Nous voici L*** et moi à nouveau ensemble cette nuit, SDF de l’amour, sans lit pour nous accueillir. Il est assez tard, nous sommes fatigués, nous n’avons pas la motivation pour prendre une chambre d’hôtel pour un si bref moment. Ce sera donc la voiture qui accueillera nos ébats.
Elle est chouette, ma 106 Kid, encore que son appellation commerciale soit légèrement contradictoire avec les galipettes que je relate ici.
Je trouve une jolie place pour me garer rue de S***, la rue est lumineuse, mais très calme. Dans le bâtiment qui nous fait face, on a l’impression que des personnes nous surveillent, immobiles, mais il ne s’agit que de bustes en marbre. Comme chantait Serge, ils « seront les témoins muets de cette scène ». Je coupe les phares, je laisse le contact pour laisser l’autoradio diffuser Sigur Rós. Nous basculons en arrière les dossiers de nos deux sièges pour avoir un peu plus de place, je me place de biais sur le sien, contre ses cuisses, pour l’embrasser. Nos langues se percutent, nos lèvres tremblent, nos mains s’affolent. Les miennes caressent ses jambes, s’immiscent sur ses fesses en glissant sous ses vêtement, libèrent du soutien-gorge ses seins pour mieux les sentir. Les siennes frôlent ma nuque et mes épaules, palpent mon dos et mon cul, viennent se poser sur mon entrejambe pour prendre la mesure de la situation. La situation est indéniablement tendue !
Je sens ses doigts qui détachent ma ceinture, font sauter le bouton de mon pantalon puis glisser la fermeture éclair. Une main se fourre sous mon boxer noir et saisit ma queue, la caresse un peu. Puis L*** plonge entre mes jambes et prend mon sexe dans sa bouche. Je profite de l’instant en fermant les yeux. Je ne songe même pas à regarder si l’on nous observe. Tout à l’heure, une femme a longé le trottoir et est passée à côté de nous sans ralentir. Nous n’en étions qu’aux baisers.
Mon plaisir monte doucement mais je sais que n’irai pas jusqu’à la jouissance.
Je me laisse sucer mais je ne peux m’empêcher d’aller glisser ma main sur ses fesses.
J’ai envie de la lécher, mais je veux qu’elle continue à me sucer, alors je lui propose de passer à l’arrière. Je n’étais jamais passé à l’arrière encore. A fortiori pas avec elle. Elle accepte fort volontiers. Je me précipite sur ses collants pour les descendre jusqu’à ses genoux, string compris. L*** est à quatre pattes sur la banquette arrière, je glisse en force ma tête entre ses jambes peu écartées et m’allonge. On peut donc faire un 69 dans une 106 (il reste 37).
Je ne sais plus pourquoi mais nous ne sommes pas resté très longtemps dans cette position. Probablement parce que j’avais envie de la pénétrer. L*** enlève ses bottes, ses collants, sa culotte, et se met donc à genoux, la tête vers le pare-brise arrière. Je fais de même en ôtant mes fringues du bas. Pour l’instant, je suis agenouillé perpendiculairement à elle, et je viens tâter le terrain. Pour un rugbyman je ne sais pas, mais pour moi : pas assez glissant. J’ai dû y aller un peu vite en besogne, alors mes doigts vont au charbon. Pour le rendre ardent.
Vous ne pouvez pas savoir quel plaisir c’est, pour moi, de caresser L***. D’avoir une femme qui répond à mes caresses. Qui mouille. Qui mouille abondamment. Qui n’a pas peur d’un doigt qui s’aventure ni ici, ni là. Vous me direz que L*** n’est pas la seule femme à apprécier les caresses digitales et à y réagir. Certes. Mais pour moi qui vis privé de ça à la maison, c’est du bonheur dont je ne suis pas blasé.
J’enfile un Manix Xtra Pleasure™ et me place derrière L*** qui m’accueille en elle. Quelques mouvements souples et lents, pour débuter, puis des accélérations, des pauses. Par moment, L*** couche sa tête sur la joue contre la plage arrière. Par moment je suis déconcentré par les mouvements d’oscillation que prend l’habitacle quand nos mouvements sont plus violents. J’accompagne mes coups de reins par la caresse de mes doigts autour de son sexe. Parfois aussi, mes deux mains saisissent ses épaules pour maximiser la profondeur de la pénétration. Ou descendent sur sa taille dans le même but. L*** subit le rythme que je donne à notre coït, ou reprend la main en ondulant de la taille. J’entends ses murmures s’amplifier (je maintiens le rythme), devenir petits cris de jouissance (je sens son corps se crisper), je ralentis le rythme, je m’arrête, je reprends doucement, je m’arrête… Je l’embrasse, la serre contre moi en enroulant mes bras autour de sa taille et de son buste. Puis nous reprenons les mouvements et peu de temps après c’est mon plaisir qui monte et me fait tressaillir. Je jouis en elle. Fort.
Quand je me retire, un peu de liquide crémeux coule le long du préservatif. Elle suspecte une fuite, mais non, mon sperme est sagement là où il doit être. Ce n’est que sa cyprine montée en émulsion !
Suite à notre soirée, la banquette arrière est depuis auréolée d’une tache, petite sœur de celle qui orne le siège avant. Encore quelques efforts pour offrir à ma Peugeot un tissu Jaguar.
Autre chose.
Voilà, ma petite histoire, telle que je la raconte, ça ressemble à une histoire de cul. Excitante. Mais je ne vous ai pas dit les mots qu’on s’échangeait, ni les baisers dont on se dévorait. Ni les mots qui restaient tus.
Croyez moi ou non, nous ne baisions pas.
Illustration : © 1997 – FILH
Pas de voiture sur l’image, mais une évocation assez réaliste de la position que je (!) pouvais avoir dans la scène décrite. J’aime depuis longtemps cette simple image, si bien qu’elle m’est venue à l’esprit pendant que je vivais ce moment, et que je me suis dit qu’elle illustrerait donc cette note, si d’aventure elle prenait corps. Dont acte.