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La DP sans peine

NB : Le C*** dont il est question dans cette histoire n’est pas la C*** de « Bouchées doubles ». C’est pas commode. Il n’y a pas mille et trois lettres dans l’alphabet latin (je vous épargne l’unicode).

Jeudi, c’était journée DP.

Qu’il me paraissait long, le temps qui s’égrenait dans cette salle de formation où, par bonheur, mon PC disposait d’une connexion Internet. J’ai pu ainsi, avec A***, échanger une trentaine de message qui me rapprochaient du moment où j’allais la retrouver pour cette soirée que j’avais planifiée de longue date avec C***, de passage à Paris. Nous avions prévus de nous voir, mais nous n’avions pas de programme particulier. Le débarquement de A***, une quinzaine de jours plus tôt, A*** à l’insolente gourmandise, dans mon calepin libertin tombait à point nommé. Je lui avais proposé de se joindre à nous, elle était libre ce soir-là, et elle était tentée.

Certains échafaudent, pour leurs jeux amoureux, de complexes mises en scènes, et cherchent ensuite les acteurs qui se plairont à les interpréter. Je procède différemment, réunissant d’abord le casting avant de mijoter pour mes stars un scénario aux petits oignons (en laissant toute sa part à l’indispensable improvisation).

Il y aurait C***, mon complice, mon amant, il y aurait A*** et son fantasme de double pénétration, pas encore concrétisé malgré plusieurs tentatives (dont une en ma compagnie) non embouties, pardon, non abouties. Il y aurait moi avec toutes mes envies, celle de regoûter à la queue de C***, la sentir en moi à nouveau peut-être (envie ambiguë, mâtinée de crainte), celle d’offrir à A*** la concrétisation de son fantasme (qui est aussi celui de beaucoup d’hommes) en étant celui qui prendrait son cul (j’y tenais), celle de mettre en pratique une scène de trio que j’avais vu, adolescent, dans une bande dessinée érotique « empruntée » à mon père, et bien d’autres encore.

Petite fixette sur la « DP » d’autant que, toute la journée, je tapotais pendant mes exercices pratiques plein de petits « dp » (les joies de la Direction de Projet).

Il fallait aussi que je passe trois longues heures dans le TGV pour rentrer sur Paris (ma formation avait lieu en province), prier pour qu’au retour, il soit à l’heure, ne perde pas cinquante minutes ou pire comme à l’aller.

Je suis arrivé pile à l’heure. Comme prévu, A*** m’attendait sur le quai pour que nous ayons le temps de parler un peu ensemble avant de rejoindre C*** dans sa chambre d’hôtel. Nous avons attendu le bus dans le froid et quand il est arrivé, j’ai emmené A*** à l’arrière en espérant que nous y soyons isolés. Je n’oserai pourtant pas lui demander d’ouvrir ses jambes pour que je puisse glisser ma main sur ses cuisses. C’est comme si A*** ne devenait ma partenaire qu’à l’instant même où s’ouvre la porte de notre théâtre érotique (que ce soit celle du club ou de l’hôtel). Alors nous avons parlé de choses anodines, de cinéma, de la fac, … pas du tout de ce qui nous animerait dans une quinzaine de minutes. Appel impatient de C*** qui s’enquérait de notre position. Très sage. Nous étions assis côte à côte et nous décomptions les arrêts.

Équipés d’un double de la clef (cette soirée avait organisée en étant très prévoyants), nous entrâmes dans l’hôtel. Nous traversâmes le hall heureusement désert ; personne pour nous interroger sur la raison de notre présence. Nous prîmes un ascenseur brinquebalant qui nous conduisit, pour l’heure, au dernier étage. Devant la porte, j’ôtai l’écharpe autour de mon cou pour soigneusement l’enrouler en bandeau sur le visage d’A*** (deux tours qui devront l’aveugler et résister aux frottements à venir). L’instant était solennel, je toquai à la porte que C*** ouvrit prestement. J’aurais voulu dire « regarde la jolie créature que je nous amène » mais je fis une présentation plus sobre et conventionnelle, pour autant que l’on puisse être conventionnel dans une telle situation. A*** fut rapidement couverte par nos quatre mains gourmandes. Je pressais A*** entre nos deux corps ce qui me permit d’atteindre les lèvres de mon comparse. Puisque A*** ne nous embrasserait pas, c’est nous qui serions voraces. A*** fut rapidement délestée d’une partie de ses vêtements, dévoilant ainsi sa taille (que j’enserrai tout en embrassant ses épaules), puis, peu après, ses seins.

Il ne fallut pas longtemps non plus pour que C*** se retrouve défroqué, le sexe pompé par A*** sans doute impatiente de découvrir la nouvelle queue avec laquelle elle allait pouvoir jouer – et pourquoi ne pas faire sa connaissance ainsi ? « Sucer, ça m’amuse », m’avait-elle glissé. Il est des passe-temps qu’on ne saurait réfréner. Peu importe l’ordre dans lequel nous avons procédé : A*** eut rapidement son sexe et sa bouche simultanément envahis par nos sexes gonflés d’impatience. Elle était allongée en biais, pâle sur les draps clairs, les jambes gainées de nylon noir, toujours aveuglée par le bandeau et nous deux, à la lumière feutrée des bougies disséminées dans la pièce, nous pouvions voir nos queues coulisser entre les lèvres de notre délicieuse partenaire, tout en échangeant caresses et baisers. Nous agrémentâmes les jeux lubriques qui se succédaient harmonieusement de quelques séances de dégustation de produits sélectionnés avec attention par notre hôte. Pas question de tomber d’inanition !

J’étais debout, en train de lécher mes doigts qui venaient de porter à ma bouche une olive ou une tranche de coppa quand j’entends C***, l’air de rien, demander à A*** allongée à ses côtés : « Au fait, tu ne voulais pas tester une position acrobatique ? » La tension monta d’un coup ; nous y voilà donc. C*** banda rapidement et A*** grimpa sur lui en amazone. Ils commencèrent à baiser.  J’attrapai le flacon de gel , déposai une noisette sur le bout de l’index que j’étalai sur l’œil sombre de notre muse. Mon doigt s’enfonça doucement dans son cul serré. Nouvelle dose de gel. Je ne m’autoriserais pas un échec ce soir, il n’était pas question que le trio que j’organisais pour A*** ne lui offre pas cette double pénétration quasiment commanditée. Alors je m’appliquais et j’appliquais du gel pour que mon doigt s’enfonce complètement et ouvre doucement ces chairs que je sentais palpiter autour de mes phalanges. De mon doigt aussi je caressai le sexe de C*** qui allait et venait derrière la cloison si mince. Mon sexe gonflait, en phase avec un cerveau qui lui susurrait « putain, tu vas enfin te la faire, cette double pénétration ! » Quand j’ai pensé qu’A*** était prête à accueillir ma queue, je l’ai recouverte d’une capote et je l’ai glissée entre ses fesses. Damned ! C’était plus étroit que je ne pensais et même si, sous moi, A*** et C*** s’étaient immobilisés dans l’attente de cette grande fusion, les manœuvres n’étaient pas aisées et je ne réussis pas à forcer l’entrée. Trop de précipitation nuit ! maugréai-je in petto. Je reprenais du doigt mon travail de préparation, puis mon majeur vint seconder mon index pour ouvrir un peu plus ce cul caverne d’Ali Baba. Sésame, ouvre-toi ! Deuxième essai et deuxième échec. Dieu que son cul était serré. Et j’avais péché une nouvelle fois par impatience. Occupé par mes manœuvres tactiles, j’avais un peu délaissé mon sexe qui n’était plus assez raide pour s’enfoncer en elle. Je reprenais une troisième fois mon travail de préparation. Mes partenaires, compréhensifs, ne s’impatientaient pas. Une main à l’entrée de ses fesses. Avec l’autre, je me branlais et dans mon crâne c’était la tempête intérieure. Sous un front en sueur, la petite voix qui m’enjoignait « Mais bande, mon vieux ! Tu as ton méchant fantasme à portée de queue ! C’est pas tous les jours qu’un aussi joli cul attend que tu t’y enfonces ! » s’affrontait à l’insidieuse pensée qui plantait ses banderilles sur mes certitudes : « Trop d’enjeu ! Tu n’arriveras pas à bander comme il faut ! Ça va foirer ! » Mais ta gueule, l’insidieuse ! Jamais deux (foirages) sans trois ? Je tentais à nouveau d’enfoncer mon gland dans son œillet, comprimant ma verge pour la raidir autant que possible. Laborieusement, je m’escrimais et soudain je sentis enfin que la porte était franchie. J’étais vraiment à l’étroit, mais putain que c’était bon. Je sentais palpiter son cul autour de ma queue qui, elle, gonflait par saccade à chaque giclée de sang. C’est le moment théâtral que je choisis pour lui ôter son bandeau et pendant qu’elle découvrait le visage de C***, progressivement, je m’enfonçais plus loin en elle.

Dans le passé, j’avais déjà participé à des doubles pénétrations (mais ma queue avait toujours été écartée de l’entrée des artistes) et j’ai pu, à quelques occasions, sentir le plaisir des femmes ainsi « remplies » exploser très rapidement. Ce ne fut pas le cas pour A*** et à vrai dire, pas pour moi non plus. La double pénétration, si elle est assortie d’une charge émotionnelle très forte, pour l’ensemble des participants (pour les hommes, le fait de sentir une queue presque « frotter » contre la sienne n’est pas une sensation anodine non plus), elle ne permet pas, anatomiquement parlant, de grandes amplitudes de mouvements et conséquemment, elle me semble peu adaptée pour me mener à l’orgasme.

Arriva donc le moment où nous y mîmes fin, pour poursuivre la soirée avec d’autres plaisirs, dont celui de voir les yeux gourmands de A***.

Finalement, mon cul, lui, n’aura pas été honoré.

Finalement, je trouverai le plaisir simplement et confortablement installé entre les cuisses de mon amante.

Finalement, j’aurais passé une soirée inoubliable1.


Illustrations :
En haut : Obscene Interior 02 by von Brandis
En bas : ? – Masha Medvedi


  1. Ce qui me permet d’ailleurs de vous la raconter avec quelques mois de retard.
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