Puisque Niki en a marre de la gueule de Zizou, je lui offre en pleine page une photo de mon nouveau sex symbol (Crédit photo : Philippe Pochet) : Martine Aubry.
Le 6 novembre, les militants du PS vont voter pour les différentes motions en lice (il y en a 6) en préparation du Congrès de Reims. La désignation du nouveau Premier Secrétaire, c’est pour plus tard, le 20 novembre (ou le 21 s’il y a un deuxième tour) mais évidemment le résultat du premier vote sera fondamental pour mesurer les rapports de force au sein du parti entre les différentes lignes politiques choisies par chacune des 6 motions.
Sur les 6 motions, deux ne feront probablement qu’un score anecdotique, la motion B du « pôle écologique », vu que l’écologie est désormais intégrée comme une composante incontournable d’un programme politique au même titre que l’économie ou le volet social, même si d’une motion à l’autre il y a évidemment des nuances, et la motion F portée par « Utopia » dont le nom est assez parlant. L’utopie a sa place au PS, mais à la marge.
Restent 3 motions qui se divisent les suffrages de ce qu’on appelle le courant majoritaire, et une motion qui porte un idéal plus « marqué » à gauche, ce qu’on appelle « la gauche de la gauche » et qui, suite à la forte perte d’influence du PC, déséquilibre, il me semble, un peu le PS, qui se trouve désormais sans parti « tampon » entre l’extrême gauche qui a le vent en poupe mais ne se positionne pas comme un « parti de gouvernement » et lui. Se mélangent au sein de la motion C des gens comme Benoît Hamon (ex NPS) que j’estime et Jean-Luc Méléchon que j’aborre et qui, à mon avis, n’a rien à faire au PS.
Si l’on considère que le positionnement politique est linéaire (c’est-à-dire monodimensionnel, dans sa représentation traditionnelle, de l’extrême gauche à l’extrême droite, ce qu’il n’est évidemment pas mais cette vision simplificatrice a ses avantages), les partis se répartissent à peu près ainsi :
LCR – PC – PS – MoDem – NC – UMP – FN
(Ouais, je n’ai pas mis tous les partis, j’ai zappé les groupuscules [sauf le PC] et je ne sais pas où mettre les Verts.)
À partir du moment où on considère être détenteur de la vérité politique, et qu’on souhaite, dans un scrutin majoritaire, fédérer autour de son programme au delà de ses simples rangs pour obtenir une majorité, il me semble cohérent de rassembler gravitationnellement parlant « des deux côtés » donc aussi bien à gauche (PC) qu’à droite (MoDem). Ce sujet est l’occasion de nombreux étripages dans le parti, entre ceux qui considèrent que sur l’axe ci-dessus tracé, il est une limite indépassable entre le bien et le mal, la gauche et la droite, et qui excluent donc l’idée d’une alliance avec le MoDem, et ceux qui disent que ça ne leur pose pas plus de problème de s’allier avec le MoDem qu’avec le PC (voire, moins).
Les premiers se retrouvent (en gros) dans la motion C (Hamon), les seconds, qu’on peut qualifier de sociaux-démocrates, se répartissent sur les motions A (Delanoë), D (Aubry), et E (Royal). Peu d’écarts de doctrine entre ces trois motions alors pourquoi le choix de la motion portée par Martine Aubry ?
- D’abord, parce que Ségolène Royal me sort par les trous de nez (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : j’aurais nettement préféré que ce soit elle qui soit notre présidente plutôt que le Kayser Sözy) pour des tas de motifs comme sa prise de distance post-électorale vis-à-vis du programme qu’elle était censée incarner, son élocution insupportable, son ridicule show à l’américaine qui en dit long sur sa conception de la politique en général et du fonctionnement d’un parti en particulier.
- Ensuite, parce que j’ai lu (ouais ouais !) la contribution (j’ai dit contribution, pas motion) de Delanoë et que je l’ai trouvée truffée de grandes formules complètement creuses (j’avais pourtant confiance en lui pour diriger le PS, il a dernièrement plutôt baissé dans mon estime, néanmoins, je l’ai entendu lundi sur France Inter et je l’ai trouvé plutôt bon, vif et clair, il ferait quand même un bon premier secrétaire).
- Mais mon choix pour Aubry n’est pas un choix par défaut ou un choix « contre » (en tout cas, pas seulement), c’est aussi un choix « pour » :
- La femme qu’elle est (ça change de tous ces mecs qui pensent avec leur braguette – mais non DSK, je plaisante, comme je te comprends, je t’envie, même !) ;
- Tout ce qu’elle a à son actif (les 35 heures, par exemple, s’il n’en fallait qu’un) ;
- Son engagement européen (c’est quand même la fille de son père) ;
- Sa volonté de vraiment réunir au sein du PS, notamment sur le sujet européen, en particulier avec son alliance avec Fabius (la plaie de la fracture entre les oui-istes et les non-istes du PS est encore à vif) ;
- Sa capacité à rétablir une autorité qui manque au PS (on ne dira jamais assez le mal qu’à fait, à ce titre, Hollande la mollesse tranquille au parti depuis six ans) sans mettre en avant pour autant un ego démesuré à la Royal ou à la Delanoë (même si ce dernier s’en défend un peu plus que Ségolène). Certes, les ambitions sont légitimes, mais qu’elles soient d’abord au service d’un parti que d’un individu.
Si par extraordinaire vous avez réussi à me lire jusqu’à la fin sans bâiller et qu’en plus vous voulez en savoir plus et que vous n’avez rien de plus intéressant à faire, vous pouvez toujours aller faire un tour sur le burp du PS dédié au congrès.
PS (eheh) : Le titre de ce billet est évidemment un hommage à la série des Martine…