

… et ce malgré une misanthropie légère, née au fil des ans et s’épanouissant avec l’âge. Mais je fais partie mordicus de cette frange de l’humanité qui place au dessus du lot, au dessus des dieux et des animaux, l’homme. Je mets aussi la femme par dessus le lot ; après, de savoir qui prend le dessus de l’homme ou de la femme, on en discutera dans une prochaine note sur le kamasutra.
Je voue un mépris féroce pour les défenseurs des animaux qui n’ont pas trouvé de meilleure cause à défendre que ces pauvres bestioles au cerveau rachitique, incapables de rire devant un dessin du Canard Enchaîné (pourtant, Lefred-Thouron est hilarant, non ?). Y en a qui se plaignent quand l’épouvantail de la politique français vomit qu’il ne trouve pas que l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale ait particulièrement était inhumaine, y en a qui s’indignent que le gavage des oies ne soit pas une manière de traiter ces palmipèdes avec assez d’humanité. Bordel, le foie gras c’est quand même meilleur que le tofu.
Mon indignation n’a fait qu’un tour en lisant cet article de Libération paru le 21 juillet, spirituellement titré selon la coutume en vigueur dans ce journal « le troisième delphinarium français fait flipper ». Mon indignation serait un coureur cycliste, faire un tour aurait pu prendre du temps, mais là, non, 1,32 seconde a suffi entre le moment où mon cerveau supérieur d’hominidé déchiffrait les caractères imprimés sur le journal (fais-en autant, ami rottweiler arrivé par je ne sais quel coup du destin sur mon burp) et celui où mon cri indigné résonna dans la rame de métro : « Putain mais comment peut-on dire des conneries pareilles sans se sentir immédiatement sidéré par sa propre crétinerie ? ». En réalité, je laissais mes voisins terminer tranquillement leur Sudoku et je criais en silence (un truc que nos amis les canards ne savent pas faire).
Présidente de One Voice, Muriel Arnal déclare donc que ces pauvres dauphins vivants en captivité « travaillent pour les spectacles uniquement motivés par la nourriture ». À croire que selon Muriel Arnal, les O.S. de chez Renault seraient motivés par le grand épanouissement qu’ils retirent en trimant devant leur tourneuse-fraiseuse en faisant les 3×8 (plus que deux cent dix huit enjoliveurs et j’aurai le droit à une sardine).
Je sais bien qu’on dit que les dauphins sont des être dotés d’intelligence, d’un langage, même. Fort bien. Mais les ouvriers du BTP qui bossent au noir et qui crèvent en silence sous la canicule pour construire nos autoroutes et nos Musées des Arts Premiers, est-ce qu’elle s’en tape, Muriel Arnal ? Est-ce qu’elle est vraiment convaincu au fond d’elle-même que le sort d’une quarantaine de dauphins (au bas mot) est une cause plus nécessaire à défendre que la liberté d’expression des journalistes dans les régimes dictatoriaux, que les conditions de vie dans les prisons françaises, que les nègres qui crèvent de faim ou du sida par millions en Afrique ?
Je ne voudrais pas qu’on croit que je pense que parce qu’une cause serait moins importante qu’une autre, elle ne mériterait pas d’être défendue (comme les ânes qui gueulent sur l’argent dépensé pour la culture ou un feu d’artifice alors qu’à côté y a des gens qui ont faim), je parle là d’un fossé, d’un abîme qui sépare ces combats, et qu’ils ne sont pas loin de la maladie mentale ceux qui investissent leur énergie dans la bataille pour les conditions de vie des souris de laboratoires (il y en a qui vont jusqu’à tuer) quand leurs frères humains ont des problèmes un peu plus lourd à gérer qu’un peu de peinture qui s’effrite dans leur bassin (sic).
Et les propriétaires de clebs qui ne ramassent pas leurs déjections sur le trottoir, ils m’emmerdent, au littéral comme au figuré.
Pour avoir écrit ma petite note sur la canicule, il est probable que jamais, ô grand jamais, je ne sois un jour un élu de la République.
Pour autant, dans le cas où cette improbable issue viendrait à survenir, que je devienne un jour connu et puissant, il est certain que des journalistes mal intentionnés viendront à fouiller dans mon passé, afin d’exposer mes erreurs de jeunesse, d’une époque où je n’aurais pas cherché à lisser mon image.
Ils finiront, par des recoupements habiles, par faire céder la frêle barrière d’anonymat dont on jouit ici, et tomberont sur cette note. Elle est là pour ça, pour être exhumée, pour être révélée au grand jour.
Commençons par le commencement.
J’ai fumé de la marijuana. Et j’ai inhalé. À plusieurs reprises. Constatant que ça ne semblait pas me faire d’effet particulier (à part me faire tousser, vu que je ne supporte pas la cigarette), et malgré un entourage sympathique, je n’ai pas persévéré. En réalité, je ne sais même pas si c’était de la marijuana ou du hashich, de l’herbe ou du cannabis (je ne sais même pas trop la différence entre tout ces machins).
J’ai fait bien pire que fumer un joint.
J’ai avalé une part de space cake. Si tu ne sais pas ce qu’est un space cake, ami lecteur, c’est que ta pureté n’a pour égal que ton défaut d’érudition. C’est un vulgaire quatre-quart dans lequel on a ajouté des petits bouts de hashich (je crois bien que c’est du haschich, c’est pas de l’herbe en tout cas). Bon. Même topo que pour la fumette. Aucun effet notable. L’avantage, c’est que ça ne fait pas tousser.
Du coup, à mon âge avancé, j’ai totalement abandonné l’exploration des paradis artificiels, à l’exception du seul qui reste à la fois légal et efficace (sur moi en tout cas) : l’alcool. Oui, je sais. C’est un peu décevant. Ami (?) journaliste, je comprends ton désarroi. Mais je poursuis mes confessions. Attention, ça va devenir difficile à supporter.
Je n’ai jamais été trotskiste.
Je continuais de regarder l’Île aux Enfants à 17 ans.
J’aime Mylène Farmer et j’ai plusieurs de ses albums dans ma discothèque, achetés, pas piratés.
J’ai volé une rallonge téléphonique (10 m) au Monoprix de Meudon en 1985.
J’avais une antisèche programmée dans ma super-calculette quand j’ai passé le bac en Maths, et comme un con j’avais oublié d’y mettre la formule dont j’aurais eu besoin, parce que c’était la plus simple, m’étais-je dit au moment où je saisissais mes aide-mémoire (j’ai toujours eu une mémoire déplorable – bien que je me souvienne de cette anecdote, comme quoi…).
Adolescent, j’aimais m’imaginer que j’étais un androïde. Tu comprendras que, dans ces conditions, j’ai pas mal tripé sur Robocop.
Je me suis introduit clandestinement chez ma voisine, dont j’étais amoureux, pendant qu’elle et ses parents étaient absents, pour y lire son journal intime (ami lecteur, comprends-moi, à cette époque, les burps n’existaient pas). Elle n’en a jamais rien su, bien entendu : même dans mes forfaits, je garde une certaine éthique.
J’ai déjà simulé l’orgasme.
J’ai un conseiller financier à La Poste (pardon, La Banque Postale).
Adulte, je continue à m’imaginer (un peu moins souvent, certes) que je suis un androïde.
Bip.
J’ai du mal à comprendre les efforts désespérés des pouvoirs publics à montrer qu’ils sont vachement vigilants sur la canicule.
Lors de la canicule 2005, il y a eu environ 5.000 morts comptabilisés comme étant victimes de la canicule. Soit. L’année d’après, une intéressante étude a montré qu’il s’agissait bien d’une surmortalité, autrement dit que les morts de l’été 2005 n’étaient pas tous cacochymes, et n’allaient pas crever dans les mois qui allaient suivre. Statistiquement parlant, ça se traduit par l’absence de creux à la suite du pic.
On dira ce qu’on voudra, mais les pauvres bougres étaient bel et bien condamnés, comme vous et moi.
Les vieux vivant de plus en plus longtemps, et coûtant par la même de plus en plus cher à la société, non seulement en versement de pensions, de retraites, mais plus encore par leurs attaques organisées au système de santé publique (le trou de la sécu, c’est eux, les boucs émissaires tout trouvés).
Alors non seulement on leur sacrifie un jour de congé (Esprit de Pentecôte, où t’es tu envolé ?), mais en plus on les bichonne dès que le thermomètre grimpe. Faudrait qu’on m’explique la logique de tout ça.
Laissons le dieu Soleil les rôtir en toute quiétude.
Râ Lovely.
Vu ce soir en DVD le thriller Memento (de Christopher Nolan, 2000). Un film pas tout récent, mais qui avait eu un certain succès, critique et public. Je ne l’avais pas encore vu, on m’en avait souvent parlé, j’en avais ré-entendu parler à l’époque où j’étais allé voir un autre film (Novo, de Jean-Pierre Limosin, 2002) plus confidentiel basé également sur le même principe : un homme qui a perdu la mémoire immédiate, et comment il organise sa vie autour de ce handicap.
L’originalité de Memento est d’être un récit à rebours ; chaque chapitre du film précède chronologiquement celui auquel il succède pour le spectateur, lequel reconstitue l’histoire comme il rembobine une pelote. Si on filmait une balle en caoutchouc rebondir, on la verrait rebondir tout aussi bien en visionnant la bande à l’envers. Les scénaristes se sont donc malignement appliqués à échafauder une histoire pleine de rebondissements, et que l’on ne comprend pleinement qu’arrivé à la fin (c’est à dire … au début !).
Memento est un thriller très plaisant, même si l’on sait, de par la structure même du film, qu’on va s’y faire balader tout du long aussi facilement qu’un enfant à qui on promet une barbapapa (ou, par les temps qui courent, une glace).
Il m’est apparu que lorsqu’au hasard de nos déambulations sur le net, nous tombions sur un burp qui nous plaisait, et qu’il nous venait l’envie de lire ce que son auteur avait écrit avant, et puis encore avant, nous remontions nous aussi le temps en suivant le fil des notes, commençant par la plus récente présente sur la page d’accueil, et remontant ainsi le passé du burpeur.
Mon burp est né pour combler le vide que cette séparation avait créé.
Je ne sais pas s’il y aura un happy end. Sûrement.
Mon burp est né d’un sad beginning.