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Let’s fuck !

(Pour changer un peu des J.O. ;-)

Son message était clair : « je couche facilement, mais pas avec n’importe qui ». Il convenait parfaitement à mon humeur du moment et je pouvais faire mien ce slogan. Il s’agissait donc pour moi de ne pas être n’importe qui. Par chance, je lui avais été chaudement « recommandé » par une ancienne amante généreuse et pleine de gratitude, sa porte me fut donc facilement ouverte, et par la grâce d’un trou à combler conjoint dans nos agendas respectifs, une audience d’une heure trente me fut accordée en deuxième partie de soirée.
Une heure trente, c’est déjà court pour faire l’amour, mais pour faire connaissance et faire l’amour, c’était une perspective requérant une précipitation dont je ne suis pas coutumier.

Après avoir avalé un reste de pasta tout en travaillant sur un rapport à rendre pour avant-hier, j’enfourche donc mon scooter pour regagner vers 22 heures ce dimanche soir son domicile. J’emporte sous le coude une bouteille de rhum arrangé de ma confection1, histoire de ne pas venir les mains vides et avec l’idée de pouvoir effacer à l’alcool un peu de ma timidité.
La porte est déjà ouverte quand j’arrive à l’entrée de son appartement après m’être annoncé à l’interphone. Elle m’accueille avec un sourire, visage sage et doux, lunettes sérieuses, cheveux courts, un côté garçonne qui n’est pas pour me déplaire. Dans son regard, je crois lire une certaine bienveillance qui me fait penser que le risque d’absence d’attirance physique mutuelle est un obstacle franchi.
Après un pré-test, mon rhum est officialisé accompagnateur de notre prise de connaissance au détriment d’une bière proposée en alternative. Assis sur la moquette, sans contact physique, mais peu éloignés, nous voilà partis pour dresser la carte de nos paysages sentimentaux et sexuels respectifs. De mon côté, la longue aventure de mon couple, l’adultère devenu un système, les amantes qui me font vaciller, ma liaison avec O*** qui efface toute les autres, et la « remise à zéro » qui suit la rupture. Du sien, une rupture récente qui met fin à un couple pourtant ouvert, peut-être victime des libertés trop grandes qu’ils s’accordaient mutuellement, peut-être tout simplement de la lassitude qui tue tant de couples, et un appétit féroce pour les partenaires de baise de tout sexe.

Le temps s’écoule et s’invitent quelques silences qui semblent dire « et si on baisait plutôt, maintenant » ? Je me donne un coup de cravache mental pour aller l’embrasser même si mon for intérieur s’indigne (très) légèrement de cette précipitation. Sa bouche accueille la mienne avec envie – c’est tout de même un de ces moments intenses, le premier baiser, il donne souvent le ton de la sensualité qui va suivre – et vite nos corps se frôlent, se pressent. Déjà, elle peut sentir mon sexe gonflé appuyé sur sa cuisse.

Elle n’a visiblement pas envie de s’attarder sur le niveau 1 « flirt » et propose de rejoindre sa chambre. Était-elle pressée par le temps ? Trouvait-elle superflue et conventionnelle la parade amoureuse qui précède le coït, une fois acquis le fait que les deux partenaires vont coucher ensemble ? Sans doute un peu des deux. À peine arrivée dans sa chambre, la voilà qui se déshabille en un clin d’œil et me prive du plaisir de l’effeuiller. Elle m’attend nue sur les draps blancs et frais et, mimétique, je me désape à grande vitesse pour la rejoindre. Il y aura quelques préliminaires, et pour le coup, c’est moi qui les abrège car j’ai envie d’elle, maintenant.

Le temps d’enfiler un préservatif, je vais pour m’allonger sur elle mais elle m’arrête, interloquée « Euh ! pas comme ça quand même » et elle se retourne pour que je la prenne en levrette, et non pas en missionnaire comme je m’apprêtais à le faire. J’ai pensé, à ce moment, que la pénétrer en la regardant les yeux dans les yeux, devait lui sembler incongru et réclamait une intimité plus grande que celle à laquelle nous étions arrivés à ce moment. Ou tout simplement que la levrette était sa position de prédilection.
Je ne suis toutefois pas du genre à me formaliser ni à renâcler devant une levrette, d’autant que son petit cul ferme est très appétissant – j’apprendrais plus tard que la demoiselle ne goûte pas la sodomie, dommage. Les hostilités commencent.

— Il te plaît, mon cul de petit garçon ? me glissa-t-elle au court de nos ébats.
— (oui…)

Finalement, l’heure et demie dura trois heures, ce qui s’est donc avéré suffisant pour faire connaissance et baiser et me laisser sur ma faim !

 


Illustration (non contractuelle) : OwlRyan McGinley


  1. Un peu jeune – même pas deux mois – mais prometteur : rhum, vanille, cannelle et caramel de gingembre.
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