Je ne m’en suis jamais caché, mon burp est une source remarquable d’amantes potentielles. Comme je m’y livre sans fard, entier, mes lecteurs réguliers (et donc mes lectrices régulières) peuvent se faire une idée assez précise de qui je suis « à l’intérieur ». Souvent, on trouve dans les textes des autres, sur les burps qu’on lit avec régularité, des situations et des réflexions qui font écho aux nôtres. Ce sont sur les bases de ces « affinités électives » que se bâtissent et s’enchevêtrent les burposphères. Et quand les frustrations des uns répondent aux siennes, il arrive que s’immisce l’envie de les oublier avec celui qu’on lit1. Cette situation conduit à transformer les réseaux de burps « adultes » en foire aux bestiaux, où un peu tout le monde a baisé avec un peu tout le monde…
Parfois, un ou une nouvel(le) arrivant(e) fait son apparition, rejoint la joyeuse troupe. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de constater qu’aussitôt repérée une nouvelle plume par un commentaire laissé chez moi, plusieurs mâles qui gravitent dans la même burposphère que moi se retrouvent immédiatement sur son site pour la courtiser. C’est de bonne guerre, et dans cette situation, je peux toujours me prévaloir d’être le découvreur, cela ne m’ouvre aucune priorité, aucun droit de cuissage.
Il arrive aussi que la commentatrice n’ait pas de burp. Ça se complique alors pour les requins assoiffés de chair fraîche qui rodent dans mes eaux territoriales, surtout si j’ai l’insigne honneur d’être le tenancier de l’unique burp où la donzelle s’exprime, car j’ai alors un avantage de taille sur eux : l’accès à l’adresse courriel de la nouvelle venue (sans oublier l’adresse IP qui me permet généralement de savoir si l’innocente (?) proie est à portée de main ou si ses hémisphères sont à l’autre bout du globe). Se joue alors, sous le feu des projecteurs dans les commentaires, ou en coulisse par courriels interposés, un nouveau jeu de séduction.
Laisser un commentaire n’est pas nécessairement une capitulation, une façon de dire « tu m’as conquise et je dépose les armes, ainsi que mon adresse courriel – et si tu insistes un tout petit peu, mon 06 suivra ». Mais certains commentaires sonnent comme une invitation, et certaines invitations me donnent envie d’y répondre. J’ai fait la connaissance d’O*** par ce biais, et avant elle L***, K***, S***, E***, F***, C*** et d’autres encore.
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Je ne l’avais pas écrite pour toi, cette note, et pourtant tu y as laissé un commentaire où tu me regardais droit dans les yeux en me disant « je suis aussi cette femme que tu veux posséder ». Tu t’offrais ainsi à moi, sans condition, il n’y avait plus qu’à convenir de la date et les conditions de ta reddition2, mais la distance qui nous sépare ne rendait pas les choses faciles, il y eut des contretemps, mon année avec O***, un coup du sort. Mais presque deux ans après, ton invitation ne s’est toujours pas périmée et nous allons l’honorer avec gourmandise.
Illustration : source inconnue, via Librairy Vixen
- Oui, c’est une façon dérobée de dire baiser avec.↩
- Toute allusion à l’ouvrage de Toni Bentley n’est pas fortuite.↩