À en croire les sondages réguliers parus sur le sujet de la sexualité, le trio HFF (je décode pour le béotien qui tomberait par hasard sur mon burp après une recherche sur les cochons d’Inde : deux femmes et un homme, chabadabadatchicboum) est un des fantasmes number one chez les garçons, bien loin devant le trio HHF chez les mêmes garçons, voire chez les filles.
Bien sûr, il y a quelques filles perverses1 qui fantasment sur le trio avec deux garçons bi, mais souvent, elles se rangent derrière l’envie de leur mec, à savoir ajouter à l’équation une deuxième demoiselle qui évitera au monsieur de se voir retrouver en concurrence2 et tester à l’occasion (je ne les en blâme point) leurs propres penchants bi.
De mon côté, à la faveur, sans doute, d’une scène originelle épanouie, je me suis toujours senti comme un poisson dans l’eau dans les trios HHF, lesquels me permettent de satisfaire à la fois mes penchants voyeurs, exhibitionnistes, bisexuels, sans compter un poil dans la main qui trouve très commode d’avoir un camarade prêt à prendre le relais quand j’ai envie de faire une petite pause.
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Depuis quelques temps, toutefois, des succubes sorties de l’enfer, sirènes à la voix mielleuse chuchotant à mon oreille, flattent mon côté égoïste, font grandir en moi mon envie d’être le seul mâle à profiter de leurs charmes dans la configuration inverse, celle où le sexe dit fort se retrouve en infériorité numérique3.
Par exemple I*** qui me demande de lui trouver une amie pour tester le trio HFF tandis que le HFF ne lui dit rien.
Ou S*** qui me dit qu’elle tripe sur A*** (à moins que ça ne soit l’inverse).
Ou R*** qui me rappelle en clignant de l’œil qu’elle est très très bi.
Il en résulte des envies enfiévrées qui me font perdre le sommeil à force de se faire attendre … et aussi des nuits enfiévrées où je me retrouve aux côtés de deux demoiselles désirantes, tout autant de moi que de leur comparse. J’ai eu cette chance la semaine dernière, pour la troisième fois dans la même configuration (bis repetita placent).
La première fois qu’I***, S*** et moi fûmes réunis, nous avons vécu un moment d’une douceur et d’une intensité qui nous surprit tous, d’autant que I*** et S*** se retrouvaient chacune et simultanément pour la première fois dans les bras d’une autre femme.
La seconde fois, cette même magie ne se retrouva pas. Ce n’est pas pour autant que le moment fut terne ou décevant, non, c’est qu’il manquait quelque chose pour que le courant circule aussi intensément entre nous trois.
Du coup, une petite appréhension précédait cette troisième réunion.
Cette troisième fois fut comme les deux précédentes : différente des autres !
Je ne vous en livrerai pas les secrets, mais tout de même, je voulais vous glisser une confidence.
Quand je me projette dans une situation érotique, avant d’aller en club, ou de retrouver une amante qui m’est chère, ou avant un trio HFF par exemple (!), j’ai souvent tendance à imaginer quelques scènes clés que j’aurais envie de vivre (l’illustration de cette note, ci-dessus, en est un échantillon !). À cette scène fantasmée est associée une émotion que l’on projette comme un point culminant, substantifique moëlle, quintessence qui concentrerait tout le plaisir de la soirée complète.
Je me souviens avoir vécu fugacement ce climax lors de mon premier trio HFF avec J*** et P*** il y a plus de quatre ans. J’étais en train de faire l’amour à P***, P*** était dans les bras de J*** et j’avais l’impression que J*** ressentait exactement le plaisir que je donnais à P*** ; je n’en pénétrais qu’une mais je baisais pleinement les deux.
Cette émotion-là, oubliée, est revenue cette nuit avec I*** et S***. Non seulement il y eut la sensation d’une union totale (en tout cas je la vivais, moi, mais je ne saurais prétendre que chacun l’avait en soi), mais en outre, à la fois dans la scène et mentalement en recul, observateur, je voyais, ému, un accouplement4 magnifiquement bandant, comme une image d’Épinal du trio HFF, ou une photo terriblement excitante aperçue sur un tumblr qui nous fait soupirer « wahou ! Et si je pouvais vivre ça…» Et moi qui le vivais.
Rien que pour ce moment magique, les filles, on remet ça quand vous voulez !
Addendum : Merci pour vos lectures attentives qui ont pointé mes pieds pris dans le tapis entre HFF, FFH, HFH, etc. Après une petite recherche dans Google, il s’avère que HHF pèse 196.000 résultats contre 44.800 pour FHH, tandis que HFF fait 178.000 résultats là où FFH n’en fait que 82.700. Moralité : ça n’est pas symétrique (FFH|HHF comme je l’aurais fait spontanément, mais d’ailleurs pas dans le titre de cette note) mais on commence majoritairement toujours par l’homme. Ce qui en dit long sur notre société phallocentrée. Non ?
- I love them!↩
- Pour rire un peu, je vous invite à lire le billet d’Ioudgine sur le quatuor dans sa sex-chronique des Inrocks.↩
- Et donc bien incapable d’honorer la demi-douzaine d’orifices – mazette – se présentant alors à sa convoitise.↩
- Et ce terme est impropre, car nous n’étions pas couple mais triplet.↩