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Lolita (VVF 3)

Suite aux conseils avisés de Mlle Dusk, notre héros passe, en famille, une semaine au Vacanciel de Saint-Georges-de-Didonnes. Instantanés.

Je suis seul dans la cabine hammam dont est doté le VVF (c’est pas le Club Med, mais c’est pas non plus le camping 2 étoiles du Puy-en-Gelée) quand débarque une horde d’ados. Généralement, ils préfèrent le jacuzzi, mais celui-ci déborde peut-être déjà plein à ras bords d’autres agités. Adieu quiétude et méditation. Tandis que mes pores évacuent une saine sueur, mes oreilles s’emplissent de caquetages sans intérêt. Puisque le niveau des conversations ne mobilisera pas mon cerveau, je m’occupe en matant. Dans la catégorie marmousets, j’ai deux échantillons représentatifs : le beau gosse, brun ténébreux à qui tout doit réussir (le genre que je devais jalousement haïr au même âge) – une des filles de l’assemblée lui dira même « tu me fais penser au mec d’une publicité pour un parfum », si c’est pas un putain de compliment déguisé voire involontaire ?! – et le gringalet un peu maigrichon, cheveux trop courts en brosse, à qui on donnerait un ordinateur sans confession – tu seras Meeticien, mon fils !

Côté tendrons (majoritaires), c’était plus varié. Ça allait de la donzelle fine et gracile à la rondouillette disgracieuse plus des spécimens intermédiaires. La plus jolie (selon les canons habituellement en vigueur à notre époque) se tenait à l’angle opposé du mien dans la cabine -donc, techniquement, face à moi. Elle planta à quelques occasions ses yeux dans les miens, souriait d’un impeccable sourire Colgate. Désirable mais trop jeune ; je me suis dit qu’elle ferait sans doute une bien belle pouliche dans quelques années, rendant fous quelques hommes au passage.

Puis, toutes ces minettes et freluquets partirent en bloc, probablement pour plonger dans les bulles, à l’exception d’une nymphette qui appartenait à la catégorie médiane évoquée plus haut. Elle avait quelques rondeurs mais des traits plein de charme qui firent naître en moi un trouble.

J’engageai avec elle la conversation sur un sujet qui me tracassait : leurs âges. Je lui expliquais que mon aînée n’ayant que 9 ans, j’arrivais assez facilement à évaluer les âges des enfants jusqu’à la dizaine mais qu’au-delà, je manquais de référence. Elle me demanda l’âge que je lui donnais et je répondis « 15 ans ? ». « Non, 16 ! » me dit-elle, avant de préciser « [qu’elle allait] très bientôt avoir 16 ans1. » Je m’étonnais de sentir en moi germer un désir sexuel, moi qui me refuse d’envisager les jeunes femmes de moins de 23 ans. Était-ce moi qui, l’âge aidant, basculait vers un désir dirigé vers des nymphettes de plus en plus jeunes en guise d’élixir de jouvence ou celle-ci avait-elle quelque chose de spécial ?

Je la dévisageais aussi discrètement que possible : ses lèvres charnues, son teint mat, ses formes rebondies. Bon sang, mais c’est bien sûr ! C’était mon ancienne amante J*** avec 13 ans de moins !

Je la croisai le soir – il y avait une soirée dansante – dans une robe vichy qui la mettait en valeur, mais ne l’aperçus qu’un instant. Déjà elle disparaissait dans l’essaim des adolescents qui se draguaient les uns les autres avec frénésie.

Par la suite, sans que ça tourne à l’obsession façon Humbert Humbert, je cherchais à recroiser cette créature, rêvant que naisse en elle un désir réciproque, échafaudant des scénarios improbables. De nombreuses fois je retournais au hammam, espérant qu’au plaisir de la vapeur s’ajoute celui de sa présence.

Le jour du départ seulement, je la recroisais près de notre bungalow. Elle portait une sorte de jogging ; cette tenue (re-?)fit de cette presque-femme une enfant, volatilisant au passage mon trouble.


  1. J’avais donc techniquement raison.
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