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Automne (Cécile de Volanges – 7)

Cela fait un petit moment que je ne vous ai pas parlé de ma Cécile de Volanges mais ne croyez pas pour autant qu’elle ait disparue de ma vie. Non, c’est juste que l’intrigue n’a guère progressé ces dernières semaines. Les réunions de travail se succèdent sans changement majeur ni dans sa tenue, ni dans sa manucure, ni dans sa coiffure, ni dans son attitude, ni dans la mienne. On continue de s’échanger des regards, mais, somme toute, ces regards sont-ils visiblement différents de ceux que l’on adresse l’un et l’autre aux autres personnes présentes dans la salle ? J’aimerais bien que mon regard lui dise : « toi, j’ai envie de te plaquer contre le mur, d’enfoncer ma langue dans ta jolie bouche et de plaquer si fort mon ventre que le tien que la seule pensée qui arrivera à se former dans tes synapses sera l’envie immédiate de sentir ma queue en toi… ». Sauf qu’elle ne lit probablement dans mon regard que « un peu chiante, cette réunion, non ? » au pire, ou « je ne suis pas mécontent d’avoir des filles à regarder ici » au mieux, ce qui n’est pas très excitant.

Pas grand-chose à dire sur Cécile, donc, sauf trois choses.

D’abord, que j’ai un peu peur de l’appeler, par inadvertance, Cécile, alors que son prénom est évidemment autre, quoi que commençant aussi par C***.

Ensuite, que Cécile a désormais une concurrente. En effet, mon client a récemment embauché sur le projet une petite jeunette qui ne manque pas de charme. Dans l’absolu, bien plus proche de mes propres canons de beauté (elle a un petit quelque chose de Binoche… enfin, elle a un petit quelque chose de je ne sais qui et que je n’arrive pas à identifier, elle me fait penser à quelqu’un mais je ne sais pas qui…). Pour autant, le charme ne prend pas. Je ne sais pas à quoi attribuer ça. De la fidélité pour Cécile, peut-être, l’envie d’aller jusqu’au bout du rien avec elle plutôt que de me disperser encore… Ou tout simplement l’absence d’intérêt que cette dernière semble me porter (je ne dirais pas que Cécile me porte un intérêt soutenu, enfin je n’en sais rien, mais au moins on échange un peu ensemble). Très agréable en tout cas d’avoir des femmes à côtoyer dans le cadre d’un projet dans mon métier très très masculin.

Enfin, que ces deniers temps, j’ai trouvé à Cécile l’air fatigué. Elle bâille souvent, a les yeux cernés, une petite mine. Je me demande sur le compte de quoi mettre cette fatigue. Trop de travail ? Une vie personnelle débridée ? De l’insomnie ? Est-elle fatiguée pour d’agréables ou de tristes raisons ? Je n’ai pas la réponse.

« Il est très agréable de côtoyer des femmes dans le cadre professionnel… »

Illustration : Oleg Kosirev

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