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Passe-moi le sel (de la vie) !

La colère est partie encore plus soudainement qu’elle n’était venue. Je crois que j’avais besoin de lâcher ces mots comme on se débarrasse d’un fardeau pour continuer à avancer plus facilement. Ce dernier (?) soubresaut aura permis aussi à certaines évidences d’émerger. Comprendre que cette longue période était, pour moi mais aussi pour elle, une façon de prolonger un lien, un lien qui avait vilainement muté, et qu’il fallait désormais le couper une bonne fois pour toute. Accepter l’idée qu’O*** ne représente désormais plus rien au présent, une idée triste mais salutaire, ne plus la conjuguer ni au présent, ni au conditionnel futur.

Mon moral semble connecté en direct sur la météo. J’étais le cœur vif tourné vers les promesses de demain toute cette semaine où le printemps frémissait à Paris, terrasses désormais convoitées le midi, fleurs sur les arbres, et comme la prescience que les jambes des filles allaient très bientôt être encore plus agréables à regarder. Ce samedi gris, je me sens vide. Je suis, jusqu’à ce soir, dégagé de toute contrainte familiale. En d’autres temps, je me serais précipité sur mon téléphone pour organiser une après-midi clandestine sous la couette. Je suis juste allé faire les courses hebdomadaires, j’ai déjeuné légèrement, je suis allé voir Chronicle au ciné ; de retour, j’ai regardé sans passion le dernier match de l’équipe de France de rugby dans le tournoi des six nations, et enfin je m’attelle à cette note que je veux écrire depuis une semaine. Je voulais l’intituler « Vite, la suite ! » comme ce petit message qui apparaissait du temps où je coupais les messages en une sur la page d’accueil. Je trouve la vie fade et j’ai hâte que se termine le régime hyposodé que je me suis vu imposer.

J’essaye donc de moins penser à O***, malgré l’exercice antinomique de la rédaction de cette note1, et quelques autres obstacles quotidiens. Je pense à elle à chaque fois que je fais pipi sous la douche (ce qui m’arrive quasiment à chaque fois), ou quand je noue autour de mon cou l’écharpe qu’elle m’a offerte, ou quand j’aperçois sur la porte de la chambre de ma fille cette carte postale d’Audrey Hepburn qui me fait immanquablement un pincement au cœur, me rappelant le charme de mon amante garçonne qui me tourne aujourd’hui le dos en me lançant un dernier regard bienveillant.

♦ ♦ ♦

Elles ne manquent pas, les bonnes raisons, mais pourtant elles vont continuer de s’effacer les unes après les autres. Dois-je le dire, je compte sur quelques coups de main généreux et pas du tout désintéressés, auxquels il serait bienvenu d’ajouter quelques coups de langues et avec quelques coups de reins, ce serait parfait.

Aujourd’hui, c’est moi qui ai besoin d’un bon dépannage !

Allez, toi, approche ta bouche et passe moi le sel !


  1. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que je voulais vite l’écrire, parce que je voulais partager ce glissement avec vous, amis lecteurs, et arrêter un peu de me regarder le nombril pleurnichard.
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