[86] Plus j’aime les hommes, moins j’aime les chiens

… et ce malgré une misanthropie légère, née au fil des ans et s’épanouissant avec l’âge. Mais je fais partie mordicus de cette frange de l’humanité qui place au dessus du lot, au dessus des dieux et des animaux, l’homme. Je mets aussi la femme par dessus le lot ; après, de savoir qui prend le dessus de l’homme ou de la femme, on en discutera dans une prochaine note sur le kamasutra.

Je voue un mépris féroce pour les défenseurs des animaux qui n’ont pas trouvé de meilleure cause à défendre que ces pauvres bestioles au cerveau rachitique, incapables de rire devant un dessin du Canard Enchaîné (pourtant, Lefred-Thouron est hilarant, non ?). Y en a qui se plaignent quand l’épouvantail de la politique français vomit qu’il ne trouve pas que l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale ait particulièrement était inhumaine, y en a qui s’indignent que le gavage des oies ne soit pas une manière de traiter ces palmipèdes avec assez d’humanité. Bordel, le foie gras c’est quand même meilleur que le tofu.

medium_delphinarium.gifMon indignation n’a fait qu’un tour en lisant cet article de Libération paru le 21 juillet, spirituellement titré selon la coutume en vigueur dans ce journal « le troisième delphinarium français fait flipper ». Mon indignation serait un coureur cycliste, faire un tour aurait pu prendre du temps, mais là, non, 1,32 seconde a suffi entre le moment où mon cerveau supérieur d’hominidé déchiffrait les caractères imprimés sur le journal (fais-en autant, ami rottweiler arrivé par je ne sais quel coup du destin sur mon burp) et celui où mon cri indigné résonna dans la rame de métro : « Putain mais comment peut-on dire des conneries pareilles sans se sentir immédiatement sidéré par sa propre crétinerie ? ». En réalité, je laissais mes voisins terminer tranquillement leur Sudoku et je criais en silence (un truc que nos amis les canards ne savent pas faire).

Présidente de One Voice, Muriel Arnal déclare donc que ces pauvres dauphins vivants en captivité « travaillent pour les spectacles uniquement motivés par la nourriture ». À croire que selon Muriel Arnal, les O.S. de chez Renault seraient motivés par le grand épanouissement qu’ils retirent en trimant devant leur tourneuse-fraiseuse en faisant les 3×8 (plus que deux cent dix huit enjoliveurs et j’aurai le droit à une sardine).

Je sais bien qu’on dit que les dauphins sont des être dotés d’intelligence, d’un langage, même. Fort bien. Mais les ouvriers du BTP qui bossent au noir et qui crèvent en silence sous la canicule pour construire nos autoroutes et nos Musées des Arts Premiers, est-ce qu’elle s’en tape, Muriel Arnal ? Est-ce qu’elle est vraiment convaincu au fond d’elle-même que le sort d’une quarantaine de dauphins (au bas mot) est une cause plus nécessaire à défendre que la liberté d’expression des journalistes dans les régimes dictatoriaux, que les conditions de vie dans les prisons françaises, que les nègres qui crèvent de faim ou du sida par millions en Afrique ?

Je ne voudrais pas qu’on croit que je pense que parce qu’une cause serait moins importante qu’une autre, elle ne mériterait pas d’être défendue (comme les ânes qui gueulent sur l’argent dépensé pour la culture ou un feu d’artifice alors qu’à côté y a des gens qui ont faim), je parle là d’un fossé, d’un abîme qui sépare ces combats, et qu’ils ne sont pas loin de la maladie mentale ceux qui investissent leur énergie dans la bataille pour les conditions de vie des souris de laboratoires (il y en a qui vont jusqu’à tuer) quand leurs frères humains ont des problèmes un peu plus lourd à gérer qu’un peu de peinture qui s’effrite dans leur bassin (sic).

Et les propriétaires de clebs qui ne ramassent pas leurs déjections sur le trottoir, ils m’emmerdent, au littéral comme au figuré.

 

7 gazouillis sur “Plus j’aime les hommes, moins j’aime les chiens”  

  1. #1
     
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    Douda a gazouillé  :

    Je joins mon indignation à la tienne. Si seulement ils assumaient leur zoophilie, on pourrait à la rigueur se montrer compréhensifs…

  2. #2
     
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    ba a gazouillé  :

    je vais avoir l’air très, très mais alors très cucul la praline mais moi, je comprends que ces gens s’émeuvent. cela ne veut pas dire que je me foute du sort des gens qui triment mais je crois que respecter l’avenir de l’Homme passe par le respect de l’endroit où on vit. Donc le respect de l’écosystème.

  3. #3
     
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    Comme en terre a gazouillé  :

    @ Douda > baiser dans l’eau c’est pas très commode, et puis il paraît que les dauphins en ont une toute petite.

    @ ba > Je suis en train de préparer une note qui atteindra des sommets jamais imaginés sur ce burp en matière de cucul-la-pralinerie ; n’aie donc point de complexe en ce domaine. Je suis bien content que tu ne sois pas d’accord avec moi, ce n’est parce que je suis sur mon burp à moi que je n’accepte pas la contradiction, ou le débat d’idée, au contraire !
    Toutefois, je trouve que ta réponse est un peu à côté du sujet ; il ne s’agit pas exactement de respect de l’écosystème mais de condition de vie des animaux en captivité. On peut être totalement opposé aux animaux en captivité (il y a des opposants aux zoos), et en particulier pour les dauphins (qui sont réputés être parmi les animaux les plus intelligents — donc potentiellement les plus sujets à souffrir de leur conditions de vie, mais dire ça à mon avis, c’est déjà un début de délit d’anthropomorphisme).
    Il m’a juste semblé, au travers de l’article que j’ai lu, que les conditions de vie de ces dauphins n’étaient pas si déplorables que ça. Je ne veux pas peindre le tableau en rose non plus, l’espérance de vie des dauphins en captivité est réduite par rapport aux dauphins qui vivent en liberté et ne se font pas prendre dans les filets de pêche au thon.
    De même, l’espérance de vie du peintre en bâtiment qui respire du toluène toute la journée n’est guère glorieuse.
    Je crois qu’il y a perversité non pas à s’émouvoir des conditions de vie des dauphins, mais de placer ce combat au dessus de bien d’autres d’une façon que je juge (subjectivement) disproportionnée.

  4. #4
     
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    margotine a gazouillé  :

    La seule différence entre les deux est que le premier peut toujours aller voir ailleurs si ça lui chante, contrairement au second qui, lui, n’a rien fait pour se (re)trouver là… il me semble que la nuance est énorme (mais je compatis aux deux et je m’impliquerais autant pour l’un que pour l’autre si le cas se présentait).

    Tout est relatif…

  5. #5
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ margotine » C’est sûr, l’OS de chez Peugeot mécontent de son sort a énormément de choix de vie. S’il en a marre de travailler à la chaîne, il peut toujours aller au Pôle Emploi.

    (J’aurais pu un peu mieux écrire mes vieux articles, moi.)

  6. #6
     
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    Fay Grim a gazouillé  :

    C’est dommage : la première fois que je m’exprime ici, c’est pour manifester mon désaccord.
    La différence entre un travailleur à la chaîne et un dauphin ou une oie, c’est que le premier est rémunéré (certes, pas assez, mais c’est un autre débat) pour son travail, et qu’avec cet argent il peut chercher un peu de plaisir en ce bas monde. C’est un accord entre deux parties consentantes.
    Le dauphin ne gagne rien a être enfermé étroitement dans un milieu qui le tue à petit feu. L’oie ne gagne rien à être gavée, si ce n’est des vomissements constants qui rendent sa vie un enfer de santé ruinée pour le seul plaisir gustatif de l’homme.
    J’espère que vous avez changé d’avis aujourd’hui… et je vous donnerai peut-être ma recette de faux fromage végétalien raté qui ressemble à du pâté.

  7. #7
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Fay Grim » La bienvenue ici !
    Effectivement, vous venez à peine d’arrivée et déjà une mauvaise nouvelle : je n’ai guère changé d’avis sur le sujet. Évidemment, je pourrais nuancer les propos de cette note écrite en « mode provoc », mais globalement, je maintiens mon échelle des valeurs.
    Pour le dauphin, vraiment, je ne sais pas s’il meurt « à petit feu » de façon plus rapide ou pas que le mineur qui crève de silicone, ou le peintre en bâtiment intoxiqué par les produits chimiques qu’il respire à longueur de journée, etc.

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