Ce dimanche matin, le ciel parisien est bouché par une épaisse couverture nuageuse. Je me lève péniblement pour vider ma vessie et je constate que ma voute plantaire se souvient encore des excès d’hier. Je sens qu’elle va être éprouvante, cette troisième journée.
Emily Haines est sexy comme tout dans sa petite robe courte (dingue, le nombre de groupes menés par de vigoureuses nanas, cette année à Rock-en-Seine – P.J. tu me manques !).
Le concert fini, je me dirige vers les rythmes africains du Sénégalais Baaba Maal (dont les percussions sonnent de l’autre bout du parc), en faisant toutefois escale au stand thaï (c’est beau la world culture). Oui, j’ai décidé que mon menu serait thaï aujourd’hui. Pour le déjeuner : salade de papaye que je relève d’une sauce piquante pas piquée des hannetons (au moment où je prends ces notes, ami lecteur, force est de constater que j’ai la bouche en feu).
Je vais ensuite à la scène de la Cascade où démarre le concert de Robin McKelle. Une ambiance jazzy cuivrée donne tout de suite le ton. Pas assez original, en tout cas, pour me retenir, alors après quelques morceaux, je me dirige doucement vers la grande Scène pour écouter le concert de Macy Gray qui va bientôt commencer.
Après Macy Gray, j’écoute la fin du concert de Sliimy, une sorte de machin indéfinissable, un mélange de Prince, Michael Jackson et Gotainer, tout en sirotant un jus de fruits frais (ami lecteur, si tu t’es perdu dans ma phrase, je te fais le plan : c’est Sliimy qui s’agite sur scène et c’est moi qui bois).
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Pas rassasié par ce goûter (je parle du jus de fruit, pas de Sliimy, qui n’était pas plus nourrissant, soit dit en passant), je m’attrape une crêpe au caramel au beurre salé (pas thaï, me feras-tu remarquer, avec raison) sur la route des Eagles of Death Metal, qui, tu l’auras compris au nom tout en finesse, délivre un rock bien gras et aussi épais que la moustache de son leader, qui s’amuse même à la coiffer plein cadre sur l’écran géant d’un œil coquin. Ce sont des vrais rockeurs, j’vous jure. Leurs bras sont tellement tatoués que, de loin, on a l’impression qu’ils sont couverts de cambouis.
Pas de quoi me retourner le cœur, évidemment (je parle des Eagles, pas de la crêpe).
À suivre, l’événement mystère du festival avec Les Petits Pois. Mystère mes fesses ! Apparemment, le secret était sérieusement éventé, puisqu’on m’avait annoncé dans la journée de qui il s’agissait (et les comptes rendus trouvés sur le net le confirment), mais pour moi qui n’avais pas cherché à le percer, ç’aurait pu en être un.
« Derrière cet étrange pseudo – en français dans le texte – se cache une bande d’aventuriers, tous habitués des scènes rock internationales mais qui n’ont pas l’habitude de jouer ensemble. Ce super groupe taillé pour le live, dont l’identité devrait rester secrète jusqu’à son premier concert, fera de rares apparitions sur quelques festivals européens cet été. Rock en Seine est l’escale française de ce projet mystérieux qui, d’après les maigres informations dont on dispose, devrait s’inscrire dans l’histoire du festival comme une énorme déflagration… »
Ça, c’est pour l’article (dans le sens faire l’article) dans le programme.
Apprends donc, ami lecteur, que Les Petits Pois = Them Crooked Vultures = gros rock bourrin qui a encore oublié de mettre des mélodies dans leur morceaux (tout le contraire de Faith No More, comme je le racontais hier). Alors, l’énorme déflagration, je ne crois pas.
(À noter qu’entre les Eagles et les Vultures, y sont drôlement originaux ces noms de groupes rock !)
Demi-tour pour se placer devant la grande Scène pour les petits prodiges de MGMT (j’apprends d’ailleurs à l’occasion que MGMT = ManaGeMenT ; vous le saviez, vous ?). Arrivée sur scène avec brossage dans le sens du poil du public français : éclairage bleu blanc rouge et évocation synthé de Gainsbourg, millésime Melody Nelson. Malheureusement, ce que je disais vendredi à propos des Yeah Yeah Yeahs, a trouvé dans la prestation de MGMT un exemple de ce qui me déçoit : un concert qui diffuse en live une copie sans âme de son album. Certes, j’aime beaucoup leur musique et je ne voudrais pas noircir le tableau : c’était un plaisir de les écouter. Mais il manquait clairement quelque chose pour que ce concert soit vraiment mémorable, pour que le public décolle.
J’ai toutefois une théorie : la perception que l’on a d’un concert est très différente selon l’endroit où l’on se trouve pour l’écouter. Devant sa télé, si le spectacle est filmé, ça ne sera pas comme si on l’écoutait allongé sur la pelouse en live, ni comme si on l’écoutait debout dans le public, et pas non plus comme si on l’écoutait dans les premiers rangs de la fosse. J’en avais fait l’expérience, presque par hasard, au concert de Peaches (souvenez-vous de ce moment d’anthologie). Pour MGMT, j’étais peut-être un peu trop loin de la scène, entouré d’un public assez statique (où je ne dépareillais pas) et ici, ça ne vibrait pas vraiment1.
Sauf, à la fin, pour leur gros hit et le délire au synthé qui suivit (il était temps !) alors que la foule faisait déjà, mystérieusement, demi-tour pour le concert suivant (comme ces spectateurs qui se lèvent dès le premier mot du générique de fin et qui ratent parfois quelques séquences bonus pleines de sel).
Je passerai rapidement sur The Klaxons écoutés très distraitement tout en avalant mon pad thaï végétarien (des nouilles sautées, en fait, pas mauvaises) arrosé de quelques lichettes de rhum.
Sur ma wish list : PJ Harvey, Nine Inch Nails, Rodolphe Burger, dEUS, A perfect circle, Radiohead (encore !), Herbalizer, Ghinzu et la reformation (puisque c’est la mode) de The Stranglers !
- notons que d’autres chroniqueurs abondent dans mon sens↩