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La preuve par trois

Chère Judith,

Au cours de votre interview1 auquel je me suis prêté au sujet des femmes soumises (sujet sur lequel je ne prétends pas avoir de connaissance très étendue, même si elle est étayée par plusieurs rencontres, pratiques et témoignages), il me semble qu’en vous focalisant sur les pratiques, vous avez laissé sur le côté le plus important, le pourquoi, ou plutôt le « pour quoi ? »2.
Cette note espère être un élément de réponse, même si, on le verra, la question de la soumission n’est pas vraiment centrale dans le récit qui va suivre.

Nous sommes vendredi. Profitant du passage à Paris d’une amante lointaine mais délicieusement joueuse, d’une part, et du tempérament non moins joueur et non moins délicieux de ma récente amante parisienne (déjà évoquée ici), après m’être assuré auprès d’elles deux de leur accord, j’organisais donc avec Zoé et Pascualina un trio.
Chaque soirée est bien évidemment unique, quelles que soient les circonstances, mais je souhaitais profiter de cette occasion rare pour ajouter à celle-ci quelques ingrédients inédits, tout du moins pour moi. Un de ces ingrédients nécessitait un accessoire que je n’avais pas et que j’eus bien du mal à obtenir, mais que je me réjouissais d’avoir en poche au moment où je retrouvais Pascualina pour l’emmener, sur mon scooter et sous la pluie, à l’autre bout de Paris où Zoé séjournait.

Nous toquons à la porte de la chambre et une Zoé souriante nous invite à entrer. Je me charge évidemment des présentations, et mes deux belles de nuit font connaissance un verre de bulles à la main.

(Aparté : je rédige ce récit de bien trop nombreuses semaines après les faits, je vais donc faire semblant = comme d’habitude à vrai dire = de les relater avec précision qui n’aura donc rien d’historique.)

Je jugeais qu’il était temps désormais de passer dans le vif de mes sujettes et après avoir accordé à Zoé la dernière cigarette de la condamnée, nous commençâmes à nous goûter et nous déshabiller tous les trois et dans n’importe quel ordre sur le lit.
Vous en conviendrez avec moi : ces deux gourgandines méritaient une bonne fessée pour les punir d’être si excitantes. D’autant qu’une belle paire de fesses rondes et joliment rougies est bien plus agréable à enculer.
Mais nous n’en sommes pas encore là.

Je farfouille dans mon sac à malice et, bon an mal an, j’arrive à en extraire de quoi menotter quatre poignets et autant de chevilles. Sans écartèlement excessif, je compte bien seize façons distinctes d’accrocher ces deux corps l’un à l’autre, sachant que l’on peut mettre les corps face à face, dos à dos, ou l’ un derrière l’autre, et que personne n’a dit qu’il fallait réunir les poignets aux poignets ou les chevilles aux je cheville. Vous l’avez compris, je n’avais que l’embarras du choix.
Ça, c’était mon premier ingrédient.
J’unissais donc mes deux tentatrices dans une configuration que je vous laisse deviner, qui leur laissait une certaine latitude pour se prodiguer quelques soins, tandis que moi, je profitais de ma bête à deux dos mouvante pour m’amuser de diverse façon, alternant rudesse et douceur. J’ai dans mon sac à malice toutes sortes de choses pouvant se substituer à une main sévère, des doigts habiles, un membre vigoureux… ce qui ne me dispense pas, bien évidemment, d’utiliser mon propre matériel, celui dont la nature a jugé bon de me doter.
Malgré tout le talent que mes deux garces grognantes, léchantes et glissantes pouvaient mettre à me sucer (sans offense à Pascualina encore en apprentissage sur ce domaine, je dois mentionner le don étonnant de Zoé à avaler ma queue entière, et rien que penser à la façon qu’elle a d’évoquer, rêveuse, la sensation particulière qu’elle éprouve au moment où mon gland gonflé franchit l’entrée de sa gorge, je ne peux réprimer une érection), j’eus envie de glisser ma queue dans d’autres orifices et il en restait quatre à ma disposition.

C’est là qu’intervient mon deuxième ingrédient, celui qui me fut délicat d’acquérir : des préservatifs féminins. Je n’avais pas réussi à m’en procurer en pharmacie : la première m’indiqua que c’était sur commande, la seconde qu’elle n’en avait pas, la troisième m’affirma que la vente en était désormais interdite pour cause d’inefficacité.
Je ne suis pas allé vérifier sur internet quelle était la vérité sur le sujet. J’ai laissé tomber les pharmacies et je suis allé à la boutique du Roi de la Capote près d’Oberkampf où j’en ai trouvé avec même le choix entre quelques modèles (pour faire bonne mesure, j’ai pris également une boîte de 1443 préservatifs Mannix Skyn King Size = mon modèle préféré que mon Leclerc a eu la mauvaise idée de déréférencer =, et une autre boîte de préservatifs quelconques bien plus économiques dont je me sers pour protéger les sex-toys = en particulier de l’usage des lubrifiants siliconés).

Petite parenthèse. Je ne sais plus si c’est au festival Solidays, en 20xx, que j’ai découvert l’existence des préservatifs féminins, mais c’est là que j’ai en ai eu les premiers échantillons et qu’on m’en expliqua l’intérêt. Par exemple le fait qu’il puisse se mettre en place à l’avance.
Pour moi qui réfléchis souvent en termes d’applications pratiques sur ces objets sexuels ou para-sexuels ((Lire à ce sujet tout le bien que je pense de la coupe menstruelle.), je pensai que cette mise en place anticipée pouvait être une bonne idée pour un quickie (presque) impromptu au détour d’une porte cochère. Je réfléchis plus en avant et me dis aussi que, puisque le préservatif féminin peut également s’utiliser pour des rapports anaux, en utilisant deux de ces bidules, je pourrais pratiquer de façon safe pour la flore vaginale de ma partenaire des alternances de coït vaginal et anal. Confiant cette idée fantasmatique à un ami, lui me dit qu’il pouvait aussi être utiliser pour baiser alternativement deux femmes sans avoir à devoir changer de préservatif entre chaque pénétration. J’ai alors trouvé l’idée géniale et je m’en suis voulu de ne pas l’avoir eue tout seul.
Je testai enfin l’objet de façon bien plus prosaïque avec une amante de l’époque, nous avons trouvé la petite collerette blanchâtre qu’il formait, autour de la vulve, fort inesthétique, et sans grand intérêt pour les sensations. Les échantillons qui me restaient finir au fond de mon sac à malices (bien plus léger à l’époque) pour n’en sortir qu’une fois largement périmés pour finir à la poubelle.
Ce n’est donc que XX années plus tard que je ressortis de ma longue liste (si, si, je vous assure, amis lecteurs) de fantasmes non réalisés celui-ci, en me disant que l’occasion était bien rare de réunir deux partenaires (généralement) disposées à se faire sodomiser et de faire donc d’une pierre deux coups en pouvant alterner les partenaires et les orifices.
Il y a souvent un fossé, plus ou moins large, entre le fantasme tel qu’on se le représente dans son imagination et sa mise en pratique. Ici, la difficulté consista à mettre en place les préservatifs, et surtout à ce qu’ils s’y maintiennent quand je retirai mon sexe. Pour ce qui est de la mise en place dans le vagin, ou plutôt dans les vagins, je m’en sortais à peu près convenablement. Cette séquence-là, reconnaissons-le, manquait singulièrement de glamour. J’étais aidé de l’anneau souple qui réside au fond du préservatif pour sa mise en place, j’y allais avec les doigts et nous compensions le manque d’érotisme de la scène par une franche rigolade avec mes belles (aucun de nous trois ne prenons l’humour comme un ingrédient anti-sexe). J’y arrivai peu ou prou.
Quand j’en vins au cul de Pascualina, ce fut plus délicat. Prendre un cul, c’est déjà délicat, même si Pascualina avait préparé le sien en l’ornant d’un beau rosebud, mais, équipé de ce préservatif (dépareillé de son anneau, comme je l’avais lu jadis pour l’utilisation anale de la chose) qui flottait autour de ma queue que je m’efforçais de garder aussi raide que possible, j’eus du mal à me frayer un premier passage. Mais surtout, à chaque fois que je ressortais mon sexe, sans doute aidé par la bonne dose de lubrifiant que j’avais employée, j’emportais avec moi l’insolent truc en plastique. J’enculais Pascualina à nouveau, pour une nouvelle tentative qui échoua de la même manière. À la troisième pénétration, cette poche blanchâtre consentit à tenir à peu près en place et je pus enfin me livrer à mon orgie pénétratrice multi-orifice (je laissais le cul de Zoé tranquille, seuls mes doigts s’y aventurèrent). Croyez-moi, malgré cette mise en place compliquée, la suite s’avéra extrêmement excitante (même si je restais prudent à chaque changement de cible) et je pris grand plaisir à cette frénésie coïtale !

Je fis une pause pour changer la configuration en détachant puis rattachant mes proies consentantes dans une position plus alambiquée (et, espérais-je, moins confortable !) avant de reprendre ma manie perforatrice, claquante et malaxante.

Illustration non contractuelle

Une fois rassasié (une sensation bien éphémère hélas), je considérais qu’il était temps de penser au plaisir, de en tout cas au plaisir plus vif, de mes diablotines qui m’offrirent le beau spectacle d’une masturbation croisée. Zoé était équipée d’un Womanizer dont elle faisait découvrir les bienfaits à Pascualina, tandis que cette dernière, équipée de mon équivalent de Magic Wand sans fil, donnait du plaisir à sa comparse. Je jouissais de la vue, joignais mes caresses où je les espérais utiles, glissais parfois (éphémère, vous disais-je) ma queue dans une bouche trop ouverte à force de gémir…
La fête des corps se poursuivit, agrémentée de quelques pauses entre gourmandises à manger et à boire, et cigarettes pour Zoé qui, décidément, a bien du mal à ne pas porter des formes oblongues à la bouche.
Assez tard dans la nuit, alors que je gisais, épuisé mais pas encore rassasié, au milieu du lit, serrant contre moi Pascualina à gauche et Zoé à droite, ces deux demoiselles eurent l’inspiration de glisser de concert jusqu’à mon ventre où les attendait ma queue qui, soyons franc, ne demandait que ça : deux bouches gourmandes et habiles à se partager la tâche. J’atteins enfin l’orgasme, faisant gicler ma semence dans la bouche de Zoé tandis que Pascualina me suçotait divinement les couilles, un ou deux doigts enfoncés dans mon cul.

Voici, chère Judith, en substance, un des grands intérêts des amours BDSM (ou plus largement des amours kinky) : inventer et jouir de situations nouvelles, qu’il est bien difficile – mais pas impossible – de concurrencer à deux sous une couette dans une relation vanille, si épanouie soit elle…


  1. À paraître en septembre. Je vous file le lien dès que je l’aurai.
  2. J’espère que je ne fais pas un procès d’intention. Je n’ai pas encore vu l’article complet et je réagis surtout à mon interview.
  3. Faisant ainsi preuve d’un grand optimisme sur l’avenir de ma vie sexuelle à moyen/court terme…
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