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Aux Champs-Élysées (la la, la la, la)

Je débarque du TGV vers 20 h 40 ce soir et j’enfourche mon fidèle destrier pour rentrer chez moi après une journée de baise dur labeur. Arrêté à la pompe à essence, car mon fidèle destrier a soif, j’entends des coups de klaxon. Je pense d’abord à un mariage (un réflexe conditionné sans doute), puis je me dis qu’un mercredi soir, c’est pas vraiment la saison. Je regarde un peu mieux, je vois des drapeaux algériens agités aux fenêtres par des supporters habillés en vert et blanc et j’en conclus (avec le sens de la logique qui caractérise l’ingénieur informaticien) que l’Algérie a dû gagner son match de barrage contre l’Égypte.

Je reprends mon itinéraire et les voitures qui klaxonnent, les motards en scooter qui roulent comme des kékés et les piétons en liesse se font de plus en plus nombreux. Je me fais cette réflexion que ce genre d’événement permet de palper l’importance de la communauté algérienne en France.

Vroum vroum ! Je slalomme entre les voitures pour rentrer chez moi et mon cerveau d’ingénieur informaticien se met en branle : — Mais bien sûr ! Ils convergent vers les Champs-Élysées ! Ça va être un sacré bordel !!!

C’est sur mon chemin habituel pour rentrer dans ma banlieue, les Champs. Je me dis d’abord que je ferais mieux de prendre un itinéraire bis, et puis je me dis « oh ! et puis non ! ça va être pittoresque ! »

Je ne peux m’empêcher, au cœur de ces effusions de joie, d’arborer moi-même une sorte de sourire béat, l’euphorie ambiante étant contagieuse. Je me souviens de 1998 (I was there!) même si, évidemment, ce n’est pas tout à fait le même degré d’hystérie collective.
Et puis soudain je sens monter en moi les larmes, irrésistibles.
Putain de lacrymos !

Je m’échappe aussi vite que possible, brûlant un feu autant que mes yeux me brûlent. Je remonte encore un peu les Champs, jusqu’à un point qui me semble difficilement traversable alors je bifurque, prends un axe parallèle, m’approche de la place de l’Étoile avec dans l’idée d’attraper, d’une manière ou d’une autre, l’avenue de la Grande Armée, quand mes yeux subissent une seconde attaque. Arrrrrrrrrrgggggghhhhhh !

Bon, je vous épargne la suite, je finis quelques contresens plus tard à arriver chez moi sinon sain, au moins sauf, et la conclusion s’importe : la logique à toute épreuve de l’ingénieur informaticien n’a pas été démentie : c’était pittoresque.

Pour se rendre sur les Champs, penser à adopter une tenue adéquate

* * *

Épilogue : rentré chez moi, je jette quand même un œil au match retour France-Irlande pour assister à notre victoire un peu merdeuse. Et je ne vais pas fêter ça sur les Champs-Élysées.

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