Ami lecteur, j’interromps un instant ma série petite salope pour une page de publicité.
Enfin, j’interromps, façon de parler, parce que ces derniers temps, c’est surtout par mon absence que je brillais ici. J’ai les excuses habituelles : beaucoup de boulot, la femme, les enfants, O***, tout ça tout ça.
Mais en plus, en ce moment, j’ai la Primaire Citoyenne1 qui m’occupe tellement que je n’ai pas eu le temps de vous en faire un peu la causette.
Au commencement (enfin, en 2009) était le P.S. qui voulait se rénover et a proposé à ses militants une série de mesures pour rénover la pratique politique. Parmi les points approuvés très largement par la base, le non cumul des mandats2 et l’organisation d’une élection primaire pour désigner le candidat. En ce qui me concerne, j’avais voté pour le non-cumul, mais contre l’élection primaire, qui me semblait une médiocre façon de répondre à un déficit de leader naturel au sein du parti.
N’empêche qu’ayant tenu un bureau toute la journée de dimanche dernier (et m’apprêtant à m’y recoller dans trois jours), j’ai pu mesurer le bel enthousiasme que cette grande première (en France) avait suscité. Je pense que les gens étaient très motivés par la participation à cette nouveauté démocratique ainsi que l’envie féroce de se préparer à virer Kayser Sozy de son trône. En outre, c’était assez grisant de se retrouver en bonne compagnie (c’est pas souvent qu’il y a 100 % des suffrages exprimés qui sont à gauche dans une élection nationale !).
Bref, cette primaire, c’était quand même super bien organisé, j’ai trouvé, et ça va être difficile, pour le P.S. de revenir en « arrière » (et, à mon avis, pour l’UMP d’y échapper la prochaine fois).
– ¤ –
Maintenant, ami lecteur, et plus particulièrement toi, ami lecteur de gauche (ou du centre), je m’adresse à toi parce que l’heure est grave. En 2006, le P.S., comme un seul homme, avait propulsé Ségolène Royal sur le devant de la scène pour être notre candidate à la présidentielle. Enfin, à 65 % des suffrages exprimés lors du vote interne (d’une grande sincérité, comme d’habitude au PS, bien sûr) parce qu’il y avait quand même quelques esprits sensés pour remarquer que ce n’était pas parce que les sondages la donnait gagnante contre Sözy que Ségolène Royal allait gagner contre Sözy.
J’ai un peu l’impression qu’en 2011, le peuple de gauche s’apprête à réitérer une erreur stratégique en ne choisissant pas le bon candidat (qui se trouve être la bonne candidate, en fait) pour aller au front contre la droite réprochable l’année prochaine, notamment pour des considérations très très fumeuses de sondage.
J’ai évidemment un peu moins peur qu’en 2006, parce qu’à bien des égards, la bataille sera beaucoup plus facile l’année prochaine :
- parce que le PS est soudé (merci qui ? merci Martine)
- parce que Sözy est méchamment plombé par un bilan à la fois médiocre et écœurant (il aura du mal à nous rejouer le scénario de l’après-Chirac)3
- parce que Hollande est quand même moins givré que son ex.
N’empêche (et je suis fier de pouvoir dire qu’il y a 3 ans, j’étais déjà clairvoyant sur Martine et que je n’ai pas changé d’avis sur François4), Martine Aubry montre avec clarté, pugnacité, talent :
- Qu’elle a de la constance dans ses positions
- Qu’elle peut justifier d’un bilan de son action politique béton (aussi bien à la tête du PS que lorsqu’elle était ministre) (bon, on pourrait trouver à chipoter, comme sur le coup des horaires réservés dans les piscines municipales à Lille – sur lequel elle est revenu : savoir reconnaître ses erreurs, c’est aussi une force)
- Qu’elle a l’énergie pour affronter le camp d’en face, et pas une posture fade (c’était quand même le roi de la dilution tiède, lors du débat de mercredi, vous n’avez pas trouvé ?) et artificielle de prétendu « présidentiable »
- et je pourrais en ajouter si je ne craignais pas de vous gaver, pour une fois que je ne parle pas de cul5…
Le coup du vote utile, au second tour de la primaire, de prime au favori, c’est une belle manipulation en plus. Cette primaire n’a rien à voir avec le vote interne de 2006. Tout a été fait pour que le parti socialiste se range sans faire l’imbécile derrière le vainqueur de cette élection.
Donc, ne déconne pas, ami lecteur, va voter dimanche et faire gagner Celle qui balancera une bonne gauche au nabot – et puis ça lui laissera du temps pour s’occuper de son gnard – et saisir l’occasion d’avoir enfin en France une – sacrée – nana à la tête du pays !
Vas-y Martine, vas-y !
Ahhhhhh-doup-doup-doup-doup-doupppppp…
P.S. : non mais je suis super sérieux sur ce coup-là, déconnez pas, amis lecteurs !
- Je dis la primaire parce que le pluriel est inadéquat.↩
- Il est assez amusant de constater qu’Arnaud Montebourg, à l’origine du projet de rénovation, et grand donneur de leçons du haut de son score inattendu de dimanche dernier, cumule – avec François Hollande, et contrairement à Martine Aubry – encore les mandats.↩
- À propos, je ne sais pas si vous avez vu ces affichettes de l’UMP : « le PS choisit la dette ». Faut quand même oser après avoir passé 4 ans à plomber les finances publiques.↩
- On se la pète quand même, entre camarade, à s’appeler par son prénom, pas vrai ?↩
- Bon, j’aurais pu vous parler de DSK ?↩