Paisiblement allongé sur la petite plage de Balos (un endroit magnifique, en Crète), j’achève Némésis de Philip Roth.
Je tombe, dans l’épilogue, sur cet extrait :
Nous nous approchons de 17 heures au moment où je lis ce passage, pas spécialement révélateur de la force douloureuse de ce livre, mais (puisque nous parlions récemment avec Brigit d’identification aux personnages) je me fais la réflexion que, sur ce point (et bien d’autres en réalité), je différais beaucoup de Bucky.
Je me remémore la séquence qui s’est déroulée quelques heures plus tôt : il est un peu moins de 14 heures alors, nous venons d’accoster sur la petite île de Gramvousa, au Nord de Kissamos, au Nord-Ouest de la Crète. Le flot de passagers du bateau que nous avons pris pour cette excursion d’une journée s’est déversé sur l’embarcadère. La majorité va immédiatement s’installer sur la petite plage de sable bordée par une eau turquoise, quelques courageux s’attaquent à l’ascension du relief de l’île pour atteindre les restes d’un fort vénitien du XVIe siècle. J’en fais partie tandis que mes trois femmes restent au niveau de la mer. J’atteins d’ailleurs le sommet en premier, visite rapidement les quelques pierres restées en place (ce qui prend moins de temps que la montée jusqu’à la forteresse). Il n’y évidemment pas le moindre guide pour expliquer quoi que ce soit, pas même une plaque explicative.
Nous sommes aux heures chaudes et même si de rares nuages traînent aujourd’hui dans le ciel crétois, la grimpette m’a donné chaud et j’ai maintenant hâte de piquer une tête pour me rafraîchir dans cette eau exceptionnellement limpide.
J’ai marché une vingtaine de mètres après avoir quitté le fort quand je croise un jeune couple qui termine l’ascension. Je leur lance en globish (même si j’ai cru reconnaître de l’allemand dans leurs propos), d’une tonalité neutre :
— It’s closed in one minute!
Mon vis-à-vis écarquille les yeux…
— One minute ?!
Il n’y a évidemment pas la moindre personne sur le site qui pourrait ni ouvrir ni fermer la moindre grille…
Je souris alors et je les rassure :
— Just joking!
— It’s not funny!— Doch, doch !
Je poursuis ma descente et me demande si je vais réutiliser la même vanne avec les prochains touristes que je croise, mais décide de goûter le plaisir de l’unicité.
Et alors ? Ça a vraiment fermé dans une minute ? (pouf pouf pouf…)
@ellie-c Il aurait fallu que je remonte pour vérifier (ouarf ouarf ouarf…)