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Emma Becker : poney M. ?

Je tombe ce soir sur le portrait d’Emma Becker1 en dernière page de Libération. Quand je dis « portrait », je parle d’un texte racontant sa (brève) histoire, pas un portrait photographique bien que le portrait textuel soit accompagné d’un portrait en pixels, qui n’est pas l’image – que dis-je, la vignette – trouvé laborieusement sur Internet (il semblerait que, prise de remords, sans doute la traînée de poudre de sa notoriété soudaine, la demoiselle ait souhaité se faire plus discrète sur la toile. Sur la photo (plus jolie) de Libé, on voit sa belle chevelure blond cendré (j’aurais dit « châtain » mais Libé dit « casque de cheveux blonds » alors je brode), son joli nez et un peu moins son menton prognathe qui, comme sur la photo ci-contre, lui fait une moue boudeuse à la Charlotte Gainsbourg.

Ce n’est pas de son aspect physique que je veux vous parler.

Le portrait nous permet donc de découvrir que cette jeune étudiante de 22 ans vient de publier un bouquin racontant une liaison qu’elle a eu avec un homme de vingt ans son aîné, liaison plutôt courte semble-t-il (quatre semaines ?). Avec ce monsieur (qu’elle appelle justement Monsieur), elle jouait dans des chambres d’hôtels à faire le poney, se faire sodomiser et éjaculer sur le visage, et d’autres joyeusetés certainement mais l’article n’en dit pas plus. Pour plus de renseignements, achetez donc son bouquin, il paraît que c’est bien écrit et, apparemment, c’est un avis que partage largement sa famille, plutôt décontractée donc. Vous apprendrez donc (bien que je craigne, au lecteur dépravé qui traîne ici, qu’il soit difficile de t’apprendre quoi que ce soit en la matière qui te fasse, ne serait-ce que d’un poil, sourciller) que le Monsieur était un macho sans cœur de la graine qui rend les jeunes filles folles de désir. Et puis que « le plaisir qu’un homme peut donner à une femme n’est pas corrélé à son âge. » Ce n’est même pas un plaidoyer pro domo, le plaisir qu’un quarantenaire peut donner à une femme est largement supérieur à celui que peut donner un p’tit con, nonmého (© Peel).

Ce n’est pas du bouquin que je veux vous parler.
Ni des histoires de sexe entre une petite Elisa de 20 berges et son Gainsbourg de 40, si tu crois que cela me dérange ah non vraiment (j’en profite pour passer un message perso à A*** : ça fait bien longtemps que ta bouche ne s’est pas posée sur mon sexe, tu ne trouves pas ?).

Y a un truc qui m’agace somptueusement, et sur lequel la journaliste de Libé Marie-Dominique Lelièvre laisse planer un silence coupable2, c’est que le titre du livre c’est « Mr. » et qu’on l’appelle à l’intérieur « Monsieur ». Or chacun sait que « Mr » est l’abréviation de Mister, tandis qu’en français Monsieur s’abrège M. et pas autrement (une étudiante en Lettres à Censier, en plus, si c’est pas malheureux, le niveau baisse chez les éditeurs et les auteurs en herbe).

Ce n’est pas de la décadence de la typographie que je veux vous parler.

Ce dont je veux vous parler et qui m’a mis sur le cul, outre le fait que nous partageons elle et moi la même date d’anniversaire, c’est qu’elle a lu (à 8 ans) Le Point d’Orgue de Nicholson Baker (ce n’est pas non plus à Nicholson qu’elle doit son pseudo, ndlr). Lu et relu précise même l’article. Alors pour moi qui considère ce bouquin comme un des sommets de l’érotisme, vous comprendrez que cette petite ne peut que m’être éminemment sympathique.

(Quant à la conclusion de la journaliste, elle est assez médiocre et convenue, et il vaut mieux la sauter3.)


  1. C’est un pseudonyme qui ne vient pas de Boney M, contrairement à ce qu’on pourrait se laisser à imaginer.
  2. J’aurais pu dire qu’elle ne lève pas le lièvre mais ce serait m’abaisser à un piètre jeu de mot sur un nom de famille, ah vraiment non c’est pas mon genre.
  3. Sauter Lelièvre. Ah ah ! C’est vraiment nul, les jeux de mots sur les noms de famille, mon garçon. Ok je sors.
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