends moi par derrière, je veux être sur le ventre ». Je ne me fais pas prier parce que j’adore également cette position, très « dominante », tout le poids de l’homme sur la femme quasiment immobile. J’invite mes doigts au voisinage de ma queue. Oh ! comme j’aimerais en glisser un dans son cul, mais c’est zone interdite. Depuis quelques temps, depuis qu’avec l’aide de la thérapie, elle se « lâche » un peu plus, je suis de plus en plus tenter de faire sauter le verrou, de lui faire accepter (parce que c’est vraiment ça) de prendre du plaisir avec sa zone anale. Ça ne veut pas dire nécessairement la sodomiser, non, mais au moins qu’elle y accepte les caresses, un doigt, une langue… À plusieurs occasions, ces dernières semaines, j’ai cru sentir qu’elle y était prête, mais je ne me suis pas lancé. J’ai peur de son refus, d’aller trop vite. J’ai mon impatience optimiste qui lutte avec ma résignation pessimiste de celui qui s’est trop souvent pris le mur en essayant de gravir une marche avec elle. J’ai très envie, donc, mais je ne le ferai pas.
Nous avons assez longuement fait l’amour, ce matin-là. Quelque chose comme une heure, sans être dérangés par les enfants. Nous avons fait quelques acrobaties, sorti le vibromasseur, elle a eu quelques orgasmes mais le mien ne venait pas. Pourtant, je ne m’étais pas épuisé la veille ni rien, peut-être était-ce l’engourdissement du matin, ou bien l’envie inconsciente de faire durer ce moment encore et encore (comme c’est souvent le cas avec mes amours adultérines). J’avais envie d’elle, de la pénétrer, encore. Qu’elle me suce, encore. Mais j’ai senti que son appétit à elle s’était tari. Elle aurait accepté, sans doute, que je m’escrime encore, à faire coulisser ma queue dans son fourreau, en y allant doucement, en sortant presque avant de m’enfoncer entièrement, la lenteur et l’amplitude maximisant les sensations : idéal pour gonfler, durcir. En alternance avec des va-et-vient plus rapides, pour faire grimper le plaisir.
Elle était sur le flanc, me tournant le dos. Derrière elle, je me suis mis sur les genoux, montant un peu les cuisses pour mettre mon sexe à hauteur de son dos. Je le frottais ainsi contre elle, tout en me branlant. Je branlais ma queue de la main droite, la gauche parcourait son corps. Elle disait, cette main, « j’aime ton cul », « j’aime tes hanches », « j’aime tes seins ». M*** restait immobile, ne faisait pas de geste pour m’accompagner. Je ne sais pas si elle déplorait cette pratique ou si elle l’approuvait tacitement. À ce moment-là, j’avais l’impression qu’elle souriait, qu’elle était heureuse. Je ne la voyais pas, mais j’imaginais qu’un peu de mon plaisir qui montait se transmettait à elle par le contact de nos peaux. J’aurais aimé qu’elle me prenne dans sa bouche pour que j’y jouisse, qu’elle m’offre ses fesses à pénétrer pour qu’y gicle ma semence. Mais je ne réclamai rien. Elle ne m’offrit rien de plus. J’ai joui en visant la couette qui nous recouvrait à peine. Un peu de sperme coulait sur elle et nos draps rouges sombre furent constellés d’une assez belle voie lactée.
« On changera les draps ce soir… »