Mercredi 25 juillet 2007, dans un bar branché du 1er arrondissement. Café, cigarettes, tout est en ordre. Elle commence.
PRÉSENTATIONS…
A — Donc, le couple… Nous avons déjà une base commune, sur ce sujet ! Mariés relativement tôt, moi mariée à 26 ans, nous nous sommes connus à 23.
J — Moi je ne suis toujours pas marié et j’ai connu ma femme à 26 ans.
A — Je suis plus vieille que toi.
J — Non, à peine de 3 mois.
A — Donc 17 années de vie commune pour moi.
J — Et moi 14 années, moins celle de notre rencontre où 1500 km nous séparaient.
L’INFIDÉLITÉ
A — As-tu toujours été infidèle ?
J — Oui mais pas de manière uniforme. Au début, quand on ne vivait pas encore ensemble, j’ai eu des petites aventures d’un soir, essentiellement avec des couples, pour vivre quelque chose que je ne vivrai pas ailleurs
A — Ça veut dire que tu n’as jamais connu le couple idéal, fidèle, version « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » ?
J — Si, mon premier couple était fusionnel, sans infidélité, nous avons vécu ensemble pendant 2 ans.
A — Mais l’infidélité ne te choquait pas.
J — En effet j’ai toujours pensé que ce n’était pas une valeur morale importante pour moi, j’étais convaincu au contraire que l’infidélité, sous une forme ou une autre, était inévitable dans un couple qui dure.
A — Moi j ai passé 14 ans à penser que je serai fidèle à vie
J — Depuis quand le pensais tu ?
A — Depuis ma rencontre, l’infidélité n’existait pas, ça n’était pas envisageable, j’étais sûre de passer le reste de ma vie fidèle avec lui
J — Donc ça ne fait que 3 ans que tu as changé d’avis !
A — oui.. et je me suis largement rattrapée
J — Qu’est ce qui a changé, alors ? Qu’est-ce qui t’a changée ?
A — Lui, qui s’est mis à se poser des questions, voire à aller voir ailleurs, ce que je n’ai su que bien plus tard. Lui a pété un câble un jour, il a tout remis en question.
J — Ça veut dire quoi ? Jusqu’à envisager la séparation ?
A — Oui, « qu’est ce qu’on fait, où va-t-on, ne s’est-on pas trompés depuis 13 ans ? »
J — À quoi attribues-tu ce changement ?
A — Crise existentielle classique à l’approche des 40 ans (« midflife crisis »). Moi par rapport à ça pour remonter la pente, j’ai tout changé, tout remis en question et décidé clairement de me retrouver, moi.
J — Est-ce à dire que tu t’étais abandonnée ?
A — Oui, j’étais fusionnelle et dans un « nous absolu » pendant 13 ans.
J — Est-ce que ça signifie qu’en étant fusionnelle, tu renonçais à ce que tu étais ? En étais-tu consciente ?
A — Oui, mais en même temps, cette période là, c’était le paradis sur terre. Je m’étais beaucoup amusée avant de le rencontrer ça ne me dérangeait pas.
J — Paradis mais infidèle à soi même n’est ce pas contradictoire ?
J — J’ai vécu 5 ans étudiante débridée, j’ai rencontrée mon mari que j’attendais, je suis entrée dans le moule de l’épouse, mère de famille ; je ne me suis pas perdue, j’ai vécu autre chose, qui est un énorme capital aujourd’hui.
J — C’est donc la remise en question de ton mari qui a entraîné la tienne ?
A — Un virage à … 360° !
J — 180 ° plutôt !?
A — La première chose que j’ai décidée fut de reprendre le théâtre.
J — Le théâtre, que tu avais abandonné avec ton mari ?
A — Non, avant : à 20 ans. Reprise du théâtre, dé-fusion avec les enfants, perte de 20 kg (!) et me demander où j’allais, moi. C’est alors que je me suis dit que la fidélité n’était pas une fin en soi. Ce n’est pas parce que j’ai signé un papier il y a 15 ans que je dois être fidèle. J’ai mis un an à me décider à consommer ! Aujourd’hui, j’ai le même état d’esprit que toi : ce n’est pas parce qu’on est infidèle que notre couple n’existe plus, il ne faut pas forcément se séparer parce qu’on est infidèle, ça ne change rien !
J — Je suis d’accord. Mais moi mon infidélité a une autre source, qui est le manque d’harmonie sexuelle au sein de mon couple, elle ne vient pas d’une remise en question.
COUPLE ET ACCORD SEXUEL
A — Oui mais moi si j’avais eu à cette époque, dans ce nouveau cadre, une harmonie sexuelle, je ne serai pas allée chercher ailleurs. Toi, as-tu déjà été en harmonie sexuelle avec ta femme ?
J — Non, mes attentes étaient toujours au-delà de ce que j’attendais, dès le début, et on me pose souvent la question : pourquoi as-tu construit un couple avec ce « défaut » initial ?
A — Oui, pourquoi ?
J — Parce que ma femme m’apportait d’autre chose que je n’avais jamais rencontré avant. Au lit, c’était en deçà de mes attentes mais ce n’était pas nul ! Je n’avais jamais eu de liaison longue durée avec ce que j’appellerai un « très bon coup ».
A — Mais tu savais ce que c’était qu’un très bon coup ? !
J — Oui !
A — Il y a 20 ans j’aurais peut-être pensé comme toi que ce n’était pas indispensable. Est-ce qu’aujourd’hui tu redémarrerais un nouveau couple avec quelqu’un avec qui ça ne serait pas sexuellement harmonieux ?
J — C’est une discussion que j’ai eu avec mon ami P*** qui s’est mis en couple juste avant moi. Le premier à qui j’ai confié ma situation, et qui s’est confié à moi. On a des parcours similaires, sauf que lui avait arrêté complètement de coucher avec sa femme… On se disait que tous les 2 on avait fait la même erreur… parce qu’à l’époque ça ne nous semblait pas si indispensable qu’aujourd’hui. C’est parce que l’on en a été privé que ça nous paraît aujourd’hui indispensable.
A — Mais je trouve quand même ta réponse pas « ferme » à la question « est-ce que tu recommenceras aujourd’hui ? »
J — Non je suis sûr que je choisirai quelqu’un avec qui j’ai une entente sexuelle. Mais je n’envisage pas aujourd’hui de changer de couple. C’est pour ça que je ne suis pas ferme ! Mais je ne suis pas sûr pour autant qu’un couple soit plus solide sur la seule base d’une harmonie sexuelle. Il faut accepter l’imperfection du couple.
A — Ok, mais y a-t-il des imperfections rédhibitoires… Est ce qu’une entente sexuelle « moyenne » est ou non rédhibitoire ?
J — De manière générale, non. La preuve !
A — Et dans la perspective d’un nouveau couple ?
J — je pense que si je démarrai un nouveau couple, j’accorderais une grande importance à la sexualité pour ne pas reproduire la même situation. Mais avec ma femme, j’ai une entente au quotidien qui est exceptionnelle…On est d’accord sur énormément de sujets (la politique, le quotidien, l’éducation des enfants..). C’en devient étonnant, que sur un sujet aussi important que la sexualité, cette harmonie ne soit plus là.
A — Alors on arrive à la question que je me pose, moi, très souvent : est-ce que c’est la « bonne » solution : avoir un conjoint avec une extraordinaire entente générale et un ou des amant(e)s avec une extraordinaire entente sexuelle ?
J — Je ne sais pas si c’est la bonne mais c’est une solution satisfaisante…C’est une solution satisfaisante mais qui ne te débarrasse pas de la frustration de ne pas avoir cette harmonie sexuelle avec ton partenaire principal… mais cette solution m’a permis de vivre de manière équilibrée pendant 6 ans. Jusqu’à ma rencontre avec J***…
LE COUPLE PARFAIT, UNE UTOPIE ?
A — Moi, ça me pose un problème, et je crois savoir quelle est notre différence la dessus, c’est que moi j’ai vécu, un temps, l’harmonie des deux… Utopiquement, peut-être (puisque ça a « pété »)… mais j’ai la sensation d’avoir vécu une sorte « d’absolu » auquel j’ai du mal à renoncer… Et ma question de fond, aujourd’hui, en face de ça devient : faut-il renoncer au « paradis perdu » ?!
J — Pour moi, le paradis est une chimère…et je pense que beaucoup de couples se fracassent à le rechercher.
A — C’est pour ça que j’appelle aujourd’hui avec du recul cette période : « un capital ». Un capital, comme un immense bonheur auquel j’ai eu le droit…
J — C’est-à-dire ?
A — J’en tire des intérêts, une solidité aujourd’hui… comme si j’avais eu une part de bonheur absolu… Donc maintenant je peux peut-être – et c’est là que je m’interroge – me « contenter » d’une autre sorte de bonheur.
J — Je trouve ça atroce d’imaginer que le meilleur est derrière soi (c’est une raison pour laquelle je dis que je préférerais mourir tôt).
A — Ce n’est pas « le meilleur est derrière », c’est plutôt « j’ai eu ça en plus », il y a plein de gens qui connaissent jamais ça.
J — Oui mais si j’avais connu ça, je me dirai « ça existe » donc j’aurais envie de le revivre.
A — Oui mais grandir, c’est renoncer… Il faut sortir un jour du paradis originel. C’est l’objet de l’analyse que je fais d’accepter de renoncer, on n’est pas tout puissant, on est des adultes avec la somme de frustrations qui vont avec.
J — Ça revient à accepter l’imperfection de son couple et du monde en général..
AMANTS… ET APRÈS ?
A — Je ne sais pas pour toi mais moi il y a un truc qui m’intéresse, c’est le statut de nos amants. Toi, tu as vécu une situation où tu t’es un peu brûlé les ailes, avec J***, moi je suis en plein dans une histoire où je risque de me prendre le mur à un moment ou à un autre. Tout ça parce qu’à un moment, on est tombé amoureux alors que ça n’était pas prévu. Avec tout ce qu’on vient de se dire, quel statut on peut leur donner à nos amants ?
J — Tu veux que je te raconte comment ça se passe quand on se brûle les ailes ???
A — Non ! je sais très bien ce qui m’attend !!! (rires)
J — En fait, pour le statut, je ne pose pas ça de manière statique. Ça a été le fruit d’une évolution. Avant J***, j’avais eu à chaque fois des amantes mariées que je voyais une fois tous les 15 jours et à qui ça convenait très bien. Et c’était des relations équilibrées, on s’apportait la même chose. Avec J***, il y a eu la conjonction de 2 facteurs : d’abord le fait qu’elle soit célibataire donc très disponible et ensuite, c’était l’un des meilleurs coups que j’ai connus, une entente sexuelle très forte (qui n’était pas que sexuelle). Nous avions les même envies. Ou nous étions réceptifs tous les deux aux envies de l’autre… Donc je suis passé d’un système où j’avais des amantes mariées que je voyais peu à une amante célibataire que je voyais plusieurs fois par semaine et pas uniquement pour baiser, c’est devenu un couple « bis » (et un couple « baise »)…
A — Ok, c’est exactement la situation dans laquelle je suis, sauf qu’il est tout aussi marié que moi, tout aussi relativement disponible que moi… et tout aussi relativement « bien » dans son couple officiel que moi…
J — Quelle est ta crainte ?
A — Pas une crainte, une interrogation : elle est simple. Soit je choisis qu’il n’y a pas de paradis et je profite pleinement de ce bonheur parallèle là. Soit je me dis que non… le paradis existe et je quitte tout pour lui… avec le bémol… qu’il n’est pas décidé, lui, à tout quitter.
J — Tu en as déjà discuté avec lui ?
A — Oui, j’ai fini par lâcher après de longs mois que j’étais prête à aller plus loin, lui, a pris peur… malgré les déclarations d’amour qu’il avait faites lui jusque là, le contrat pour lui était clair et non négociable, quand il l’est devenu pour moi, négociable, il a pris peur.. Il y a eu un flottement puis on a continué sur le contrat de départ. La question devient : ça me convient, ok… Mais est ce qu’on doit se contenter de ça ? Est-ce que c’est ça l’imperfection de la vie ?
J — Quand tu parlais du statut de nos amants, tu voulais dire le fait que nos amant(e)s conservent ce statut de manière irrévocable, sans devenir autre chose ?
A — Pas seulement, c’est : on va chercher quelque chose, on le trouve, toi auprès de J***, moi auprès de C***…so what ?
J — J*** et moi, ce n’était pas stable, ça a claqué au bout de cinq mois, parce qu’elle était célibataire.
A — Oui mais ce n’était pas stable, certes, mais tu as trouvé auprès d’elle en quelque sorte la femme que tu cherches ?
J — Je n’ai pas eu le temps de me poser la question avec J*** mais elle aurait pu survenir. Avec M***, ensuite, j’ai vu qu’il y avait pas mal de choses qui nous unissaient, le tableau n’était pas parfait, mais je voulais me convaincre que ça pouvait être la femme avec qui je poursuivrais ma vie… Je voulais sortir du statu quo avec mon couple, et finalement j’y suis arrivé puisque j’ai démarré cette thérapie de couple. J’ai du mal à raisonner en terme de statut, c’est une dynamique : mes histoires adultères se sont insérées dans mon histoire de couple, il y a des phases, des périodes…
A — Mais si tu retrouves J*** demain, avec le même statut que toi, donc sans le déséquilibre affectif …Quid ? Quelle place pour l’histoire de ton couple, quelle place pour elle ? Ce que je me demande, c’est si l’on est capable d’avoir cet équilibre dont on parlait plus haut, entre conjoint et amants ? D’ailleurs une question : trompais-tu J*** ?
ÊTRE FIDÈLE … À SES AMANTS
J — Non.
A — L’aurais-tu trompée ? Avec une amante de passage ?
J — Non, c’est la première fois que je n’avais plus du tout envie d’autre chose, je ne regardais plus les filles dans les rues… Je ne peux pas te dire que ç’aurait été le cas dans la durée, mais j’avais trop à vivre avec elle pour me disperser ailleurs.
A — Alors que moi, je sais maintenant que je serai toujours infidèle, clairement, même si j’étais officiellement avec C***.
J — Est-ce que ce n’est pas qu’une question de disponibilité ?
A — Non, c’est qu’il me semble aujourd’hui que l’infidélité (cachée et anecdotique) peut être absolument sans conséquence. Je n’ai pas envie d’un autre, je ne cherche pas un autre, mais si une occasion se présente qui me tente, je n’y renonce pas au nom de la fidélité.
J — Je crois que J*** m’avait posé cette question et j’avais dû répondre que non.
A — Moi je n’ai pas envie d’être fondamentalement infidèle à C*** pour être infidèle, mais je n’imagine plus une vie où il me serait impossible de baiser juste par contrat posé.
J — L’infidélité doit être nourrie par un désir et J*** absorbait tout mon désir donc la question ne se posait pas, elle absorbait aussi le désir que j’avais pour ma femme. J’étais vraiment tombe amoureux. Mais je ne crois pas que l’éternité existe, cette fidélité était inscrite dans un moment.
A — Mais moi aussi je suis vraiment amoureuse, mais je ne conçois clairement plus l’amour comme je le concevais, la fidélité n’est plus du tout un élément du puzzle amoureux. Alors peut-être faut il relativiser ça par le fait que nous avons parfois des activités « libertines » échangistes entre autre… même si elles s’inscrivent complètement dans notre couple « bis ». Ce qui est drôle, c’est que toi tu démarres ta vie de couple avec la notion d’infidélité possible, alors que je démarre la mienne avec une notion très forte de nécessité absolue de la fidélité et 15 ans après devant un nouvel objet amoureux, toi tu reviens à l’idée d’une fidélité, alors que moi je ne la conçois plus.
J — Non non non, pour moi il y a le conjoncturel et le structurel, à ce moment là je dis que je n’ai pas besoin d’infidélité j’ai l’impression de ne pas avoir changé là-dessus, je dis qu’avec J*** je n’avais pas envie d’être infidèle mais c’est du temporel.
A — Oui mais tu me réponds à ça : « j’étais amoureux ! »… Alors être vraiment tombé amoureux au sens « comme avec J*** », est-ce que ça exclut l’infidélité ???
J — Je dis que l’infidélité n’est pas une nécessité.
A — Pour moi, il y a 15 ans : être amoureux = être fidèle. Pour toi désormais, être amoureux peut signifier être fidèle au moins conjoncturellement alors que pour moi plus du tout. Donc ça signifie concrètement que je peux être amoureuse mais ne pas renoncer à un bon coup qui se présente… Même si j’ai une entente sexuelle incroyable avec C***. Ça ne comprend pas le renoncement.
J — Je suis d’accord
A — Et je ne me sens pas moins amoureuse pour autant, c’est ça qui est nouveau pour moi ; l’envie d’autres hommes ne diminue pas mon sentiment amoureux (et pourtant dans le genre raide dingue de C***, tu peux y aller !!!).
ET LES ENFANTS DANS TOUT ÇA ? ET LE CONJOINT ?
J — Je voulais revenir sur un point : dans l’hypothèse d’une vie maritale correcte et d’une vie adultère parallèle épanouissante, j’ai aussi un frein à un changement de cet « équilibre » dont nous n’avons pas parlé, ce sont les enfants.
A — Ah oui, notre responsabilité par rapport aux enfants…. Ça pose question pour moi et c’est ce qui verrouille aussi chez C***.
J — On verra dans dix ans, les miens seront plus grands..
A — Le problème… c’est que les miens sont déjà grands… So…
J — À une époque, je m’imaginais qu’avec J*** on pourrait de nouveau être ensemble dans 10 ans, quand elle aura vécu son chemin et que pour moi la question des enfants ne se poserait plus si fortement. Mais ça pose plusieurs questions, notamment, quand j’aurai 50 ans, est-ce que j’aurai toujours un tel appétit sexuel ?
A — Et puis est-ce qu’on voudra renoncer au bout de 25 ans (quand nous aurons 50 ans, cela fera plus de 25 ans qu’on vivra avec nos conjoints) à une histoire belle malgré tout, construite. Tu aimes ta femme, j’aime mon mari, à notre façon.
J — Si je l’aime toujours, si l’amour est toujours là, il n’y a pas de raison de renoncer. Je pense que l’année dernière, si je n’avais pas eu d’enfants, j’aurais envisagé la séparation. Mais si je n’avais pas eu d’enfants, la question se serait posée plus vite aussi, probablement. Mais une nouvelle question m’agite désormais. Je suis dans une nouvelle perspective qui est de continuer à consolider mon couple, la thérapie a permis qu’on fasse tous les deux des efforts pour que les choses se passent mieux.
Donc la question c’est : est-ce que j’arriverai à atteindre un état ou mon besoin de sexualité adultère soit réduit ? Pour l’instant, j’ai plusieurs relations adultères en me disant qu’ainsi, j’aurai moins de risque à tomber amoureux et j’annonce également à mes partenaires que mon couple est une priorité, parce que je fais un pari sur son avenir. Les progrès existent, mais sont tellement lents que j’ai tout de même renoncé à être fidèle au bout de 4 mois seulement de thérapie.
A — C’est un pari que je fais aussi… Est ce que j’y crois vraiment ? Je ne suis pas sûre…
J — Quel pari fais-tu ?
A — Je fais le pari de retrouver un jour dans mon couple le côté « amoureux »… Que le temps fera son effet…
J — Ah !.. Je n’ai pas l’impression que tu sois axée sur ton couple en ce moment. Qu’est ce que tu fais concrètement pour ton couple officiel ?
A — Je RESTE, c’est déjà énorme, et je fais gaffe à ce qu’il ne casse pas à cause de mes relations adultères.
J — Une petite question clé : est-il au courant ?
A — Absolument pas, d’aucune liaison, il se pose des questions, il m’interroge mais je suis très très très prudente… Je crois sincèrement qu’on se fait attraper quand on veut se faire attraper.
J — Et lui, est-il fidèle ?
A — Il ne l’a pas toujours été. Il a eu, à l’époque de sa crise, une aventure que j’ai découverte, un coup, un « one shot »… depuis, rien, de façon quasi certaine,, lui est retombé très amoureux de moi de façon absolue, il attend qu’il m’arrive pareil, que je retombe très amoureuse de lui.
J — Il est bon dissimulateur alors ???!!!
A — Non ! Nous serions les premiers à déceler les signes, tu ne crois pas ?
J — Oui mais lui a eu une aventure.
A — Oui, one shot, une fois.
J — Moi, j’ai voulu me faire attraper, mais elle ne voulait pas voir.
A — Oui, je crois qu’il ne veut pas voir effectivement mais je ne lui donne aucun moyen de le détromper, alors que ça fait deux ans que je baise deux fois par semaine voire plus voire à plusieurs voire plusieurs fois… Mon mari, sa seule aventure, il a laissé la boite de capotes dans son sac…Moi ça ne m’est jamais arrivé alors que j’ai pris bien plus de risques… Il y a une réalité de l’acte manqué je pense. Le jour où je cesserai d’être vigilante sera le jour où je cesserai de donner une chance à mon couple.
J — Pour moi, il y a clairement une période où je voulais que les choses changent, j’étais prêt à me faire « gauler » pour ça. Elles ont changé, mais je ne me suis pas fait attraper.
A — Régulièrement, mon mari me demande si j’ai un amant… et je dis NON !!!
J — Nous avons eu une discussion au début de notre couple à propos de la fidélité et nous nous étions dit que le contrat, en cas d’infidélité, était : silence total.
A — Je crois que nous pourrions survivre à l’existence de l’infidélité de part et d’autre, mais je trouve que c’est déjà tellement dur d’essayer de construire voir de reconstruire son couple en l’état, que ce serait encore plus dur avec une infidélité connue. Ça n’apporterait rien. Je ne crois pas aux nouveau couples : ensemble pour les enfants mais avec amant « officiel ».
J — J’y crois mais c’est difficile, parce que potentiellement trop déséquilibré : il faut trouver hors de son couple des partenaires qui acceptent ces règles du jeu. Et dans la durée !
A — C’est déjà dur à deux, alors à plusieurs…
J — Tu n’es déjà plus à deux…
COUPLE ET ÉCHANGISME
A — Question sur l’échangisme : est-il possible dans le cadre du couple officiel ?
J — Déjà, « échangisme », il faut recadrer par rapport à ma fantasmatique autours de ça. J’ai commencé par être dépucelé par un couple et j’ai vécu pas mal de trios, c’est pour moi une manière de vivre ma bisexualité même si elle est très modérée, c’est comme ça que j’ai envie de la vivre. Et un autre truc qui me fait fantasmer c’est le quatuor où tout le monde serai bi et un autre fantasme c’est la partouze, mais mon expérience, faible, en club échangiste n’est absolument pas magique. La recherche que je peux avoir, c’est de me retrouver avec un couple ou avec un autre homme une autre femme plutôt que l’échangisme classique.
A — Ta femme a conscience de ta bisexualité latente ?
J — Pas trop, elle l’occulte, de même que mes envies anales, elle les occulte aussi, elle ne les prend pas en compte.
A — Je ne fais plus aucun amalgame entre homosexualité ou bisexualité et plaisir anal de l’homme. Mais je pense que c’est une notion très difficile à appréhender pour une femme, à chaque fois que j’ai pu en parler avec des amies femmes, j’ai toujours été devant un mur d’incompréhension… Pour elles, souvent, « envie anales = pédé ».
J — Je crois que ma femme est dégoûtée par tout ce qui sexualité à plus de deux, elle refuse ça. Par exemple, elle considère triste que je me sois « abaissé » à me faire dépuceler en trio, triste parce que sans amour.
A — Donc pour elle « trio = sans amour », mais vous avez évoqué la chose chez le thérapeute.
J — Elle a effectivement là-dessus un vrai blocage, donc rien que pour vivre ça, je sais que je vais continuer à avoir des histoires ailleurs.
A — Moi j’ai essayé de faire avancer mon mari sur l’idée de sortir en club, faire l’amour à plusieurs, explorer de nouveaux territoires sexuels… Et autant ça l’excite énormément dans l’idée, autant il dit clairement qu’il croit qu’il ne le supporterait pas. Il dit « j’adorerais “t’offrir” et te voir avec d’autres hommes, ça m’exciterait beaucoup, mais je ne crois pas que je le supporterais », ça reste à l’état de fantasme pour lui. Et je me demande si c’est envisageable dans le cadre d’un couple qui a eu pendant 15 ou 20 ans une sexualité plus classique.
J — Avec C***, tu l’envisages. C’est juste une question d’histoire du couple, en fait ? Moi je ne suis pas ferme sur cette hypothèse-là.
A — Je crois effectivement que c’est en rapport avec l’histoire du couple. Mais c’est une position sur laquelle j’ai changé dernièrement avant mon histoire avec C***. Je pensais que ça ne pouvait s’inscrire que dans le cadre d’histoires purement sexuelles. Alors que je crois aujourd’hui que c’est totalement compatible avec une histoire amoureuse.
Tu racontes dans une de tes notes que tu as des accessoires, comment s’est passé l’acquisition de ses accessoires ?
TOYS STORY
J — Au départ, ma femme m’avait demandé de lui acheter des boules de geisha, j’ai donc fait une commande groupée boules de geisha pour elle et aneros pour moi,
A — Elle savait que tu allais commander pour toi aussi ? Tu lui en as parlé avant ?
J — Non.
A — Comment ça s’est passé ?
J — En réalité, on ne l’a utilisé qu’une seule fois à deux.
A — Mais quand elle a découvert ta commande ? Quelle réaction a-t-elle eu ?
J — On va dire « ouverte », elle n’a pas été choquée..
A — Excitée ?
J — Non plus !
A — Merde, fait chier, elle est bête ! (Rires)
J — Dernièrement, j’ai fait des petites courses en solitaire. J’ai acheté un vibro pour elle et des choses pour moi (et pour une amante). J’ai acheté un chapelet et un plug anal. Le vibro, je lui ai offert et elle a joué avec et elle était contente de ce cadeau.
A — Elle l’utilise toute seule tu crois ?
J — Non, elle ne l’a pas emporté en vacances en tous cas…
A — Elle ne sait pas ce qu’elle perd !!! Moi, j’ai travaillé mon mari plus d’un an pour qu’il m’offre un « coffret cadeau »… Ça a duré un an, d’allusions puis de demandes claires… pour obtenir au bout de plus d’un an, pour la Saint-Valentin, mon coffret cadeau !!!!
A — Que contenait-il ?
A — Il y avait tout ! Vibro, boules de geisha, chapelet, et on joue encore très souvent ensemble… et il sait, parce que je m’arrange pour qu’il le sache, que je joue souvent toute seule…. Mais ça n’a pas été évident dans sa tête de passer le pas. Pour lui, c’était un grand pas à faire, même si nous avions eu une sexualité plutôt débridée et épanouissante au début de notre relation.
J — Qu’est ce qui n’était pas évident ? Que son sexe ne pourrait pas suffire ?
A — Non plutôt l’idée que c’est « dépravé »… Ce ne sont pas forcement pour lui des jeux de couples. Les autres, oui, sa chère épouse, mère de ses chers enfants… c’est plus dur, c’est la même chose que pour ses fantasmes…
LORSQUE L’ENFANT PARAÎT
J — Est-ce que tu as observé une modification de votre sexualité à partir de la naissance des enfants ?
A — Oui et principalement de mon fait. Je n’ai plus eu de libido pendant quasiment 3 ans… 3 ans à partir du deuxième…trop comblée, suffisamment comblée sensuellement par mes enfants… Et vous ? À partir de la naissance des enfants ?
J — Moi, je n’ai pas senti de différences notables entre avant et après les enfants, ma femme a très bien récupéré physiquement de ses grossesses… (comprenne qui veut !) (rires) En revanche, quand nous avons eu nos premières discussions de couple, quand j’avançais que, pour moi, nous n’avions pas une sexualité suffisante, elle mettait en avant les enfants comme raison de son manque de disponibilité pour moi.
A — Je crois que les hommes n’ont pas conscience de la façon dont la maternité nous remplit sensuellement aussi, tu comprends ?
J — Je n’en ai pas conscience, en effet.
A — Les hommes comprennent souvent que ça nous modifie d’être mère cérébralement, voire physiquement… mais c’est aussi un tel apport d’amour, même physique, le corps à corps avec un nourrisson nous nourrit d’une façon incroyable et peut (dans mon cas en tous cas) prendre la place de la nécessité d’autres corps à corps… Alors il y a le nourrisson, l’allaitement, et ensuite les premières années extrêmement câlines des enfants. C’est très difficile de défusionner. Ça également, j’ai mis 3 ans à le faire, et c’est clairement mon mari qui m’a poussé à le faire, sinon j’aurais continué la fusion plus longtemps encore je pense…
J — Moi aussi je fais des câlins à mes enfants !!
A — Oui mais les débuts sont « sensuels » avec un nourrisson.
J — Ma femme n’a pas allaité.
A — Moi si, j’ai allaité.
J — Je crois que ma femme a du mal à vivre son propre corps comme élément sensuel, qui peut expliquer notre sexualité un peu décevante, et qui fait que selon moi elle n’a pas voulu allaiter.
…
* * * * *
La discussion aurait pu continuer longtemps encore, mais nous fumes pris d’une…
GROSSE FATIGUE !!!