Avant-hier, c’était la migraine « mensuelle », violente comme souvent. Aucune raison de m’imaginer qu’elle simule (« pas ce soir, chéri, j’ai la migraine »). Je sais dans ces circonstances que je peux me la plier sur l’oreille. J’ai tout de même tenté de lui proposer ce qu’elle appelle « un câlin », c’est à dire la masturber, de manière à libérer les endorphines qui la soulagerait.
Sur l’efficacité de cette méthode, les différentes théories qui s’affrontent donnent des arguments aux pour comme aux contre, à en croire ces quelques liens : Doctissimo, re-Doctissimo, Le Chrétien et le sexe (sic). Y a-t-il une concernée dans la salle qui pourrait nous faire part de son expérience personnelle ?
Hier, la migraine se poursuivait qu’elle tentait vainement de repousser à grands coups de drogues.
Le matin, j’avais profité qu’elle parte avant moi pour me masturber (ce que j’appelle la masturbation hygiénique, un truc rapide sans rêverie, un truc mécanique, devant quelques images pornos, pas désagréable mais pas plus marquant que le café du matin).
Le soir, je couchais les filles et me mettais assez tôt au lit (j’étais crevé), mon PC sur les genoux pour essayer de rattraper un peu de mon retard dans la lecture des burps (environ 2200 notes à passer en revue, and counting, comme disent si bien les anglophones – 2200 ! vous y croyez, vous ? Les vacances vont être rudes et il y aura des pertes).
Extinction rapide des feux, je lui propose à nouveau un massage (hier, celui sur les tempes n’a pas été très efficace). Le cou ! me demande-t-elle. Je m’exécute, lui masse avec application le cou, les épaules, la nuque. Je lui demande de s’allonger sur le dos pour reprendre un massage du crâne (front, tempes, etc.) avec concentration. Ce n’est pas pour me vanter mais… je suis assez doué de mes mains. J’ai cette impression (il me semble que j’en avais déjà parlé ici) d’arriver à sentir au travers de mes doigts l’effet que ceux-ci procurent au corps que je caresse ou que je masse. Ça ne marche pas avec toutes les parties du corps – notamment les bras et les jambes, où l’influx ne « passe » pas – mais pour le dos, c’est très efficace, et ce soir-là, je me suis concentré et j’ai fait les gestes qui, je le croyais, m’auraient moi-même soulagés si j’avais été dans la position du massé, et apparemment mon application a payé.
J’ai été chaleureusement remercié.
Une fois le massage terminé, je me déporte de mon côté du lit et je m’apprête à m’endormir mais je la sens qui se love contre moi plus amoureusement que lorsqu’elle se prépare simplement à dormir. Oh oh ! Bonne nouvelle ! me dis-je. Et là, j’ai vécu un instant de grâce : elle, généralement si peu caressante, elle qui se contente généralement d’une stimulation certes très efficace et plaisante de mon sexe, elle m’a caressé tendrement le torse, les épaules, ses lèvres étaient plus souples quand elle m’embrassait.
J’ai eu cette pensée fugitive : « elle a un amant qui lui a appris que les préliminaires, ça n’était pas réservé à elle ». Ou alors elle se sera souvenu de cette lointaine demande de ma part. (Je vous ai dit que j’avais du mal à dialoguer dans mon couple. Il est un sujet – cela te semblera peut-être paradoxal, ami lecteur – dans lequel je suis de plus en plus sur la réserve, c’est celui de la façon de faire l’amour. Trop souvent renvoyé dans mes vingt mètres après avoir abordé le sujet, ayant trop souvent reçu des fins de non-recevoir, je n’ose plus demander, réclamer, expliquer…).
Hier soir, j’ai eu droit à des préliminaires et nous avons très sensuellement fait l’amour. C’était bon. Il faudra que je l’encourage sur cette voie.
Hier soir, mes mains ont chassé la migraine et transformé ma femme en amante.
Illustration : Arbre-lit, forgé par Shawn Lovell.