Site icon Comme une image

Rock-en-Seine égal (samedi 29 août 2009)

(Promis, l’année prochaine, je change de filon pour mes titres de billet, parce que là, ça devient poussif – d’autant que Baaba Maal a fait sa prestation le dimanche, mais j’ai déjà mon titre pour le troisième volet.)

Pour ce deuxième jour, j’arrive les pieds à peu près alertes un peu avant le premier concert, histoire de pouvoir m’installer tranquillement. J’ai petit-déjeuné tard et prévu de prendre mon déjeuner quelque part, quand la faim se présenterait1.

Je m’allonge peinard sur la pelouse de la scène de la Cascade en attendant le premier concert de la journée. Kitty, Daisy and Lewis nous propose un petit voyage dans le temps avec un rock figé dans les années 60. C’est sympathique, mais vraiment pas sexy contrairement à ce que promet le programme.

On enclenche une vitesse nettement supérieure à 15 h 30 sur la grande scène avec la prestation des Noisettes (prononcer « noï-zets »), qui nous délivre un pop-rock pêchu ne lésinant pas sur les basses, with a voice s’il vous plaît, menée tambour battant par sa chanteuse black débordant d’énergie, portant une improbable tenue à franges rouge vif , et s’agitant pieds nus sur la scène ou suspendue aux échafaudages (et ce, sans s’époumoner dans le micro – faut que je me remettre au sport, moi) !

Sur requête spéciale de , il n’était pas question que je rate une miette de The Asteroids Galaxy Tour. J’ai lu quelque part qu’ils étaient surtout connu en France grâce à une pub pour Levi’s ou un truc du genre. Moi, j’allais découvrir une blonde chantant une pop acidulée (comme elle) enrobée de cuivres, entraînante et plutôt dansante. Les musiciens qui l’accompagnait (à une exception près) étaient blonds et m’évoquaient des navets asthéniques ayant manqué de soleil. That was fun et la chanteuse avait l’air plutôt contente d’être là.

% % %

Ce spectacle terminé, je retraverse le parc pour aller et écouter ce « “nu clash”, une musique où se percutent afro-beat, post-punk et ska […] [à laquelle on] ajoute les sonorités de la new-wave mid-eighties », selon le programme. Ben ça avait l’air vachement bon sur le menu et malgré une assiette joliment décorée (la chanteuse porte un accoutrement invraisemblable les bras enfoncés dans des cubes de mousse bariolés), mes oreilles ne sont pas du tout convaincues par Ebony Bones !

Je fais l’impasse sur Jil is lucky (ça ne me disait rien, et c’était en même temps qu’Ebony Bones, j’ai peut-être fait le mauvais choix) pour aller me promener un peu sur le site du festival et notamment visiter l’exposition « Rock’Art » (je me demande s’il ne faut pas y voir un clin d’œil facétieux de Jean-Paul Huchon) constituée par 47 affiches dédiées à chacun des 47 groupes au programme de l’édition RES 2009, réalisées par la bouillonnante illustration française. Beaucoup de belles affiches, et parmi elles, une qui n’est pas celle que je préfère esthétiquement, mais d’où surgit un érotisme trouble qui m’a « interpelé au niveau du vécu » : celle d’Amandine Urruty. Son affiche est . Qu’en pensez-vous ?

Je passe très rapidement sur Dananananaykroyd qui ne m’a laissé aucune impression (mon carnet de note indique : rock à guitares stridentes – bof) et pour en savoir plus sur leur prestation, il va falloir chercher un peu sur le net (ce ne sont pas les comptes rendus qui manquent, sur le net, j’ai trouvé ceux de Sound of Violence pas mal). Je les écoute d’une oreille distraite en rêvassant sur la pelouse et en remerciant les dieux pour ce festival ensoleillé qui se sera déroulé sans une goutte de pluie.

À ceux qui ont déclaré le mini-short has-been, Rock-en-Seine adresse un opportun démenti formel

Je vais écouter ensuite les Canadiens de Billy Talent. C’est du gros rock qui tache (« punk-rock » stipule le programme). Il m’a semblé que la voix du chanteur, quand elle se faisait stridente, avait les mêmes accents que le chanteur d’AC/DC hurlant Hells Bells ! Je retrouve à ce moment-là Bertrand Morane (qui ne doit pas être inconnu à certaines de mes commentatrices ici) venu avec quelques amis. Je l’entraîne écouter The Horrors dont j’avais entendu du bien et, effectivement, c’était une belle prestation, dont je n’aurais pas pleinement profité, mais entre parler cul et écouter du garage rock, faut gérer les priorités. Un groupe que je vais suivre de plus près, en tout cas.

On enchaîne avec The Offspring dont le son est reconnaissable entre mille, entre accents de guitares et tonalité du chanteur. Les écouter, pour moi, c’est du pur « rock nostalgique ». Les voir sur scène, c’est un peu comme voir (en plus frais, tout de même) Madness. Je ne sais pas ce que produit Offspring aujourd’hui et tous mes souvenirs d’eux remontent près de 15 ans en arrière à l’époque de leurs premiers hits. Ne me viendrait pas l’idée d’acheter leur(s) dernier(s) album(s). (Y en a-t-il seulement ?2) En tout cas, récent ou pas, le chanteur s’est lancé dans un solo au piano (vi, vi, il jouait avec plein de doigts) et s’est pris à l’occasion quelques sifflets (mérités, imho).

Je pensais que j’allais faire du coup l’impasse sur Yann Tiersen, mais finalement, j’ai délaissé Offspring au goût de madeleine pas assez puissant pour aller rejoindre près de la scène de l’industrie un autre groupe d’amis. Tiersen avec sa guitare, ou en transe avec son violon, n’était toutefois pas très convaincant.

En revanche, le poulet au curry thaï chopé au stand thaï, lui, l’était nettement plus. Et globalement, j’ai trouvé le choix de nourriture plus intéressant que les années précédentes. Pour ce qui est de la boisson, je vous ai déjà dit mon opinion dans le billet d’hier. D’ailleurs, samedi matin, j’ai fait une petite recherche internet pour trouver où acheter une flasque à Paris et j’ai trouvé mon bonheur. Entre deux bières, donc, j’ai pu siroter et partager mon excellent vieux rhum, 23 ans d’âge, que j’avais donc réussi à introduire clandestinement (qu’est-ce que je suis rock’n roll, hein ?).

Il paraît que la musique de Calvin Harris est dansante, mais je n’ai pas eu une seconde envie de me déhancher sur ce que j’ai entendu, globalement sans intérêt (pour moi, hein ! s’il y a des fans, qu’ils m’excusent pour mes goûts peu fiables).

Venons-en à la grosse tête d’affiche de cette journée (et, pour tout dire, un des groupes qui me titillait le plus sur l’ensemble du programme de Rock-en-Seine) : FAITH NO MORE remontant sur scène après 11 ans de séparation ! Mazette ! Faith No More appartient pour moi à ces rares groupes de Métal /Industriel qui produisent une musique suffisamment mélodique pour enchanter mes oreilles (dans cette famille étroite, je mets Rammstein, Sugar ou encore Nine Inch Nails – qu’il faudrait que je vois sur scène un jour, holy shit). Même si je n’ai d’eux qu’un seul album, le splendide Angel Dust (normal puisque je suis en pleine midlife crisis), j’étais très impatient d’entendre leur prestation, d’autant que le groupe est connu pour ses parfois surprenantes reprises musicales.

Je ne fus pas déçu (et je ne vous citerai pas toutes les reprises, mais au moins celle des Bee Gees : I started a joke, qui reste pour moi la musique madeleine d’une publicité des années 70 pour Aéroports de Paris – vous la retrouverez en un clic sur YouTube), quittant même mes accompagnateurs pour plonger plus près de la fosse quand mon tube menaçait de faire sauter mes bouchons à oreille (on n’est jamais trop prudent).

Il ne restait plus qu’à aller voir du côté de Birdy Nam Nam la façon dont aller se clôturer la journée. Quand je dis « il ne restait plus qu’à », c’est un euphémisme, car ce qui m’attendait était un morceau de bravoure. Dans une ambiance de folie furieuse, la masse des festivaliers bouillonnait sur les rythmiques redoutablement efficaces des quatre DJs français. Là où Vitalic m’avait laissé sur ma faim, les Birdy Nam Nam me rassasièrent. Bon, le fan du PSG avec son T-shirt Fly Emirates et braillant Paris ! était un peu pénible, mais ça ne suffisait pas à gâcher une ambiance survoltée. La fin du set était évidemment frustrante, mais mes pieds n’étaient pas d’accord avec mon cerveau et ceux sont eux qui ont piloté pour le retour à la maison. Il me semble que c’est en 2007 que Rock-en-Seine a commencé à panacher sa programmation rock avec des groupes plus dance, et je ne sais pas si ça en frustrent certains, mais à moi comme, me semble-t-il, au plus grand nombre, le mélange n’a rien d’hérétique et apprécier les riffs de guitare électrique n’est pas incompatible avec la passion des beats électroniques. Notons au passage que les grands shows de Vitalic et Birdy Nam Nam à une heure avancée ont été rendu possible par les nouveaux horaires prolongés de la RATP le week-end. Merci la RATP !


Toutes les photographies qui illustrent cette note copyleft CUI.

Pour rappel : récit de la journée de vendredi icirécit de la journée de dimanche là


  1. À vrai dire, je ne retrouve pas trace dans mon journal du moment où j’ai pris ma galette éthiopienne « carnassier », plutôt bonne et en tout cas plus originale qu’un sandwich Kebab.
  2. Notez que cette question est purement rhétorique. Wikipédia m’a tout dit.
    Quitter la version mobile