C’était une idée d’O***, pour mon anniversaire. Une sorte de fantasme, comme un gros gâteau d’anniversaire baroque, avec trop d’étages, trop de crème, trop de sucre, de nougatine, de fraises et de framboises, de pâte d’amande, de meringue, de caramel, de coulis, de glaçage tout chocolat.
Le truc que vous regardez les yeux brillants « c’est pour moi tout ça ? » et dont vous ressortez écœuré, coupable de gourmandise et honteux d’avoir les yeux plus gros que le ventre, ou bien dont vous ne ressortez juste pas : vous en mourrez d’extase, d’overdose, avec un sourire sur les lèvres d’où s’écoule un peu de chantilly.
Je ne sais pas, je ne l’ai pas eu, mon cadeau.
Mais arrivé à mes 45 ans, l’Envie, cette garce, me chuchote à l’oreille : n’est-ce pas sa démesure qui rend cette idée méritante de prendre corps (si je puis dire) ?
Je me lance donc, avec l’optimisme des nigauds, et je m’organise mon gros cadeau d’anniversaire mégalomane à moi.
C’est fort simple : je veux tout bonnement réunir rien que pour moi, pour un jour et une nuit, le plus grand nombre d’amantes dévolues à mon seul plaisir. Amantes présentes, passées, futures, vous laisserez à l’entrée de cette Chambre des Secrets vos envies d’exclusivité et votre orgueil. Votre seule ambition sera de marquer du fer rouge de votre présence ce moment homérique, que vous passiez avec moi dix minutes ou dix heures.
Quelle tenue choisirez-vous de porter, lorsque vous pénètrerez dans cette pièce ? Un jean et un pull à même la peau ? Un corset et des cuissardes ? Des bas maintenus par un élégant porte-jarretelles ou des collants prêts à se faire déchirer ? Sept voiles ? Un costume de Catwoman en vinyle ? Rien qu’un bandeau ?
Vous viendrez sucer ma queue avec dévotion. Vous viendrez me montrer votre chatte luisante en me la collant presque sous le nez et comment vous la branlez. Vous viendrez m’offrir votre cul pour que je le couvre de sperme. Vous viendrez me raconter combien votre nouvel amant vous fait jouir bien mieux que moi et que vous êtes bien contente de vous être débarrassée de moi. Vous viendrez me lécher les orteils et me branler avec vos petits petons enveloppés de longues chaussettes multicolores. Vous viendrez me faire, suavement à l’oreille, le récit de votre dernière partouze pendant que vous verrez, accroupie sur la pointe des pieds, une brune folle faire glisser son fourreau sur mon membre raide rougi par l’excès de cette nuit, et derrière une blonde rieuse me lécher les couilles. Vous viendrez m’étouffer de votre cul rebondi pour sentir ma langue se glisser, humide, dans votre petit trou. Vous viendrez pour vous souvenir de ce que ça faisait, de sentir ma queue s’enfoncer dans votre ventre. Vous viendrez pour découvrir le goût de mes lèvres. Vous viendrez pour gamahucher les demoiselles qui s’ennuieront à faire la queue pour quémander un peu de mon attention, trop contente de l’aubaine pour vous laisser aller à vos penchants saphiques et pour vérifier si les scènes lesbiennes me font de l’effet ou pas (je prétends toujours que non). Vous viendrez masser de vos seins généreux mon sexe endolori. Vous sortirez de votre sac votre toute nouvelle acquisition, un joli gode-ceinture, pour voir s’il est à la taille de mon cul. Vous vous battrez pour trouver une prise libre pour recharger votre rabbit pour vous goder en m’insultant pour ma fatuité en contemplant mon sexe rabougri incapable de sortir de son coma après la superbe pipe administrée par l’autre petite salope arrivée un peu avant vous. Vous viendrez pour inventer avec moi cette journée et raconter fièrement, à vos arrière-petits-enfants un soir de Noël, quand ils vous réclameront encore une histoire :
— Et la fois où Mamie était à la fête d’anniversaire des 45 ans de CUI, vous la connaissez ?
(Ils risquent de vous dire que vous radotez, les salopiots.)
Ce sera en février, pour que vous ayez le temps de vous organiser. Vous savez où me trouver (ou si vous ne savez pas, c’est par ici), je vous donnerai les détails.