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Enculée en ce jardin

Cette fin de printemps souffreteuse nous avait fait l’aumône d’une journée plus chaude que les autres. La soirée était donc douce ; quitter la maison pour descendre jusqu’au jardin était une envie on ne peut plus impérieuse. Je m’y rendais d’un pas léger tandis qu’elle me suivait, plus hésitante, ses chaussures à talon passant prudemment d’une marche à l’autre.

J’étais très fatigué ce soir-là, préoccupé par la camarde qui rodait dans la maison vide, fomentant quelque mauvais coup. N’est-ce pas quand la mort plane que les vivants, plus que jamais, veulent se sentir vivants ? J’étais fatigué mais je voulais profiter. Profiter de la tiédeur, profiter d’elle qui se tenait en face de moi, si légère, si appétissante dans sa robe qu’un souffle aurait pu emporter. Nous nous embrassions comme nos mains couraient sur le corps de l’autre. La sienne, sur mon torse, ouvrit les boutons de ma chemise et quand la brèche fut ouverte, s’y engouffra. La mienne, je la fis descendre au plus bas que mon bras tendu le permettait ; elle attrapa le pli du genou et remonta, côté chair, jusqu’à s’arrondir sur sa fesse. Jambe qui s’immisce entre les siennes, pubis qui se frottent, langues à la lutte.
Vite, sa main était venue caresser mon entrejambe, dégoupiller ma braguette bouton par bouton, une main qui récitait à sa manière le chapelet des amants qui s’échauffent. Oui, elle était convenue, la fellation qui s’ensuivit, comme si elle sortait d’un scénario bâclé ; pourtant quand elle s’est agenouillée pour prendre mon sexe dans sa bouche, je n’avais envie de rien d’autre.
Je glissai une main sous sa robe pour caresser son sein tandis qu’elle s’appliquait à faire courir ses lèvres autour de ma queue avec une dextérité croissante (elle avait beaucoup appris, ces derniers mois !). Robe dont elle se débarrassa aussitôt, la faisant glisser au sol. Avec l’air tiède nous enveloppait et notre excitation qui faisait le reste, elle n’avait pas froid vêtue de sa seule culotte et de ses escarpins. Moi même, je me tortillais pour rapidement ne porter plus que ma chemise dépoitraillée. J’aimais sentir le contact de mes pieds nus sur le sol pavé de plaques de schiste. Cela décuplait pour moi la sensualité de ce moment. Trop de mois depuis que je n’avais pas simplement fait l’amour à l’air libre.

Je l’ai allongée sur un transat en bois sombre et j’ai fait glisser sa culotte le long de ses jambes en prenant bien soin – fétichisme oblige – de laisser ses pieds à elle chaussés. Je m’approchai d’elle et elle reprit mon sexe dans sa bouche. De ma main, je fouillais désormais sa chatte sans ménagement, plongeant mes doigts dans sa cyprine puis en enfonçant un ainsi lubrifié dans son cul. En bon gentleman, j’aurais dû la remercier de son hommage buccal en plongeant ma langue au cœur de son sexe, mais (je le dis avec la pudeur à laquelle je vous ai habituée, amis lecteurs) ce n’était pas le bon moment. Ce soir, c’était son cul qu’elle m’offrait, comme elle me l’avait un peu légèrement annoncé. Il en serait ainsi, elle serait prise au mot (et ailleurs). Quand ses lèvres autour de ma queue impatiente et mes doigts dans ses chairs nous eurent suffisamment enfiévrés, il devenait urgent que je la pénètre. Sa chatte reçut mes premiers hommages. J’attrapais le bras tendu le préservatif qui m’attendait dans la poche de ma veste, posée sur une chaise voisine, je le déroulais le long de ma verge moite (c’est un geste que je préfère faire avec mes amantes, rarement très à l’aise avec la manipulation de ces deux petites choses fragiles, le préservatif qu’elles craignent de déchirer, la queue qu’elles redoutent de meurtrir – qui ne nécessite pourtant pas tant de précautions). Je soulevai et écartai ses jambes tandis qu’elle était toujours allongée et, fléchissant sur mes jambes, je m’introduis en elle. Ô que ce moment était bon, bordel ! Je jouissais de son corps si bien dessiné, de sa position obscène, totalement offerte, ma tigresse de plaisir n’ayant pour toutes griffes que les pointes de ses talons qui m’éraflaient parfois. Je jouissais de notre corps à corps, de la sueur de nos corps sur laquelle soufflait l’air tiède de la nuit, de nos petits cris étouffés dans le silence de peur de voir apparaître aux balcons voisins ces familles qu’on entendait vivre derrière leurs volets éclairés. Je jouissais de la façon dont elle allait, je le voulais, s’empaler sur moi dans quelques instants. Que ce rêve se réalise. Un instant plus tard, je la relevai et l’amenai près de la table voisine. Elle me tourne le dos, pose ses mains sur la table pendant que j’écarte un peu ses jambes pour la prendre dans la position du loup, qui me permet, du doigt, de continuer à ouvrir son cul. Et caresser ses seins (ne boudons pas notre plaisir). Je ne sais pas à quoi elle pense, à ce moment-là, quand elle sent ma queue qui coulisse en elle dans son sexe ; au plaisir que lui procure l’instant ou à l’appréhension du moment où cette même queue source de plaisir, va plus douloureusement ouvrir ses fesses et lui faire mal.

Ce n’est pas là qu’elle a joui, en tout cas, ni moi. Ce fut plus tard, dans la nuit. Pour l’heure, le moment était venu que je l’encule en ce jardin. Je m’allongeai sur un transat à mon tour, l’attirai vers moi et, plaçant mon gland à l’entrée de ses fesses, je l’invitais à m’enfoncer en elle. Je mentirais en gommant tout ce qu’il y avait d’égoïsme de ma part, dans ce moment, conçu pour mon plaisir ; elle qui, doucement, pliait et dépliait ses jambes pour me faire coulisser dans son cul, moi qui, d’un coup de rein indocile, amplifiai la pénétration ; mes mains sur ses hanches ; mes mains sur ses seins ; mes mains sur ses fesses ; mes mains caressant sa chatte. Mes yeux, grand ouverts, qui ne ratent pas une seconde du spectacle : ma queue dressée entre ses fesses, ses jambes, et sur sa poitrine où pointe le désir, une dentelle d’ombre que projette la lune au travers des bambous et des feuilles de palmier.


Illustration : Habillée de lumière – Lucien Clergue (2002)
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