(Le retour de monsieur le donneur de leçons, histoire de ne pas laisser en désuétude cette catégorie de mon burp)
La langue française, peu avare en homonymes, nous en a offert un joli couple en la personne (?) de cahot et chaos.
Quelques définitions en provenance du TLFI dont je ne dirai jamais assez de bien :
CHAOS, subst. masc. (du grec χάος)
A. COSMOGONIE
1. MYTH. GR. Espace immense indifférencié préexistant à toutes choses, et notamment à la lumière.
2. [Dans la tradition judéo-chrét.]
a) État vague et vide de la terre avant l’intervention créatrice de Dieu :
b) [P. amalgame avec le concept gréco-lat.] Confusion initiale, indifférenciée et informelle de la matière et des éléments, antérieure à l’organisation du monde par l’intervention de Dieu (cf. Genèse). Chaos primitif.
B. P. anal.
1. État d’enchevêtrement, d’amalgame d’objets nombreux et hétéroclites; p. méton., amas d’objets confus et désordonné.
2. Au fig. Ce qui est ou semble inorganisé, désordonné, confus, parfois incohérent ou obscur.
CAHOT, subst. masc.
A. Soubresaut, secousse que l’on ressent à l’intérieur d’un véhicule roulant sur un terrain inégal, accidenté
P. méton. Accident de terrain qui provoque le cahot. Les cahots d’un chemin, éviter les cahots.
B. P. métaph. ou au fig.
1. [En parlant d’une pers.] Inégalités du comportement
2. [En parlant d’une chose concr. ou abstr.] Difficultés
Comme tu le vois, ami lecteur n’ayant par miracle pas encore renoncé à lire plus loin cette note, ces deux mots ont des sens différents, mais on relève entre eux une certaine proximité sémantique. Chaos comme cahot, c’est un peu bordélique. Dans l’échelle du désordre, chaos est grand vainqueur (par K.O. — il n’est pas drôle mon titre ?) et avale le petit cahot.
Comme le dit d’ailleurs le TLFI avec une précision toute dictionnariale que je n’ai pas :
Rem. Chaos est sémantiquement voisin de son homophone cahot, d’où contamination. On entend le grincement des roues, le bruit de clapotis des comportes pleines de fruits, qui sursautent au chaos du chemin (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 222).
Rem. On rencontre ds la docum. le dér. cahotique, adj. Soumis à des cahots, cahoté.
L’existence de cet adj. est peu sûre à cause de l’homon. et de la fréq. synon. avec chaotique.
Là où je voulais en venir (ben oui parce que malgré tout le laïus qui précède, je ne suis pas encore arrivé au cœur du sujet), c’est à propos non pas de ces deux mots mais de leurs dérivés chaotique et cahoteux (ou encore le peu sûr — comme dit mon Trésor — cahotique. Notons au passage qu’à partir du moment où ce mot est écrit, repris, on ne peut plus douter de son existence. On peut douter de sa pertinence, de sa justesse étymologique et tout le tsoin tsoin, le traiter de barbarisme, le mettre au ban de la Société des Bons Mots, mais douter de son existence, c’est salaud, surtout après le beau boulot effectué par Prévert :
Précise tes derniers moments cahotiques
Et traînée par un cheval indompté
Tu entres dans l’histoire en pièces détachées
je n’avais pas vu cette rubrique encore. Par contre, j’avais remarqué, avec grand plaisir, que tu ne faisais pas de fautes d’orthographe. (tu connais le « mea culpa » de Prévert, je suppose?)
Et je m’en vais, cahin caha,
mais reviendrai, cahin cahot.
(désolée)
@ presque >
J’en fais, tout de même, j’en fais, Roumi dit qu’il en a vu (vues ?) et je le crois volontiers.
En outre, mon défi inter-burp est un fiasco à ce jour.
Keep the faith !
mais que m’arrive-t-il? j’ai oublié de mettre « presque » avant « pas de fautes d’orthographe »…
C’est ma très grande faute de syntaxe.
ps: « vues » (COD antéposé « en »)
Bernadette Pivot
as-tu lu les 100 mots à sauver de Pivot ? C’est rigolo de s’apercevoir qu’on utilise certains mots couramment alors qu’ils sont désuets ou de découvrir certaines expressions qui décrivent si bien certaines situations pour lesquelles on use de périphrases !
@ presque > Faute avouée à moitié pardonnée. Pour l’autre moitié, voir avec mon secrétaire qui fixera la date de l’entrevue.
@ ba > Euh non, je n’ai pas lu ce bouquin de Pivot, je ne savais même pas qu’il existait.
Je viens d’en lire une critique qui recensait (entre autre) dans les potentiels rescapés : argousin, débagouler, fesse-mathieu, grimaud, nitescence, patache ou purotin…
L’idée de financer la retraite du Bernard pour une cause improbable, je suis moyennement enthousiaste alors que pour le même prix je peux sauver quelques enfants en Afrique en bénéficiant de 60% de réduction d’impôts (soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien), bof.
Moi, quand je défends la cause de cahoteux, c’est gratis pro deo. T’ENTENDS ÇA BERNARD ?
Bon, j’arrête de débagouler, on pourrait croire que je suis un patache du fesse-mathieu.
:oD
et après quand je dis à une cops « tu le lis toi aussi, ce blog ? je le trouve fort drôle… » ben elle comprend pas !
moi si !
@ ba >
Bon, on va inscrire ta cop’s à un stage intensif d’adaptation à l’humour-à-la-fois-subtil-et-bourrin de C.U.I. et si elle ne rigole pas au bout de 15 jours, c’est soit qu’elle est mauvaise comédienne, soit que c’est un cas désespéré que nous expédierons donc sur http://www.rigoler.com, car nous avons toujours en tête le bien-être des plus démunis.
Amen.
t’est-je praisq vesqué ?
@ presque >
Meuh non quelle drôle d’idée il m’en faut un peu plus ! Allez, encore un effort !
je ne parlais pas d’un commentaire ici, mais « chez moi »…
@ persque >
Oh non, je n’étais pas vexé, simplement je ne l’avais pas vu. J’ai répondu désormais comme tu as pu le voir.
Maintenant, je ne suis pas vexé, je suis mortifié.
Je t’ai répondu. Je ne sais pas si on peut faire des rétroliens sur les commentaires, alors j’ai fait un lien rétro…
Pub ! ;)
Ça serait quand même horrible, éhonté et scandaleux qu’on s’oppose à un phénomène linguistique d’assimilation par frottement sémantique AUSSI INTÉRESSANT !!!
Nan parce que sinon, qu’est-ce qu’il va me rester comme travail plus tard si je peux pas écrire des bouquins longs et chiants dans lesquels j’explique très longuement et très chiantement les concepts linguistiques que je viens d’inventer (comme par exemple « phénomène d’assimilation par frottement sémantique ») ?
Hein ? Qu’est-ce que vous avez à répondre à ça ?
Donc NON à l’acharnement thérapeutique sur « cahoteux » !!!
PS : Je pense que vous aurez compris que je suis étudiante en linguistique…
Je réponds pas aux machins d’avant trop vieux.
@ L » Chère étudiante en linguistique, pour étudier avec vous de plus près ces frottements sémentiques (oups : une coquille), c’est quand vous voulez.