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Field report 13/09/2007 : de Pins et des jeux

Jeudi et cette envie tenace qui me colle aux tripes de ne pas travailler. L’esprit ailleurs, complètement ailleurs. Ça tombe bien, j’ai justement le vernissage de l’exposition d’Arthur de Pins à la galerie Arludik où je me suis promis de passer entre 19 heures et 20 heures. Programme chargé puisque sur place, j’ai plus ou moins relevé le défi d’y reconnaître TocirbA (grande admiratrice d’Arthur s’il en est, comme vous pouvez le voir sur sa bannière) sur place (elle m’avait aimablement communiqué un indice vestimentaire). Je devais aussi y retrouver ma jeune pucelle (à vrai dire, c’est même elle qui m’avait suggéré la première de l’y rejoindre). Enfin, par une curieuse coïncidence, je devais aussi y retrouver ma douce amie P*** qui allait m’accompagner pour la suite de la soirée (j’y viens, plus bas), qui se trouve avoir une connexion avec Arthur (je vous laisse imaginer qu’elle est directrice éditoriale aux Éditions La Musardine).
Pour finir de brosser le tableau (dans la série « Main pleine ne désemplit pas »), du bureau à l’Île Saint-Louis, j’étais accompagné par la voix d’H*** qui me fait rôtir à petit feu.
Arrivé sur place, je commençais par jeter un coup d’œil pour voir si une de mes camarades « connues » était sur site et comme ce n’était pas le cas, je cherchais à retrouver dans la foule un petit abricot frais. À vrai dire, les fruits frais ne manquaient pas sur place : AdP draine une horde de jeunes admirateurs qui semblent pour beaucoup à peine sortis du lycée. Jeunes admirateurs et jeunes admiratrices, bien entendu, et ma foi aussi alléchantes que les créatures qu’il dessine. Je repérai toutefois assez rapidement la cible dans la foule. Elle attendait, légèrement à l’écart, scrutant vaguement la foule (je ne sais pas si elle m’a repéré avant que je ne la repère moi – je ne crois pas [nul doute qu’elle confirmera ou infirmera ici !]), allure élégante et gracile, elle portait bien un pantalon blanc et en voyant la paire de chaussure qu’elle portait, je me disais que le doute n’était pas permis. Je pris mon courage à deux mains (je vous rappelle que je suis un grand timide) et je l’abordai. Nous avons discuté quelques instants (c’est resté très convivial, elle ne m’a pas emmené derrière le porche [cf. notre illustration] pour me montrer son dernier ensemble Chantal Thomass, je ne lui ai pas donné à palper non plus le vrai cul de cui – dommage). Puis je suis allé me servir un verre (merci pour le punch, Arthur, c’est exactement ce qu’il me fallait pour la suite de la soirée), voir l’exposition (ben oui, quand même), acheter l’Artbook et obtenir une dédicace. Entre temps, Mademoiselle TocirbA avait été rejointe par une de ses amis (oui, je vous ai un peu menti tout à l’heure, ce n’était pas pour moi qu’elle scrutait la foule). P*** m’annonça aussi qu’elle n’avait pas le temps de passer au vernissage et ma vierge m’appelait pour me dire qu’elle était à la bourre et qu’on ne se croiserait peut-être pas. Et moi qui voulais voir sa nouvelle teinture de cheveux ! Je traîne encore un peu dans l’exposition (tiens, là, j’ai regretté un instant de ne pas être plus riche ; j’ai atteint en effet un niveau de vie qui me convient parfaitement, je ne manque de rien, je peux m’offrir quelques folies. Mais une toile d’Arthur de Pins à 4800 € hélas, voilà qui est un peu au delà de mes moyens. Pourtant, ça aurait eu de l’œil dans le couloir qui mène à notre chambre, blanc et pas encore décoré). J’étais sur le point de partir quand V*** pointa le bout de son nez. Je n’eus quelques minutes à lui offrir avant de filer pour ma deuxième partie de soirée.
* O L É *
J’avais été invité, il y a de cela environ deux semaines, à une soirée échangiste « privée » au thème prometteur : les hommes devaient être en dessous (voire nus) tandis que les femmes restaient habillées (il s’agissait du match retour d’une soirée au principe inverse, soirée à laquelle je n’avais pas participé). Autant je peux être timide et réservé, autant je n’éprouve aucune gêne à me dénuder dans une assemblée composée (en l’occurrence) à majorité d’inconnus, dès lors que cela fait partie des possibles (voire des attendus !). L’invitation stipulait : « Dress code : petite tenue, voire pas de tenue du tout pour ceux qui le sentent, mais agrémentées obligatoirement de quelques parures et décorations de bon goût. Le petit caleçon noir chic, pourquoi pas, c’est le minimum légal. Mais autant vous dire que ça va être limite, alors faites claquer la créativité érotico-choc ». Alors là, j’avoue que ça ne me paraissait pas évident. Je dois vous dire que je trouve la lingerie sexy masculine généralement totalement an-érotique. Le string pour mec me fait rire, les machins en cuir ou latex me laissent sceptiques. Non, justement, en dehors du petit boxer noir (ou autre coloris) chic, je trouve les trucs moches ou ridicules, le contraire de ce qu’ils sont censés être. Bon. Et en plus, il fallait des accessoires érotico-chocs, j’étais mal barré.
J’ai songé un instant à mettre cette brassière (pour homme) qu’on m’avait offert à un anniversaire, quand j’étais étudiant, avec un petit slip noir, le tout d’une marque de lingerie masculine qui ressemblait à Mykonos (tout ça pour dire que c’était donc a priori plutôt destiné à un public gay). J’ai renoncé.
J’ai fini par dégoter dans un grand magasin un boxer à motif imprimé plutôt original. Pas spécialement chic, encore moins érotique, mais original. Et puis, inspiré par une photo qu’H*** m’avait envoyée d’elle, et après lui avoir demandé la permission de reprendre son idée pour une soirée où elle ne serait pas là, j’ai fini par acheter un pot de Nutella et j’ai chargé ma partenaire du soir de l’utiliser pour écrire sur mon corps ce que bon lui semblerait.
Vers 21h15, P*** et moi pénétrons au Château des Lys. L’organisateur de la soirée est là qui nous attend, quelques autres couples sont déjà arrivés, d’autres suivront. Tout le monde est toujours encore habillé. À l’accueil, on nous remet la clé d’un vestiaire où je pourrais laisser tout mon attirail de cadre dynamique élégant et cravaté (celui qui semble satisfaire les critères esthétiques de columbine, en tout cas) pour ma tenue d’homme pas tout à fait naked.  Sur le chemin des vestiaires, voilà-t-y pas que je croise un fameux couple de la burposphère, G*** et M*** (c’est clair qu’avec mes étoiles, leur anonymat est absolument garanti, je ne vois pas qui pourrait faire le lien). Il faut vous dire que jusqu’à cette semaine, ce jour, cette heure et cette minute-là, cet insatiable Comme une image n’avait jamais vu de M*** ni ne savait comment c’était fait. Tout ça c’était mon insatiable curiosité1. J’avais déjà vu un G*** dans des circonstances qui seront peut-être dévoilées un jour par l’un ou par l’autre, mais pas de M***. Sauf en rêve2. La chose la plus étonnante, c’est qu’elle ressemble assez vivement à la créature dont j’avais rêvé (inspirée en fait par un mélange entre une actrice vue quelques jours plus tôt dans Caramel – je me suis promis de vous faire un billet sur ce film mais je suis à la bourre – et, probablement, quelques photos où elle apparaît partiellement sur son album). Nous nous présentons rapidement avant de filer au vestiaire. L’occasion de reprendre la discussion se présenterait probablement.
Adieu, costume, cravate, chemise violette, chaussettes, chaussures, caleçon… Je me mets tout nu, puis j’enfile mon boxer tout neuf et je file avec P*** dans un recoin des douches pour… me faire barbouiller de Nutella à l’abri des regards (faut bien ménager l’effet de surprise).
J’aurais pu me mettre totalement nu, j’étais limite de le faire, mais je me suis posé la question : pour une femme, qu’est-ce qui est le plus érotique ? L’évidence nue ou un minimum de fard ? L’enjeu de la soirée était en effet (enfin, moi je le voyais comme ça) de réduire les hommes en objets de désir. Si je l’avais fait, j’aurais été le seul à prendre le N de CFNM au pied de la lettre (sic), car, une fois redescendu dans l’arène, nous pûmes constater qu’aucun homme n’avait fait l’impasse sur le cache-sexe3. Nous commençons à prendre l’apéritif en faisant la conversation à qui veut bien nous parler. Il faut dire qu’on ne connaissait quasiment personne sur place (alors que la majorité des invités étaient plutôt en terrain connu). Mais il m’a semblé capter quelques regards intéressés sur mon anatomie cacao (gourmandise ? curiosité ? concupiscence ? l’histoire ne le dira pas) et les charmes de mon accompagnatrice ne laissent pas non plus quelques hommes indifférents ! Quand vient l’heure de passer à table, alors que ma tenue m’impose de m’asseoir à la table où un tabouret est disposé (interdit de chaise en effet), j’ai le plaisir de voir M*** & G*** se joindre à nous. Je sais alors que le dîner sera animé et il le fut en effet, G***, comme on l’imagine, plein de verve et d’esprit, pétille et virevolte d’une voisine à l’autre. Le temps glisse, nos yeux brillent, et le moment du dessert est rapidement arrivé. Le gâteau au chocolat amer amène une concurrence frontale à mon chocolat olé et aux noisettes.  M***  approchera tout de même une petite cuillère pour goûter (de mémoire, et rétrospectivement en voyant la photo de mon dos, je pense qu’elle s’est attaquée au I de TRY IT!). Ce sera la seule femme à s’être montré amatrice de « Lettres ». Quelques moments plus tard, G*** doit s’éclipser pour prendre le relais de la baby-sitter. On glisse vers la piste de danse. Mon « tatouage maori » (comme un des convives le surnommera) ne se prête hélas pas à la danse collé-serré alors que c’est justement une série de zouks qui est diffusée. Faisant le deuil de mes espoirs d’être déchocolatisé par une armée de langues avides, je quitte ma galante compagnie pour aller me doucher. Seul.
Ben ça ne part pas facilement sous la douche, le Nutella ; il a formé une légère croûte en surface, il est resté moelleux au contact de la peau. Je laisse longtemps l’eau couler, jet peu puissant, eau pas assez chaude, ça traîne et puis ça n’est pas facile de me frotter le dos. Je prends ensuite le temps de me sécher et de réenfiler mon boxer (si, si). La piste de danse s’est vidée. M*** a filé, pshhht, sans un au revoir. P***, elle, n’a pas perdu son temps : je la retrouve à la cave, sous-sol aménagé BDSM avec notamment une croix de Saint-André, en charmante compagnie. Dans un hamac en cuir se trouve, chevilles et poignets attachés à des sangles, une belle jeune femme dans une combinaison vinyl entr’ouverte. Elle porte de très belles bottes à talons, très douces au toucher (je ne le sais que parce qu’elle m’a demandé, à un moment, de la détacher pour cause de fourmis dans les jambes – je suis sûr qu’elle avait mis du miel entre ses jambes – je ne me serais pas permis sinon). P*** la caresse lentement, très lentement, sous les regards émus d’une foule de plus en plus nombreuse que le compagnon de la belle captive finira par disperser pour redonner à la scène son intimité initiale (une des règles, dans les soirées échangistes, et de surtout respecter les désirs des autres, les contrevenants se retrouvant rapidement triquards).

Plus tard, P*** et moi prenons le chemin d’un coin calin à l’étage. C’est dans un espace presque clos, avec quelques hublots pour le plaisir des visiteurs. Nous nous embrassons, nous dénudons sur le grand matelas. J’avais glissé une capote dans mon boxer (eh, oui, vous y aviez pensé à ce détail ? pas de poche !) et je la mets de côté. Ma première envie est de lêcher longuement P*** qui n’y trouve rien à redire. Après quoi vient mon tour. P*** réussit à réanimer ma flamme, vacillante depuis le début de la soirée (bon, certes, le début de la soirée n’était pas spécialement débridé, mais la suite l’était… pourtant, j’assistais à la soirée comme derrière un écran, comme si le voyeur qui observait le spectacle avec mes yeux et l’acteur qui caressait des corps avec mes mains étaient deux personnes différentes). Dans la bouche de P***, ma queue gonfle enfin sous l’afflux de sang que provoque ses attentions gloutonnes. J’ai vite envie d’elle en levrette. J’enfile rapidement le préservatif mis de côté et je commence mes va-et-vient dans le plus pur style CUI (vous avez le droit de rire). Quelques minutes plus tard, alors que je pistonne à bon rythme, un couple s’installe à nos côtés, comme à la hâte. Oui, c’est ce que j’ai pensé, qu’il y avait comme une urgence chez eux (enfin, chez lui, parce que j’ai l’impression que c’était le mâle qui dictait ses envies et la fille qui suivait). Ils se positionnent donc à quelques centimètres de nous et le voilà qu’il prend sa partenaire avec la même frénésie que moi, en missionnaire. Nos deux femmes se retrouvent donc l’une contre l’autre, se touchent, se caressent. Un autre homme s’approche et déséquilibre le quatuor. Je commence à être déconcentré. La fille à mes côtés est jeune, tout à fait jolie, et porte une tenue qui énerve le fétichiste sans imagination que je suis : nue, ne portant que des bas noirs et des talons aiguilles. Alors que mon excitation devrait être à ses sommets, je ne peux que constater mon inexorable détumescence. De longues minutes s’écoulent où les corps s’agitent autour de moi tandis que je me sens en retrait. J’offre quelques caresses à ma partenaire. L’homme surnuméraire profite de ma défaillance pour s’occuper de P***, qui ne s’en plaint pas (et elle a bien raison). Queue toujours en panne, j’offre les services de ma langue à ma jeune voisine. Elle est à quatre pattes en train de sucer son mec. Je passe sous elle, entre ses jambes, comme un garagiste (en espérant que cette comparaison m’évite un croquis). Mes deux mains s’agrippent à sa croupe, et ma tête se soulève pour manger son con un peu trop élevé. Elle l’abaissera doucement pour me faciliter la tâche. Je m’applique, je jouis de cette caresse que je lui donne mais je ne sens pas son plaisir monter (mon sexe reste aux abonnés absents, sans personne pour tenter de le ranimer). Plus tard, quand mon cou et ma langue finissent par fatiguer (deux jours de torticolis à la clé), P*** me fait part de son désir de se retirer. Il est tard, je suis un peu déconfit, aucune envie de jouer les prolongations. Trois heures du matin, nous saluons quelques couples avec lesquels on aura sympathisé, P*** profite d’un taxi collectif qui va chez elle, je rentre chez moi en direction opposé, en essayant de comprendre pourquoi ce hiatus entre mes envies de partouze et mon érection qui n’est fiable qu’en duo. Ma gêne, ce n’est pas une gêne de ne pas me sentir « performant » (les filles aiment bien ce genre de commentaires pour rassurer « mais c’est pas grave, ça arrive à tout le monde ») ; je ne bande d’ailleurs pas en permanence quand je ne suis qu’à deux mais ça n’est pas un souci. Ma gêne, c’est de ne pas comprendre qu’est-ce qui dans ma tête coince pour que d’un côté ça hurle « Mais cette nana est splendide ! Bande ! Enfonce-lui ta queue bien profond ! » et que de l’autre ça fasse la sourde oreille.

Rentré chez moi vers 4 heures. Sommeil absent jusqu’à 6 (mes pensées alternant entre les souvenirs délicieux de cette soirée et mes interrogations existentielles). J’ai séché le bureau le lendemain matin.

© Arthur de Pins

  1. Il faudrait que j’arrête de faire des clins d’œil intertextuels aux formidables (je ne le dirais jamais assez) Histoires comme ça de Rudyard Kipling, je crois que je suis le seul à les saisir (encore heureux). Un ami lecteur dans la salle pour me détromper ?
  2. Et oui, c’était elle dont il était question à la réponse 8 !
  3. J’aimerais bien quelques avis féminins sur la question. Aurions-nous dû être plus audacieux ou avons-nous bien fait de fétichiser nos corps d’attributs textiles ?
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