Un sujet avec lequel je ne serai jamais raisonnable, c’est le Moon City.
Y aller aussi peu, alors que chaque minute passée transpire (aussi sûrement que moi dans le sauna ou le hammam) la sensualité, ce n’est vraiment pas raisonnable.
Aussi, quand, dînant avec P***, la conversation glissa innocemment sur le sujet du Moon, et P*** partageant le même enthousiasme que moi sur ce lieu, c’est avec un grand sourire, et presque soulagés, que P*** et moi nous accordâmes pour y poursuivre notre agréable soirée.
Je passe sur les détails (accueil chaleureux de l’hôtesse qui connaît bien P*** ; rencontre de X qui, parce que je l’avais déjà croisé deux fois avec une partenaire qui, à chaque fois, avait sympathisé [on va dire ça comme ça] avec lui, a cru qu’avec cette troisième, ce serait pareil, mais qui s’est cassé les dents ; d’ailleurs c’était une soirée avec des hommes seuls et pas trop de monde, période estivale oblige, et on a entendu deux mecs qui, se croisant dans l’escalier, échangèrent ces propos désabusés « — C’est la misère, ce soir ! — Ouais, y a queud’ ! » ; découverte des deux nouvelles pièces installées dans le couloir hanté – on entend régulièrement des bruits étranges venant de derrière les portes ou les murs ; serveuse qui ajoute par mégarde de la vodka dans mon Ti’Punch, du coup un peu plus corsé) pour en venir à la petite anecdote que voici.
Or doncques, après un long jacuzzi et un passage rapide au séchoir sauna, P*** et moi nous dirigeons à la recherche d’une salle pour nous ébattre tranquillement à deux. Les délicieuses salles du fond, aux miroirs, étant occupées, nous nous replions sur une des nouvelles pièces pour l’essayer. Problème : la porte ne ferme pas à clé. Je pallie l’absence de verrou par ma serviette, nouée autour des poignées. Ça ne résistera pas à un assaut violent, me dis-je, mais le message devrait être suffisamment clair à destination des autres pensionnaires (le respect des limites de chacun faisant partie des règles de courtoisie généralement en vigueur dans les clubs). Le petit salon que nous occupons est en forme de L. Dans la barre verticale du L, l’endroit où P*** s’allonge ; au bout de la barre horizontale, la porte serviettée ; à l’intersection, moi semi-couché en train de gamahucher (j’emploie ce terme pour faire plaisir à L&L ;-) ma voluptueuse partenaire. Tout ça pour dire que dans cette position, ni elle ni moi n’avons d’yeux posés sur la porte d’entrée. J’entends bien quelques fois du bruit à la porte, mais sans plus.
Quand d’un coup, je sens un corps qui frôle le mien. J’interromps donc mes caresses et m’apprête à chasser l’importun quand je découvre que ce n’est pas un homme qui a forcé le passage, mais … un couple. Comme ils ne semblent pas, dans l’obscurité bienveillante, repoussant, nous les laissons progressivement prendre place à nos côtés. S’en suit un « échange » que je ne détaillerai pas, sans beaucoup d’intérêt, et une mini-altercation (vi, vi !) entre un visiteur (forcément, après l’effraction, la porte était désormais béante) et le monsieur qui, tout en levrettant P***, fait comprendre à celui-ci qu’il est persona non grata en termes assez peu amènes. J’essaye de faire comprendre à notre visiteur que je regrette ces propos avec une grimace désolée, sans toutefois contredire franchement notre partenaire du moment, pour ne pas briser le peu d’harmonie qui pouvait subsister.
Un peu plus tard, le voilà qui nous propose une relation « suivie ». P*** et moi déclinons poliment : « Non, ce n’est pas vraiment ce qu’on cherche, on préfère l’unicité du moment en club, blablabla. »
Il insiste et assène l’argument massue : « Parce que ça peut être sympa : vous venez chez nous, une pizza, une bière et puis… »
Curieusement, nous avons maintenu notre position (je ne parle pas de la levrette).
J’ai pensé in petto à ce que m’avait dit P*** quelques heures plus tôt, quand nous dinions ensemble, sur la fiche d’un couple, sur le site Netechangisme, « plus Cap-Ferret1 que Cap d’Agde » !
Je n’ai rien contre une bonne pizza (hum ! une calzone !) et j’aime beaucoup la bière (notamment les bières d’abbaye), mais dans certaines circonstances, au risque de tomber dans les clichés, je préfère allier aux plaisirs charnels des plaisirs de bouche plus raffinés.
Épilogue
Par la suite, nous avons poursuivi agréable notre soirée entre les murs du Moon City, nous avons croisé A*** avec son ami (je n’ai pas osé trop les déranger, j’avais peur d’une interaction un peu bizarre, mais j’aurais peut-être dû ?) et une fois de plus, en traînant les pieds, je me suis résolu à quitter cet endroit délicieux.
Illustration qui fait peur de Martin Kovalik (?) (je n’arrive pas très bien à lire les références en haut à droite)
- Où j’ai passé cet été une semaine vraiment très agréable mais pas libertine pour un sou.↩