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Nadia – Épilogue (4)

Pour vous rafraîchir la mémoire :

Épisode 1 : Nadia
Épisode 2 : Le repas des fauves (Nadia – 2)
Épisode 3 : Le repas des fauves (Nadia – 3)

Quelques minutes s’écoulent dans le silence. Tu es allongée sur le dos, je suis sur le flanc, collé contre toi, en appui sur un bras. Ma main libre se promène tendrement sur ton ventre, caresse parfois la base d’un sein, s’aventure sur une cuisse. Douceur chuchote l’instant.
Le silence qui s’est installé commence à me déranger. Il est un peu plus d’une heure du matin, tu te demandes peut-être si je vais prendre mes cliques et mes claques, te quitter toi et ton canapé pour rentrer au domicile conjugal. Tu sais que je suis marié, bien sûr, mais tu ne sais pas encore que cette semaine je jouis d’une semaine de pur célibat sans femme ni enfants. Tu ne sais pas que cette nuit peut être sans limite. « J’ai encore soif ! », c’est par ces mots que je romprai le silence. Disant cela, je me redresse sur mes jambes ; tu commences à replier les genoux pour pouvoir te lever à ton tour et je tends mes mains pour prendre les tiennes et t’aider à te relever. Tu te redresses et, avec l’élan, ton buste rejoint le miens et nos lèvres s’échangent un baiser furtif.
Tu m’offres le simple verre d’eau que je réclame, tu t’en sers également un. Je te prends dans mes bras, bois une gorgée par-dessus ton épaule. Ma main gauche attrape, dans ton dos, la fermeture de ta robe et l’abaisse jusqu’à la naissance de tes fesses. Tu te déhanches pour m’aider à l’ôter, je la pose sur mon pantalon avec le même soin que tu avais porté à mes vêtements. Ton omoplate dessine en bas-relief la forme d’un ruban ou d’un serpent, pli de tissus qui aura marqué ta chair allongée sur le sol. Je remarque sur ton ventre deux cicatrices. La première, stigmate d’une appendicite, supposé-je. La seconde, plus longue, plus irrégulière, moins discrète, court sur une bonne partie de ton flanc gauche. Tu fronces les sourcils quand tu remarques mon œil qui la détaille mais tu ne dis rien et je ne t’interroge pas non plus sur son origine. Tu ne portes plus qu’un bas, déchiré au mollet, l’autre git près du canapé depuis assez longtemps. Des deux mains je le fais glisser sur ta jambe, puis je le passe sous mon nez en le humant, comme pour y déceler les traces de notre plaisir. Petit jeu fétichiste que je ne fais durer qu’une seconde. Te voilà comme Ève face à un Adam en érection. « On va dans ton lit ? » que je demande, avec un grand sourire. Assez grand pour que tu juges que ça ne se refuse pas. Tu me tires par la main jusqu’à ta chambre. Je me glisse ni une ni deux sous ta couette, tu me rejoins et je me roule de suite sur toi, mes jambes entre les tiennes, écartées. Tu sens ma queue se frotter déjà sur ton ventre, je sens tes seins qui se pressent contre ma poitrine, tu sens ma bouche qui mange tes lèvres, je sens tes mains qui pétrissent mes fesses, tu sens mon bassin qui ondule au dessus du tien, je sens, du bout du doigt, l’entrée de ta chatte mouillée, je sens ta main qui agrippe mes couilles et la base de mon sexe. On s’agace quelques instants comme ça, tu me dis qu’il y a des capotes dans le tiroir de la table de nuit. Je desserre un instant mon étreinte, mon bras tendu, ma main explore à tâtons et trouve rapidement un préservatif qui n’a pas l’air orphelin (tant mieux). Tu pousses un joli « oh » quand je plante ma queue gantée au plus profond de ta chatte. Tu relèves tes cuisses et entoure ma taille de tes jambes ; j’accélère le rythme de mes va-et-vient. À chaque coup de reins nos peaux claquent l’une contre l’autre, humides de ta mouille et de nos transpirations. D’un bras je relève ta croupe, tu te reposes sur tes épaules, mais je ne tiens pas longtemps cette position. Pause. On relâche un peu de vapeur. Je reprends plus doucement, mes doigts passent derrière tes fesses cueillir jusqu’à ton con un peu de son jus pour le ramener à ton anus. J’apprécie la pression exercée par mes propres doigts quand mon index et mon annulaire, chacun frottant une de tes lèvres, enserrent aussi ma verge. Bien sûr que je sais que cette caresse t’est agréable, mais je ne suis qu’un apiculteur qui cherche de quoi emmieller la fleur de ton cul, où s’introduit maintenant sans mal la première phalange d’un premier doigt. 

À ce moment là, tu as de bonnes raisons de penser que je suis en train de te préparer ton cul à me recevoir. La sodomie, tu n’aimes généralement pas trop ça. Tu ne sais pas si tu vas me demander d’arrêter ou si tu vas te laisser porter, pour me faire plaisir. Et aussi parce que tu te souviens qu’une fois, avec X., tu t’étais lâchée et ç’avait été bon. En même temps, c’est-à-dire au même moment, tu sens mon chibre coulisser dans ton sexe, des mouvements amples que tu accompagnes de tes reins. Tu as peur de sentir cette même queue s’enfoncer dans tes fesses, mais ni cette queue dans ton sexe, ni ces doigts (ils sont deux, désormais) dans ton cul ne te sont désagréables. Tu halètes parce que ces pensées se mélangent, ton plaisir qui monte, ta crainte qui plane, ton envie de te dépasser, aussi, qui te taraude, et voilà que, d’un coup, tu te saisis de ma verge, tu la fais sortir de ton vagin et tu la glisses toi-même à l’entrée de ton cul et tu me chuchotes « encule-moi doucement ». Alors j’entre, lentement, religieusement dans ce sanctuaire que tu m’offres. Et tu n’as pas mal, au contraire, tu veux me sentir plus fort, plus violemment et tu t’agrippes à mes fesses, je dis agripper  mais arrimer serait plus juste, tu plantes tes ongles dans ma chair et d’un mouvement franc tu tires mon bassin vers toi et ma queue se fiche aussi loin que la position le permet au fond de ton cul. Bordel, je sens que tu me serres et je n’ose même plus bouger. Mais tu me rappelles à l’ordre et tu me demandes maintenant « encule-moi plus fort ». Tes mains m’ont lâché. La droite est venu se glisser entre nos deux ventres et branle ton clitoris. L’autre tantôt me griffe, tantôt me frôle le dos, le flanc, les fesses. Et plus tu me griffes plus je te bourre jusqu’à ce que tu te figes et que tu pousses un cri. Je sens ton anus qui envoie des secousses de plaisir à ma queue désormais immobile.

Je reste un instant en toi ; je n’ai pas joui avec toi et j’aimerais bien continuer à te limer mais tu me demandes de me retirer. Je m’exécute, file quelque instants à la salle de bain me débarrasser de mon préservatif pas très clean et quand je reviens dans ta chambre, ton sourire m’accueille et je vois que tu as recommencé à te masturber (ou bien tu n’avais même pas arrêté ?). Je te regarde faire, je te caresse aussi, puis je décide de t’accompagner. « Le divorce fidèle »… je me souviens du nom donné à cette position dans cette BD de Magnus que j’ai tant de fois lue pour accompagner mes branlettes d’adolescent, Les 110 pilules. Les deux amants se caressent chacun et se regardent. Je sais que je n’arriverai pas à jouir comme ça, mais je fais monter un peu mon plaisir, puis je m’approche de ta chatte que tu astiques toujours assez frénétiquement. J’y introduis le majeur de ma main gauche tandis que la droite branle vigoureusement ma queue. J’aurais bien aimé te prendre, à nouveau, mais je juge que l’instant ne s’y prête pas. Je continue de me caresser, agenouillé vers toi, ma main toujours dans ton sexe et ma bouche qui vient chercher la tienne. Ma jouissance se rapproche, je grogne un peu, je t’annonce que je vais jouir et je joins le geste à la parole, trois giclées de sperme viennent brûler ton ventre.

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Je me suis ensuite blotti contre Nadia. Je lui ai dit cette phrase sans relief, mais qui reflétait parfaitement mon état d’esprit : « c’était bon ! »
Une fois nos corps repus, nos langues se délièrent et nous parlâmes longtemps. Nadia a éteint la lumière et nous avons continué notre conversation dans le noir et la chaleur de nos corps. Je ne me souviens plus de la question que j’ai lancée et qui n’obtint pas de réponse. Nadia s’était endormie. Nous avons été tous deux surpris par le radio-réveil qu’elle avait oublié d’éteindre pour le week-end. Je crois qu’elle fut un peu surprise de me trouver encore à ses côtés. Nous avons refait l’amour, ce samedi 29 juillet 2006 à 7 heures du matin, avant de nous endormir de nouveau. C’était bon.


Illustration : diptyque de Jan SaudekJan’s Heaven, 1988

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