Pauvre lecteur et néanmoins ami que j’ai laissé seul et en plein désarroi face à cette série de petits textes, illustrés, sans explication, sinon quelques indices en commentaires, et ces titres reprenant systématiquement ces trois signes : S-M-S.
Short Message Service, compagnon indéfectible de nos téléphones mobiles, que ferait-on sans ce petit complément d’âme à la voix offert par ces appareils désormais greffés à nos poches et sacs à main d’homo modernicus. Je ne vais pas vous refaire ici la success story de cette killer app, petit service ajouté presque par hasard à la norme GSM et dont le succès auprès du public n’avait absolument pas été anticipé. Pourtant, que d’usages possibles pour ces petits messages discrets qui permettent de communiquer de manière moins intrusive qu’un coup de fil ordinaire. La petite info clé envoyée à Dubosse (je me la joue Biba) en réunion, le billet d’excuse « je serai un peu en retard » que l’on envoie à son rendez-vous dans le métro à l’arrêt dans une station, quand on recapte enfin le signal.
Et évidemment, tous ces micro-textes où l’on dit à l’être cher son désir, son amour, ses craintes, ses envies. Forget me not…
Ces cinq messages que je vous ai donnés à lire sont les retranscriptions verbatim (à quelques corrections mineures près – les prénoms n’ont pas été modifiés !) de messages trouvés sur mon propre portable. Écrits ou reçus par moi ? Retransmis ? Seulement tapotés ? L’histoire ne le dit pas mais qu’importe. Ils disent le plaisir passé ou à venir, ils disent le début et la fin, ils disent le désir ou le désamour.
Amis de la (grande) littérature, remercions ces ingénieurs enfermés dans des laboratoires des fabriquants de téléphone à la pointe de la recherche technologique d’avoir inventé la saisie prédictive (mode T9, iTap…) qui permet de taper vite des mots correctement graphiés et les messages étendus qui permettent de s’affranchir de l’ancienne limite de 160 caractères.
Petite parenthèse à propos de ces 160 caractères, j’avais lancé jadis sur un forum de Lycos un petit concours : écrire une histoire érotique en 160 caractères maximum. Le style SMS était, à titre exceptionnel et pour corser un peu le jeu, autorisé. Voulez-vous y jouer ?
clavier SMS pour le Nokia UU203 (prototype de 1889, non commercialisé)
Et à propos du mode T9, ceux qui l’utilisent ont certainement remarqué les petites bizarreries parfois surréalistes qu’il nous offre quand, écrivant un mot, on voit sous nos yeux en apparaître un autre.
Petit glossaire que je vous invite à compléter par vos propres trouvailles :
- Groumpf / isotope (oui, « groumpf » ne fait peut-être pas partie de votre lexique mais je l’ai ajouté au mien – je groumpfe bien plus souvent que je n’isotope, d’ailleurs).
- Comme / bonne. Vous verrez si vous aviez « comme… » comme votre pseudo (bon, que je n’utilise pas non plus en signature de tous mes SMS. Vous pouvez m’appeler Jérôme).
- Amour / bonus : à noter que c’est également « amour » qui se forme quand on commence à écrire « contre » ou « contraire »
- Quête / queue (mais qu’est quête ?)
- Sucer / puces (démangeaisons violentes…)
- Chatte / chauve (une nuit sur le mont de Vénus…)
- www / xxx / zzz (on surfe, on s’embrasse ou on s’endort ?)